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Les Rues de Lyon - Page 16

  • Mulet

    Dans quelque ville que vous habitiez, je vous demande de bien chercher sur un plan : vous trouverez une rue Mulet. L'âne, la mule et le mulet furent si longtemps les dévoués serviteurs de l'ingrate espèce humaine que cette amitié, au moins sur les plaques des rues, a dû laisser quelques traces à l'heure du triomphe de l'engin motorisé dans chaque petit bourg de France. Sinon, c'est à désespérer de nous tous !

    Le mulet de nos aïeux n'avait pas de moteur, mais il avait les yeux doux. Et pour cela, il mérite bien l'attention ridicule de ce pauvre billet.

     1319897128.jpgA Lyon, la rue du Mulet se trouve dans le premier arrondissement. Elle est minuscule et étroite, très étroite : genre de rue coupe-gorge que dut détester le bourgeois Stendhal lorsqu'il évoque ces rues lyonnaises humides et sales où n'entre jamais la saine lumière. Pas une seule boutique, alors que nous sommes en plein centre-ville et que la rue relie des artères très commerçantes (Edouard Herriot et République). Très peu de largeur si bien que les voitures hésitent à s'y faufiler (devons-nous y lire une sorte de victoire post-mortem du brave mulet ?)

    Au seizième siècle, toutes les chroniques la dépeignent comme un véritable repaire de vagabonds, de ribauds, de paresseux, jouissant de quelque droit d'asile comme à Paris ceux du carreau du Temple. Les muletiers venant par le Rhône y passent pour rejoindre les foires et une auberge a pour enseigne le fidèle animal. L'antiquaire archéologue Jakob Spon habita dans cette rue, ainsi qu'Adamoli, agent de change et banquier à qui on donna une rue des pentes de la Croix-Rousse, un dessinateur de la fabrique qui fut jadis illustre, Claude Bugnard, et un avocat du nom de Repiquet, lequel fut sénateur. Paix à son âme ! Voici pour les célébrités locales. Ah, pour finir : au 14 de la rue Mulet naquit en 1808 le peintre Simon Saint-Jean. Son père était tonnelier.

     

     

     

  • Premier Film

    Freres-lumieregrand.jpgLe quartier Monplaisir, dans le huitième arrondissement de Lyon, est évidemment marqué au fer rouge par la famille Lumière. Le père, tout d'abord, Claude Antoine, qui installa ses locaux de photographe rue de la Barre, dans le deuxième arrondissement, avant d'entreprendre en 1882 dans un hangar du 23 du chemin Saint-Victor la fabrication de plaques sèches au gélatino-bromure d'argent. C'est son fils, Louis, qui avait mis au point le procédé. Antoine, dans sa jeunesse, avait plutôt une vocation de chansonnier. Ce qui se passa les années suivantes dans ce petit chemin Saint-Victor a révolutionné depuis la planète : Comme le hangar devint bientôt une usine, c'est là que Louis Lumière posa sa caméra et filma durant 50 secondes le Premier film, « La sortie des usines Lumière à Lyon »


    Depuis 1930, on a donc appelé  rue du Premier Film ce chemin Saint-Victor, chemin fort quelconque par lequel on entrait chez les Lumière du temps qu’ils habitaient là. Au vingt-cinq de cette rue siège à présent, dans l'ancienne villa, l'Institut qui porte leur nom. En suivant ce lien sur leur site, on peut voir ICI les dix films qui furent projetés à Paris, le 28 décembre 1895, au Grand Café à Paris. La sortie des Usines Lumière à Lyon dure 46 secondes. Suivent neuf autres documents en plan fixe, dont les plus connus sont Le repas de bébé, la place des Cordeliers à Lyon et L'Arroseur Arrosé.


    Voici comment, dans ses souvenirs d'enfance, le grand écrivain Henri Béraud retrace en 1928 la première projection cinématographique à laquelle il a assisté. C'était à Lyon, le 27 janvier 1896. Il avait onze ans. L'entrée coûtait alors cinquante centimes et dix sous :


    « Il y avait huit vues. J'en ai oublié deux. Les autres je les vois. La première, surtout. C'est une rue de banlieue usinière. Il fait grand soleil. Au fond, une porte s'ouvre très vite. Deux ouvriers sortent en riant. Rien ne me rendra cette première impression. J'en eus la respiration coupée. Il y eut tout à coup un chien qui traversa l'écran et qui s'arrêta pour aboyer en silence. Puis vinrent des bicyclettes. Les personnages, de plus en plus nombreux, vibraient dans le foyer cru de la projection. Ils avaient des gestes trop vifs, saccadés, tremblotants. Mais ils bougeaient. Mais ils vivaient ! En avançant, ils grossissaient, se dandinaient, puis devenaient énormes et tout ensemble flous et opaques avant de disparaître, à gauche, d'un bond dans le noir. Raconterai-je la suite, telle que ma mémoire l'a conservée ? La blanche fumée se ranima. On vit un arroseur municipal qu'un gone aspergeait au milieu des rires; et l'eau chatoyait dans le soleil. Des terrassiers effondrèrent un mur. Et la poussière se dissipa au vent. Soudain, sur la toile magique, on vit s'éclairer et remuer la chose la plus frappante, car elle était connue de tous : une place de la ville, la place des Cordeliers. C'était bien elle, pas d'erreur, avec ses voitures, ses tramways, ses magasins, ses Lyonnais et ses Lyonnaises, ses agents, son église ! Un passant tournant la tête s'arrêta, vint vers nous, plongea les yeux dans notre ombre. Il nous regardait le regarder. Il nous voyait; il devait nous voir. Dans notre impuissance à décomposer des impressions si neuves, il nous semblait impossible que ce vivant simulacre fût privé de vie intérieure, de sens et de volonté. A ceux d'aujourd'hui, un tel ravissement doit sembler naïf et primaire. Qui donc, au temps des studios, des films kilométriques, des stars et du cinéma absolu, voudrait croire que l'Arrivée d'un train, par exemple, oppressait le public d'un tel saisissement que l'on jetait des cris ? Ce fut bien autre chose quand, sous le titre : "Vue précédente à l'envers", on eut la révélation (inconcevable aux esprits de l'époque) d'une nature prise de folie, où toutes choses : éléments, mouvements, événements, étaient comme aspirées, avalées à rebours par un dieu invisible, dont les mains happaient au derrière les voyageurs du train pour les hisser à reculons sur leur banquette et leur fermer la porte au nez. Ces prodiges, dont la banalité accablerait à présent, au fond de son lointain village, l'amateur de films le plus rustique, laissaient ébahis ceux qui en furent les premiers témoins... »

  • Edouard Aynard

    Avec Edouard Aynard, nous touchons au modèle de ce qu’on appelle entre Rhône et Saône avec une sorte de respect toujours ambigu « les grandes dynasties lyonnaises ». Edouard Aynard (1837-1913) est indiscutablement un héritier, fils ainé d’un fabricant de draps de la rue Buisson qui possédait une manufacture à Montluel et qui était également devenu banquier au 19 rue Impériale. Il entre donc à vingt-neuf ans dans comme associé dans la firme familiale, après avoir fait des études de commerce internationale qui, entre autres, lui permettent de séjourner en Angleterre (« la grande école de la liberté », disait-il !), et un stage chez un tisseur et un agent de change. En 1862, il épouse Rose de Montgolfier (1845-1910), petite-fille de Marc Seguin, fort richement dotée, dont il aura douze enfants. Il rachète en 1906 l’ancienne abbaye de Fontenay, dont il fait la demeure familiale.

     La banque Aynard, imitant en cela les banques de Turin ou le Crédit Lyonnais, implante des succursales hors-Lyon (Londres en 1872, au 39 Lombard Street), participe activement aux aménagements urbains du Second Empire et soutient bon nombre d’entreprises lyonnaises avec ce qu’il faut d’actions pour en devenir administrateur et parfois président. Dans son Journal, Auguste Isaac raconte une querelle dont il fut le témoin, entre Edouard Aynard et Jean Tisseur (1814-1883) propos du rapprochement fameux entre le dieu du commerce et le dieu des voleurs. La querelle avait failli tourner au drame, Aynard ayant perdu son sang-froid sous le feu de son éloquence. Sa notoriété d’habile banquier lui vaut en 1890 la présidence de la Chambre de Commerce et la rosette d’officier de la Légion d’Honneur, puis l’année suivante le prestigieux siège de régent de la Banque de France : « Il est banquier et homme d’esprit homme de doctrines et homme d’expérience, esprit pratique autant qu’artiste » écrit de lui un journaliste de la Revue politique et parlementaire.

    Belle formule pour définir au fond un homme du monde, rusé et consensuel. On le retrouve directeur (1866) de la Caisse d’Epargne du Rhône, administrateur de la Société des Amis et des Arts (1868), du Dispensaire et des Hospices Civils (1871) de la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône (1872) ; il est membre fondateur de la Société de géographie de Lyon (1873), de la Société d’Economie politique (1876), créateur également de sociétés de logements économiques en faveur du logement social. Il participe à la création du Musée des Tissus et, en avril 1871, se retrouve également administrateur du Journal de Lyon. Bref, où ne siège-t-il pas ? Que ne fait-il pas ? Un tel parcours ne pouvait que s’achever dans la députation, ce fut chose faite en 1889, dans la huitième circonscription du département du Rhône.

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    Edouard Aynard est mort subitement en juin 1913 au Palais Bourbon, alors qu’il se préparait à intervenir dans la discussion d’un projet de loi sur l’école laïque. On l'a enterré à Ecully et un buste de lui, sculpté par Larrivé, fut érigé en 1919 et se trouve encore devant le Palais du Commerce. A sa mort, ses collections d’art furent estimées à 3 millions de francs (30% de sa fortune) ; elles comptaient entre autres 86 tableaux, dessins et pastels, 68 céramiques, 49 sculptures, 26 bois sculptés, 22 bronzes, parmi autres ivoires, pièces et bibelots précieux, le tout dispersé dans une vente aux enchères dès la fin de 1913. Ce grand banquier, prodigieux homme d’affaires et capitaine d’industries, fin politique, accessoirement humaniste et opportunément bienfaiteur public ne dispose, pour sa mémoire, que d’une ancienne impasse, laquelle relie le troisième arrondissement de Lyon à Villeurbanne, entre la rue Saint-Eusèbe et la rue de l’Espérance.

    Sa boulimie d’honneurs et de responsabilités puisse-t-elle, où qu’il se trouve dorénavant, apprendre à s’en contenter !

     

     

  • Saint Simon

    La plus grande partie de l'ancienne rue Saint-Simon a pris le nom de Sidoine-Apollinaire, l'évêque de Clermont, lors de sa création 4 juillet 1927. Le l'emplacement conserve le souvenir du marché aux bestiaux (les abattoirs), qui siégea à Vaise de 1855 à 1924, avant d'être transférés à la Mouche. En effet Saint-Simon est le patron des bouchers. Il semble d'ailleurs qu'à l'époque, le nom de Saint-Simon ait désigné une partie beaucoup plus vaste du quartier, puisque la rue Sidoine Apollinaire se nommait auparavant « chemin de Saint-Just à Saint-Simon ».

    Le marché aux bestiaux se tenait au n° 28 de cette ancienne rue, aux côtés des abattoirs. La Ville avaient acquis les terrains le 23 février 1855, auprès de messieurs Morand et Tissot, deux propriétaires vaisois. Durant ces quelques soixante dix-ans, le quartier respira grâce à sa présence. Un peu partout autour s'établirent des marchands de vin, qui glissaient quelques centilitres de sang dans leurs bouteilles. Le sang colle au vin et, retenant les impuretés, les clarifie. Il suffit d'en mettre fort peu, de bien agiter le tonneau et de laisser l'albumine nettoyer le tout, avant de le déposer au fond. Tous les bistrotiers de Vaise servaient de cette picrate-là.

    Le lundi, de nombreux chômeurs se rendaient à Vaise pour aller emboquer les veaux : il s'agissait de leur faire boire quinze litres de lait durant la nuit, pour qu'à le pesée du lendemain, ils valent le plus cher possible. Le truc avait été vite éventé, mais comme les prix s'étaient ensuite établis en conséquence, celui qui ne gavait pas ses veaux aurait perdu.

    Les bêtes arrivaient jusqu'au n°28 par la gare de Vaise, sauf les moutons qui débarquaient, eux, en bateaux par le port sur la Saône. On les poussait par la rue Saint-Pierre en une belle cohue matinale. Les toucheurs de bestiaux logeaient dans des cabanons de planches et jouissaient d'une mauvaise réputation : teigneux, pas fréquentables, malodorants, même leurs femmes ressemblaient à des armoires à glace. La police elle-même évitait de s'y frotter. Le marché connaissait aussi ses grands jours, avec ses concours d'animaux qui attiraient un jury plus distingué

    Les abattoirs, c'était le paradis des rats, évidemment. Lorsqu'ils furent transférés à la Mouche, les énormes rongeurs repus, souverains, qui n'avaient pas suivi, se retrouvèrent brutalement face à la faim et sortirent, affolées, par les rues : ils auraient dévoré les gens dans leurs lits et le quartier en a longtemps gardé le souvenir.

    Aujourd'hui la rue Saint-Simon abrite le dépôt ouest des transports en commun lyonnais, et l'une de ses extrémités se transforme en échangeur routier. La rue est redevenue hygiénique. Mais elle y a laissé son âme, et tous ses marchands de vin frelaté.

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  • Pierre Valdo

    On dit de Pierre Valdo qu'il était un homme riche et de bonnes mœurs quand la mort subite d'un de ses amis négociants, en 1160, lui fit soudainement prendre conscience de l'immense fragilité du bonheur terrestre. Aussi, après avoir nanti sa femme et ses filles, se dépouilla-t-il de toute son immense fortune en faveur des pauvres et des démunis. A cette époque (vers 1150), les richesses de l'Eglise de Lyon étaient considérables. Les frères de Saint-Etienne, devenus chanoines, se recrutaient parmi les plus riches et nobles familles de la place, et menaient le train de vie fastueux des plus grands seigneurs. Aussi Valdo se mit-il à prêcher contre l'ostentation des Princes de l'Eglise, touchant un nombre de disciples de plus en plus important : on les appela "Les Pauvres de Lyon". Ils laissaient croître barbes et cheveux, portaient capes ou capuchons, se chaussaient de sandales ou de sabots de bois, d'où ce surnom « d'ensabottés »   qu'on leur accola parfois. S'il s'attira de nombreux disciples, il ne se fit évidemment pas que des amis : La rue de la Poulaillerie en laquelle il habitait tout d'abord fut surnommée  « la rue Maudite »

    Valdo prêcha contre l'Institution du mariage, la hiérarchie trop stricte de l'Eglise, malgré les interdictions que lui fit l'archevêque de Lyon. Il soutenait que tout laïque pouvait prêcher, confesser, et célébrer la messe, point de vue ce que le Concile général de Latran condamna en 1179. L'archevêque Jean de Bellême anathémisa Pierre Valdo, lui et certains de ses disciples (les Vaudois) furent excommuniés par le pape Lucius III.

    Voici les six points que défendaient les Vaudois et qui leur valurent tel traitement :


    1 Les Pauvres refusent l'obéissance au pape et aux prélats
    2 Tout le monde a le droit de prêcher
    3 Dieu doit être obéi, plutôt que l'homme
    4. Les femmes peuvent prêcher
    5 Messes, prières et aumônes pour les morts ne leur servent à rien.
    6 La prière dite de cœur au lit, dans une chambre ou dans une écurie et tout aussi efficace que la prière dite à l'église.


    Pierre Valdo dut s'exiler d'abord dans les Pays Bas, puis en Allemagne où il trouva une mort qu'on imagine consolante. En 1194, Alphonse II d'Aragon déclara les Vaudois indésirables en son domaine, et son fils les condamna au bûcher. Malgré les nombreuses persécutions, il en resta en Bohême, en Suisse, en Savoie et en Piémont. Et cependant, à la fin du XIXème siècle, on en comptait encore 20.000 en Piémont.

    La rue qui porte le nom Pierre Valdo, dans le cinquième arrondissement, était auparavant un chemin vicinal.

  • Arloing

    Le quai Arloing s’étend le long de la rive droite de la Saône, du pont Mouton au pont Koenig, dans le neuvième arrondissement de Lyon. C’est une partie de l’ancien quai de Vaise, qui a été créé en 1911. A son emplacement actuel se trouvait jusqu’en 1842 la Grande Rue de Vaise ; celle qui porte ce nom aujourd’hui – et qui fut percé en 178 - se nommait alors la route nationale. Il n’existait pas alors de quai véritable, mais, comme d’ailleurs tout au long de la rivière partout ailleurs, le paysage qu’on voit sur la photo ci-dessous : un alignement de maisons plutôt vétustes longeant directement le bord de la rivière, et parfois trempant dans son courant.

    Vaise connut en ce temps-là des inondations fréquentes et terribles. Celles de 1840 plus que d'autres laissèrent dans la commune plus d’un mètre cinquante d’eau pendant trois semaines. C’est à cette occasion qu’on prit la décision d’endiguer la Saône. De 1843 à 1867, la construction du quai de Vaise fut un vaste chantier qui se poursuivit sur 1075 mètres et coûta la somme énorme de plus de 2,5 millions de francs-or. La tâche fut énorme, car il fallut acquérir une à une toutes les maisons placées en bordure du lit de la rivière, et parfois même empiéter sur son cours.

     

    Né le 3 janvier 1846 à Cusset dans l’Allier, mort le 21 mars 1911 à Lyon, Saturnin Arloing fut professeur à l’Ecole Vétérinaire de Lyon, où il prit au poste de directeur la succession de Chauveau son maître (tout comme d’ailleurs son quai prolonge le sien). Il était issu d’une famille de maréchal-ferrant, ce qui conditionna quelque peu ses études : A l'époque, en effet, les deux professions étaient liées par une étroite filiation en raison des soins qu'il fallait accorder aux chevaux. Après un bref passage par Toulouse, Arloing a occupé la chaire de Physiologie à Lyon. Une magnifique et émouvante statue lui est dédiée, dans la cour de l’école vétérinaire. Il est resté dans l’histoire pour avoir fabriqué le vaccin contre la tuberculose pour les bovins. Il a été président de l’Académie de Lyon. Son fils, Fernand (1876-1944), a également été professeur de médecine, bactériologiste et académicien.

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  • Palais Grillet

    Une enseigne a donné son nom à cette voie publique. Elle se compose aujourd'hui aujourd'hui de plusieurs anciennes rues (rue du Puits-Pelu pour la section comprise entre la rue Thomassin et la rue Ferrandière), du Palais-Grillet (entre les rues Ferrandière et Tupin), du Charbon Blanc (entre les rues Tupn et Grenette). Ces trois artères étaient prolongées par la rue de l'Hôpital, à travers ce qui est devenu à présent la place de la République.

    La rue du Puits-Pelu était ainsi nommée en raison d'un puitspelu malodorant, creusé à l'angle de la rue Ferrandière, et dont le souvenir fut conservé fort longtemps par une enseigne. Dans cette même rue, au XVIIème siècle, on entrait à l'auberge de la Truie qui Fyle; plus loin se trouvait l'enseigne de l'imprimeur Candy, Au Dauphin-Royal, qui vendait laresizer.jpg Gazette de France de Théophraste Renaudot. C'est cet imprimeur Candy qui créa le premier journal lyonnais en 1641, sous le nom de Nouvelles ordinaires. Il paraissait une fois la semaine. A leur apparition, ces nouvelles furent si recherchées qu'on vit des échevins s'en assurer, moyennant le prix de cent vingt livres par an, le service à domicile, avant distribution au public. On sait que l'écrivain Clair Tisseur choisit pour pseudonyme de rajouter ce Puitspelu au nom de Nizier, devenant ainsi Nizier du Puitspelu (voir photo ci contre).

    Dans la section déjà nommée Palais-Grillet, existait également un puits, dit le puits-Grilhet. Quant au Charbon-Blanc, c'était un cabaret fort fréquenté, dont il est question dans le Cymbalium Mundi de Bonaventure des Périers. Maynard en son dictionnaire prétend même que c'était la « vineuse taverne » de l'auteur du Pantagruel. Nulle preuve.

    526194618.jpgAu début du siècle (1900-1919), la rue était très commerçante. Une sorte de galerie couverte et vitrée, en verrières et fer forgé, permettait la communication, au premier étage entre les deux magasins du Printemps de Paris, et traversait la rue, comme on peut le voir sur cette ancienne carte postale. Du coup les lyonnais appelaient le grand magasin « Les Deux passages ». Depuis, le Printemps a démoli cette galerie suspendue et obstrué la rue qu'il a littéralement annexée en fermant son extrémité vers la place de la République. C'est bien dommage.

    Les Lyonnais férus de partitions en tous genres ont eu longtemps leur magasin au 24 de cette rue, où Max Orgeret transféra la librairie musicale de ses parents en 1935. Parallèlement à l'édition et à la vente de partitions, de sketches, de monologues et de pièces de Guignol, il développa la vente de disques 78 tours, secondé par son épouse Yvonne. Lorsque Max Orgeret disparut en 1978, son épouse tint la librairie avec son fils Jacques, ceci jusqu'en 2004, date à laquelle, faute de successeurs, la boutique a dû fermer ses portes. Spécialisée dans le répertoire de la chanson, la librairie Orgeret a édité près de 30 000 partitions de la fin du XIXe siècle à 1950, avec une prédilection pour la chanson française dite de variétés ou folklorique. On y retrouve en outre des partitions et des textes de monologues, ainsi que des pièces de théâtre en un acte qui constituent la majeure partie de ce fonds. Il s'agit aussi bien d'œuvres éditées par Jean-Marie et Max Orgeret que de partitions d'autres éditeurs de musique vendues en magasin: chansons, saynètes lyonnaises, pièces de théâtre en un acte, partitions d'opéras ou d'opérettes, et méthodes instrumentales (valses-musettes, javas, rumbas, sambas, tangos, etc.).