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Vivier-Merle (boulevard)

Le nouvel arrivant à Lyon, quand il sort de la gare de la Part-Dieu, débarque sur une esplanade traversée par une voie moderne, sillonnée de tramways et bordée d’immeubles d’affaires et de banques, sur laquelle il ne prend peut-être pas même le temps de jeter un regard, tant il lui parait n’être ici que sur un simple lieu de transit. Devant lui se dressent le centre commercial et la tour du Crédit Lyonnais. Métros, tramways, autobus, tout l’invite à filer le plus vite possible, le plus loin possible. Et sans doute n’entend-il plus gronder le rire moqueur de l’oiseau dans ce nom de Vivier Merle, qu’il voit sur la signalétique : il est loin, le joli temps des cerises ; des oiseaux, il n’y en a plus guère en ce coin de la ville, sinon les piafs espiègles, qui chapardent sur les terrasses des brasseries miettes de croissants et croutes de pain.

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Marius Vivier Merle naquit au pays des pierres dorées, à Legny en, Beaujolais, le 18 juillet 1890. Il devint ouvrier métallurgiste après un apprentissage à Lyon et, grâce à ce statut, échappa à la mobilisation de 1914. Il s’impliqua assez vite dans le militantisme ouvrier, put grimper les échelons au sein de la CGT dont il devint, après le congrès de Tours en 1920, un actif dirigeant. En 1922, Vivier Merle est le secrétaire général de la CGTU (confédération générale du travail unitaire), installée rue Cuvier. La montée du front populaire lui permet d’asseoir son ascendant politique au sein de la CGT réunifiée. En 36, il est à la pointe des grèves au sein de l’usine Berliet, et fait face  au préfet Emile Bollaert lors des négociations. Il se rend plusieurs fois au Mexique et aux Etats-Unis en tant que syndicaliste français.  Le 19 juin 1940, en tant que secrétaire de l’union départementale de la CGT, il fait partie, avec le préfet Bollaert, le cardinal Gerlier, le premier adjoint Cohendy, le président de la Chambre de Commerce Charbin, le secrétaire du cartel des Anciens Combattants Vicaire, des six otages représentatifs de la population lyonnaise exigés par la Kommandantur (qui l'a surnommé le Führer des ouvriers) pour maintenir l’ordre. Il est à ce titre retenu plusieurs jours  dans la préfecture.  

Hostile au programme de Vichy, il s’engage assez tôt dans le mouvement de résistance Libération-Sud et fait alors partie du bureau clandestin de la CGT. Alors qu’il doit rejoindre le résistant Alban Vistel le 26 mai 1944, dans un immeuble de la place Jean-Macé, pour parler de la grève générale qui doit suivre le débarquement proche, ils est tué dans l’effondrement de l’immeuble, à la suite de bombardements hasardeux effectués en toute hâte et sans précaution par les Américains de l’US Force, qui larguent en une seule journée l’avalanche de 1500 bombes incendiaires de 200 à 500 kilos sur Vaise et le quartier Berthelot, faisant en tout 717 morts et 1129 blessés parmi les civils. Le 19 février 1945, son nom est donné à l’ancien boulevard de la Part-Dieu, qui faisait partie de la ceinture de fortifications établie à l’est de Lyon depuis 1830.

Commentaires

  • Finalement aujourd'hui on peut se poser la question de l'utilité de ces bombardements américains...Les ponts, on peut comprendre l'intérêt stratégique mais les immeubles...
    Solko, tu a repris ce blogue où tu le tenais sous un autre pseudo ?

  • @ Rosa : On peut d'autant mieux se poser la question au vu de ce qui s'est passé en Irak.
    Marcel Rivière était plus un personnage inventé qu'un pseudo, à vrai dire. Il m'arrive de le regretter, mais c'était mieux de clarifier la situation.

  • C'est drôle !
    Figure-toi que lorsque tu es venu faire ta conférence aux Xanthines, je me suis dit : c'est curieux que Marcel Rivière ne soit pas venu l'écouter !
    Je me suis laissée prendre, sans doute parce que l'écriture diffère beaucoup de celle de Solko...
    Moi aussi je vais un peu regretter Marcel Rivière, j'imaginais un vieux monsieur myope perdu dans ses bouquins et ses archives...

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