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Molière

La présence de Molière à Lyon est attestée par de nombreux documents, de 1652 à 1655. En décembre 1653, il donna Irène, de l’avocat lyonnais Claude Basset au profit des pauvres. On conserve aux archives des Hospices un spécimen des billets d’entrée de la première représentation de l’Etourdi que Molière et sa troupe créèrent au bénéfice de l’Hôtel-Dieu. L’apothicaire Fleurant, qui exerçait rue Saint-Dominique (voir Emile Zola) inspira par ailleurs le créateur du Malade Imaginaire, qui lui assura en épelant son nom qu’on parlerait encore longtemps de lui.  Un ancien pâtissier,  Cyprien Ragueneau, dit de l’Etang, comédien de sa troupe, mourut à Lyon le 18 août 1654. Un acte notarié précise que Ragueneau avait loué une chambre et galerie dans la maison appartenant au sieur Veau « sise en Bellecour, rue sainte Hélène »

moliere2.jpgLe tome XX de Le Revue du Lyonnais reproduit une analyse de trois registres de Molière, qui décrivent « les détails sur l’administration théâtrale et la mise en scène à l’époque », « les règlements et les recettes d’alors ». La troupe de Molière ne jouait que trois fois par semaine, les mardi, vendredi et dimanche. Dans le premier registre de la Comédie Française qui renferme le détail de 99 représentations (16 avril 1663 - 6 janvier 1664), on voit 8 fois Molière composer le spectacle entier avec une de ses pièces, avec deux 55 fois. 30 fois ses œuvres, peu nombreuses encore, fournissent une des deux pièces représentées. 6 fois seulement, la scène est laissée à d’autres auteurs. C’est donc pour Molière un total de 63 soirées complètes, et de 30 soirées en partage. Tandis que tous les autres auteurs comptent un total de 6 représentations pleines et 30 demi-représentations. Ces auteurs sont Corneille (Cinna, Sertorius et le Menteur – 17 fois) ; Tristan (Marianne, 9 fois), Rotrou (Venceslas, 5 fois) et Scarron (Don Japhet, L’héritier ridicule, 5 fois).

Dans le deuxième registre, contenant le détail de 87 représentations du 12 janvier 1664 au 4 janvier 1665, Molière remplit seul 62 soirées sur 87 (8 avec une seule de ses pièces, 54 avec deux). Il partagea 15 fois les honneurs de la représentation avec un autre et laissa sa place seulement 10 fois. Sur ces 25 représentations, Racine en compta 14 pour sa Thébaïde, Corneille et Scarron 3 chacun. L’auteur anonyme de la Bradamante ridicule eut les 5 autres soirées. Du 29 avril 1672 au 26 février 1673, (troisième registre consulté, beaucoup plus tardif), Molière ne fournit rien 4 fois seulement. Et sur les 118 représentations, il occupe la scène à lui tout seul 112 fois. Par rapport aux frais quotidiens, on constate que les recettes étaient plus conséquentes qu’aujourd’hui : Voici le détail des recettes des 32 représentations de L’Ecole des Femmes et de la Critique de l’été 1663, en livres et en sols

 

 

Vendredi 1er juin

1357

Dimanche 8 juillet

702

Dimanche 3 juin

1131

Mardi 10

532

Mardi  5

1352,10

Vendredi  13

570,10

Vendredi   8

1426,10

Dimanche  15

711

Dimanche 10

1600

Mardi  17

482

Mardi   12

1356,10

Vendredi  20

567

Vendredi  15

1731

Dimanche 22

780

Dimanche 17

1265

Mardi  24

422

Mardi 19

842,10

Vendredi  27

790

Vendredi  22

1025,10

Dimanche  29

723

Dimanche 24

937

Mardi   31

737

Mardi 26

800

Vendredi  3  août

631,03

Vendredi  29

1300

Dimanche  5

462

Dimanche  1er juillet

1309

Mardi    7

400

Mardi 3

930

Vendredi  10

682

Vendredi 6

830

Dimanche 12

 392

 

Les frais ordinaires pour une représentation s’élèvent à 55 livres. Les frais extraordinaires varient davantage, de 4 à 379 livres (pour la première du Malade Imaginaire, et ce en raison du grand nombre de figurants). Se rajoutent à cela certains frais supplémentaires : « Les soldats » (gardes de service) reviennent à 9 livres chaque soir. Certains acteurs, non sociétaires, sont mentionnés dans cette rubrique, comme mademoiselle Marotte Beaupré  (3 livres chaque soir). L’éclairage à la chandelle revient à 6 livres : il fallait payer aussi les allées et venues des moucheurs  La « tare de l’or léger », estimée à peu près 13 livres, est un déchet qui se reproduisait à chaque représentation sur le montant des recettes : la monnaie d’or étant celle utilisée à l’époque, la rognure des pièces donnaient lieu à des dépréciations assez marquées, dont les théâtres étaient les principales victimes. Sur certains registres se trouve faite mention de charité (souvent adressée aux Cordeliers) et parfois même de messe. Les frais d’imprimeurs, sans doute compris dans les frais ordinaires, apparaissent parfois lorsqu’il y a un événement exceptionnel dans les frais supplémentaires : c’est alors deux affiches qui sont mentionnées en plus, pour un frais de 8 livres  (tout laisse à penser qu’on n’affichait habituellement qu’à la porte du théâtre). Les costumes des acteurs étaient renouvelés au fur et à mesure qu’ils s’usaient (ces derniers n’étaient pas liés à leur personnage, les costumes de théâtre, au sens moderne, n’existant pas encore).

Les frais d’un costume entier varient de 10 à 40 livres; d’autres frais occasionnels, mentionnant des « maîtres de chant » ou des « maîtres à danser », occupés généralement pendant deux mois entiers, s’étendent entre 22 et 46 livres : Les parts de chacun se touchaient chaque soir. Une part s’élève environ à 3,5 livres. Deux en revenaient à l’auteur de la pièce. Molière, comme directeur et sociétaire, en touchait encore trois autres. Le prix des places allait de la somme de 15 sous (parterre) à celle de 5 livres (billet de loge). Les registres portent également trace des dons et des remboursements des frais de visites ou de séjours (sorte de répétitions générales accordées, en privé, à des Grands). Ces dons sont importants et s’élèvent souvent à plusieurs centaines, voire milliers de livres. Le 26 octobre 1663, on trouve : « Nous avons séjourné à Versailles depuis le 16 octobre jusqu’au 26 dudit mois, où nous avons reçu du Roi 3300 livres à partager, chacun 231 livres.» Le 26 février 1673, pour clore le dernier registre, on peut lire : « On n’a point joué dimanche 19 et mardi 21 à cause de la mort de M. de Molière, , le 17ème à dix heures du soir».

La rue Molière relie la place Lyautey à la rue de Bonnel, face aux grilles de la préfecture. Avant de porter le nom de l’Illustre comédien, la rue s’appela longtemps rue Monsieur (du frère du Roi)

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