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Animaux

  • Bechevelin

    Parallèle à la rue de Marseille, cette rue du septième arrondissement traverse de part en part le quartier des Universités. Placée au point d’arrivée du Dauphiné et de la Provence, la voie était au moyen âge emplie d’enseignes d’auberges et peuplée de voyageurs. Son nom nous rappelle l’antique donjon de Bechevelin à la double enceinte de murs, que l’archevêque Jean de Bellesmains avait fait construire au XIIème siècle, pour défendre la ville par le pont du Rhône contre les Dauphinois de Vienne.

    Son plus grand intérêt réside encore en ce nom qu’elle a miraculeusement gardé, échappant on ne sait trop pourquoi au patronyme d’un obscur député ou à celui d’un médecin philanthrope des siècles derniers, pour porter jusqu’à nous le charme de sa résonance médiévale : Bechevelin (Bêche-en-Velin): Faut-il y voir la même étymologie qu’au mot vélin, c’est à dire petite paire de veaux, comme on le trouve en Vaux en Velin?

    On peut admettre que ces territoires là ont, en effet, jadis servi de pâturages. Quant à bêche, cela proviendrait du nom de ces embarcations précaires et fort populaires et dont on a fait usage durant des siècles pour passer le Rhône que ne traversait encore qu’un seul pont. On lit dans l’Almanach de Lyon(1808) :

    « Les bêches peuvent contenir de six à huit personnes ; ces barques légères sont conduites par des femmes souvent exercées dans ce genre de navigation qui les occupe toute l’année. Les mères instruisent de bonne foi leurs filles qui, rarement, prennent un autre état. »

     
    Il y eut jadis une église de Notre Dame de Béchevelin, à peu près à l’emplacement de l’actuelle église Saint-André, ruinée en 1562 par les calvinistes et le baron des Adrets. En 1321, on conduisit dans un pré mitoyen tous les pauvres atteints de la lèpre et qui logeaient dans le cœur de la Cité et, sur l’ordre de l’évêque Pierre de Savoie, ils furent brûlés pour avoir « empoisonné les puits et les fontaines afin de contaminer les autres habitants. ». Rude temps.

    Ci-dessous, une vue de l'église Saint-André

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  • Mulet

    Dans quelque ville que vous habitiez, je vous demande de bien chercher sur un plan : vous trouverez une rue Mulet. L'âne, la mule et le mulet furent si longtemps les dévoués serviteurs de l'ingrate espèce humaine que cette amitié, au moins sur les plaques des rues, a dû laisser quelques traces à l'heure du triomphe de l'engin motorisé dans chaque petit bourg de France. Sinon, c'est à désespérer de nous tous !

    Le mulet de nos aïeux n'avait pas de moteur, mais il avait les yeux doux. Et pour cela, il mérite bien l'attention ridicule de ce pauvre billet.

     1319897128.jpgA Lyon, la rue du Mulet se trouve dans le premier arrondissement. Elle est minuscule et étroite, très étroite : genre de rue coupe-gorge que dut détester le bourgeois Stendhal lorsqu'il évoque ces rues lyonnaises humides et sales où n'entre jamais la saine lumière. Pas une seule boutique, alors que nous sommes en plein centre-ville et que la rue relie des artères très commerçantes (Edouard Herriot et République). Très peu de largeur si bien que les voitures hésitent à s'y faufiler (devons-nous y lire une sorte de victoire post-mortem du brave mulet ?)

    Au seizième siècle, toutes les chroniques la dépeignent comme un véritable repaire de vagabonds, de ribauds, de paresseux, jouissant de quelque droit d'asile comme à Paris ceux du carreau du Temple. Les muletiers venant par le Rhône y passent pour rejoindre les foires et une auberge a pour enseigne le fidèle animal. L'antiquaire archéologue Jakob Spon habita dans cette rue, ainsi qu'Adamoli, agent de change et banquier à qui on donna une rue des pentes de la Croix-Rousse, un dessinateur de la fabrique qui fut jadis illustre, Claude Bugnard, et un avocat du nom de Repiquet, lequel fut sénateur. Paix à son âme ! Voici pour les célébrités locales. Ah, pour finir : au 14 de la rue Mulet naquit en 1808 le peintre Simon Saint-Jean. Son père était tonnelier.