Chazeaux
Les ancêtres l'appelaient la montée de Tire-Cul ! 228 marches, fort pénibles à gravir. Comme cette voie relie les bas de Fourvière aux hauts de Saint-Jean, elle est l'une des plus vieilles de Lyon. Au XVème siècle, on la désignait sous le nom d'Escalier de Fonturbane, du nom de la source qui coulait à son sommet (la colline a toujours ruisselé énormément). Elle porta ensuite le nom de montée du Ruer, c'est à dire du ruisseau. C'est l'échevin Philippe Gueston qui fit construire les degrés, à ses propres frais.
Le nom de Chazeaux lui vient du monastère fondé en 1333 par Luce de Baudisner, dame de Cornillon. C'est Louis Maynard qui, dans son dictionnaire de Lyonnaiseries (1932) nous raconte tout cela. J'aime cette précision digne du monde d'antan. Luce de Baudisner aussi, certainement, ne doit pas être mécontente qu'on parle d'elle sur le net, à l'heure de la galopante mondialisation. Les Chazeaux étaient donc un prieuré de l'ordre de Sainte-Claire, dans le hameau du même nom, dans la paroisse de Firminy, au pays de Forez. Un jour, les religieuses passèrent sous l'ordre de Saint-Benoît, et leur monastère, qui fut transféré à Lyon en 1623, emporta avec lui le nom du petit hameau du Forez dans l'ancienne capitale des Gaules. La première abbesse, à dater de l'installation des religieuses dans notre ville, fut Gilberte-Françoise d'Amanse de Chaufailles, et c'est tout un univers que ce nom à tiroir évoque pour moi à l'instant que je le frappe lettre par lettre sur le clavier. La cadette, fort probablement, d'une famille d'austères aristocrates, qui trouva dans une carrière monacale finalement fort brillante un substitut à l'amour et la maternité. Chauffailles est une commune de la Bourgogne du Sud dont, probablement, elle était originaire. A quoi pouvait ressembler la ville lorsqu'un matin de 1623, Gilberte-Françoise et ses religieuses prirent possession de leur nouveau domaine, au-dessus des vieux quartiers aux toits fumants et de la cathédrale carillonnant ? La presqu'ile elle-même n'était pas entièrement construite et, de l'autre côté du Rhône, il n'y avait encore rien, que des marécages et des joncs.
En 1793, l'abbaye des Chazeaux devint un hôpital militaire, puis un dépôt de mendicité. La catastrophe du 13 novembre 1930, qui coûta la vie à de si nombreuses victimes, signa l'arrêt de mort de ce vieux bâtiment chargé d'histoire.
La montée des Chazeaux, quand on vient de quitter les Jardins du Rosaire et qu'on la prend pour descendre à Saint-Jean offre vraiment un très beau point de vue sur les toits de la primatiale et sur ceux du vieux Lyon.
Commentaires
Magnifique cette photo de Blanc & Demilly.
Et j'essaie depuis tout à l'heure de retrouver une autre photo sur laquelle on voit une femme dont on se racontait qu'elle portait précautionneusement un gâteau. Mais je ne suis plus sûre que ce soit chez vous.
Ces balades me fascinent, j'aimerais me confronter à ces 228 marches. Est-ce que ces 228 marches c'est entre les Jardins du Rosaire et les bas de Fourvière ?
@ Michèle : Possible que ce soit chez l'ami Solko,j'ai retrouvé ce lien :
http://solko.hautetfort.com/archive/2009/09/15/l-hiver-qui-vient.html
@Michèle : Si vous voulez, on peut les essayer ensemble ces 228 marches. Il suffit d'un peu de bonne volonté, car arriver en haut est une sacrée récompense, comme l'écrit le monsieur...
@ à Monsieur l'archiviste :-) Je me demande si ce n'est pas dans cette montée qu'il existe un "moment d'espace" avec un écho qui vaut toutes les chambres d'écho du monde. Il suffit de crier "hou ! hou!" et le "hou ! hou!" se répercute au moins jusqu'à Grenoble (au moins !). Les chasseurs de sons en raffolent (à revérifier, bien sûr). Peut être est-ce l'esprit de Gilberte Françoise d'Amanse de Chauffailles en voie de réverbération ? (Chauffailles... N'est ce point une de ces grandes métropoles du Nabirosina, si je ne m'abuse ?)
Merci à vous ! encore un billet passionnant ! (et la photo est bonne ! ;-)
@ Frasby : Cela me va. Cela me va très bien, même, cette fonction. L'archiviste. Merci de l'avoir trouvée, je la garde. Il y a longtemps, j'ai d'ailleurs vraiment été archiviste, durant un bref remplacement à la D.D.E rue Moncey.
@ Frasby (bis) : Chauffailles en Nabirosina, bien sûr. Hou ! Hou !
Ah merci, RuesdeLyon, euh Marcel Rivière, euh Monsieur l'Archiviste... M'étonne pas que vous ayez retrouvé cette photo chez Solko, vous êtes vraiment un excellent archiviste.
Et c'est bonheur de retrouver ces escaliers de la montée des Epies sur la colline qui prie (Fourvière), avec son palier et cette dame au pas décidé.
Frasby c'est quand vous voulez, pour tromen les scalieres et rafie hou ! hou !