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  • Voltaire (place)

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    L’endroit portait jadis le nom de Pré de Plantechoux. Lorsqu’on y dessina une place en forme de triangle bordé de platanes, elle prit le nom de Voltaire après celui de Reichstadt, sous le second Empire. Le philosophe de Ferney avait certes été membre de l’Académie de Lyon depuis 1745 et effectué un séjour entre Rhône et Saône en 1754.  «Quelque part que la curiosité le menât, il était aussitôt environné d’une foule d’admirateurs », note l’abbé Duvernet qui en retraça les grandes lignes. On sait qu'il rendit visite au cardinal de Tencin dans sa primatiale et rapporta à celui qui l’attendait dans son carrosse que l’archevêque de Lyon aurait refusé de le recevoir à diner, « parce qu’il était alors mal en cour » « Mon ami, ce pays n’est pas fait pour moi », aurait rajouté Voltaire.  

    A l’occasion de cette visite, il dirigea lui-même une répétition de  sa tragédie Brutus au Grand Théâtre que venait de construire Soufflot.

    Sa nièce, Madame Denis, impressionnée par l’accueil, chaleureux, affirme dans sa correspondance que son oncle fut reçu «comme un dieu ». Elle ajoute que chaque fois que Voltaire se rendait au théâtre, « les spectateurs lui réservaient une ovation pendant un quart d’heure avec transport et lorsqu’il sortait, le public le reconduisait en battant des mains jusqu’à son carrosse »

    Pierre Grosclaude, historien spécialiste des Lumières, affirme de son côté que Voltaire devait aimer Lyon parce qu’elle lui offrait « le type d’une cité active, commerçante, vouée à l’industrie et aux arts appliqués, créatrice de richesse et de bien-être. » Aussi, explique-t-il, le commerce de Voltaire avec cette ville fut prioritairement économique et commercial : « Lyon, ville réputée dans l’Europe des Lumières pour ses fabriques de soie, fut pour Voltaire non seulement une place financière, mais aussi un marché où il s’approvisionnait en biens et produits divers : blé, chocolat, sucre, étoffes, vêtements, papier, etc. » Les transactions financières occupent une place de choix dans cette correspondance « d’affaires ». En effet, Voltaire, philosophe fortuné, menait à Ferney une vie de château. « Si vous savez quelque chose touchant les paiements dus des arrérages de l’emprunt de 160 millions, je vous serai très obligé de vouloir bien m’instruire », demande ainsi Voltaire au banquier lyonnais Schérer.

    L’Académie de Lyon conserve un exemplaire des Éléments de la philosophie de Newton, ouvrage reçu en 1744 (cote 200 015). Enfin, Voltaire avait offert l’hospitalité dans son château de Ferney à ses amis lyonnais. Ainsi, Borde, directeur de l’Académie, Rosset, imprimeur, et Poncet, sculpteur, pour ne citer que ceux-là, étaient ses hôtes, des interlocuteurs privilégiés du philosophe.

    (1)  (1) Cité par L  Maynard, l’anecdote provient de Mon séjour auprès de Voltaire, par Collini, 1807 

  • La Duchère (boulevard)

    De la rue Marietton à l’avenue de Champagne, le boulevard de la Duchère traverse le quartier du même nom de part en part. Cette dénomination rappelle l’ancien château de la Duchère, qui fut un poste militaire important, illustré par la défense de Lyon en 1793 et le combat contre les Autrichiens en 1814.

    Le premier possesseur de ce château fut Bernard de Varcy de la Duchère, conseiller de la ville vers 1300. Ce château fut reconstruit à mi-coteau par François Clapisson au début du XVIIème siècle, avocat du Roi au piédestal de Lyon.  En 1600, Henri IV, qui  venait à Lyon épouser Marie de Médicis, coucha au château de la Duchère avant d’entrer dans sa ville par la Saône : on montra longtemps  une chambre dite de Henri IV. Au dessous du portrait du roi, on pouvait lire :

     

    Si du sculpteur l’art et la science

    Pouvaient, par un semblable trait

    Graver sa valeur et clémence,

    L’ouvrage serait tout parfait.

    .

    En 1619, on offrit, à la Duchère, une fête et une collation à Mme Christine de France, soeur de Louis XIII, lorsque cette princesse passa à Lyon pour se rendre à Turin, où elle allait épouser le prince héritier de Piémont. Cette malheureuse fille du Béarnais devait mourir misérablement par la vengeance de son époux.

    Au moment de la Révolution, le château appartenait à François Claude de Riverieulx du Gage

    A la fin des années 50, le maire Pradel choisit l’emplacement de la Duchère pour un vaste programme de cinq mille logements, dont il confia la réalisation à l’architecte François-Régis Cottin. La SERL (société d’équipement de la région lyonnaise) fut crée le 17 février 1957. Elle racheta les terrains nécessaires et les aménagea pour les constructeurs qui livrèrent les premiers immeubles en 1963. François René Cottin construisit une église, un château d’eau et la plupart des tours ou barres. Les Lyonnais de l’époque rechignèrent en voyant ces tours et les barres s’élever à l’ouest de leur ville, autour de rues de numéros (la 8ème, la 22ème)  baptisées à l’américaine selon le souhait de leur autocrate maire, et baptisèrent du sobriquet de « cages à poules » les logis qu’on leur proposait. Les premiers Duchérois furent ainsi soit des expulsés de la Croix-Rousse après le glissement de terrain de 1964, soit des ouvriers logés par la Rhodiacéta de Vaise. Les rapatriés d’Algérie y trouvèrent à leur tour refuge. En 1972, la construction de la Tour Panoramique, d’une hauteur de 101,85mètres achève de donner au nouveau quartier une allure moderne.

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    La barre 220, détruite à l'explosif le 19 mai 2010

    Mais à  partir des années 90, le quartier vieillit mal, avec  trop fameuse « barre des mille », les problèmes d’insécurité et de délinquance. Les émeutes de « jeunes » dans la nuit du 2 au 3 novembre1997 après la mort de Fabrice Fernandez, dont la tante habitait le quartier, finissent de donner à ce quartier l’image d’un ghetto similaire à Vaulx. Une entreprise de réhabilitation/ communication politique est entreprise par le maire de Lyon (GPV). Deux barres au gigantisme dégradé sont abattues (barre 210 en 2005 et 220 en 2010) et plusieurs immeubles bas construits, avec des logements proposés à des tarifs aménagés pour inciter à l’achat.

    Selon les avis, le nom de la Duchère pourrait provenir de l’ancien propriétaire du domaine dont il a été question plus haut. Une autre étymologie fantaiste fut proposée par un certain M Péan et relayé par l’abbé Vachet dans son Dictionnaire des Rues : « Duchère, dénomination celtique, peu altérée, faite du cymrique du (noir), et de notre Karr (roche, pierre), est venue d'une constitution extérieure du sol effacée par le travail accumulé par les générations. »