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Rois et présidents

  • Président Carnot (rue)

    Le 24 juin 1894, le Président de la République Sadi Carnot est à Lyon où il est venu visité l'Exposition Universelle. En compagnie du maire de Lyon, le docteur Gailleton, et des généraux Voisin et Borjus, Sadi Carnot se rend dans un landau découvert au Grand-Théâtre pour assister à une représentation d'Andromaque. De la Bourse au Grand-Théâtre, les trottoirs sont noirs de monde. « La ville, écrit le romancier Henri Béraud dans ses souvenirs, était illuminé au moyen 1071259783.jpgde godets pleins de suifs. » Soudain, un jeune homme vêtu de gris fend la foule et plante un poignard dans la poitrine du président avant de s’enfuir. Comprenant très rapidement la gravité de la blessure, le docteur Gailleton détourne le landau présidentiel vers la préfecture. Atteint à la veine porte et au foie, Sadi Carnot, né à Limoges le 11 août 1837, élu président de la République le 3 décembre 1887 à la suite de la démission de Jules Grévy, décède à 0h 30, le 25 juin 1894, après une opération de la dernière chance pratiquée sans anesthésie à l’intérieur de la Préfecture. L’assassin est un jeune anarchiste italien de vingt quatre ans, Santo Jeronimo Caserio, venu de Sète où il était apprenti boulanger. Il affirme avoir agi seul.

    La mort de Sadi Carnot engendra une immense émotion dans tout le pays et fit la «une» de tous les suppléments illustrés. Cela donna lieu à un commerce important de portraits, reproductions, biographies, statuettes, médailles et biographies du président défunt. La nuit fut terrible pour les compatriotes de Caserio. « Il avait dit sans hésiter son nom, son pays. Cela s’était vite répandu. Les autorités n’eurent ni le temps, ni le moyen de contenir une populace ivre de cris, de colère et d’alcool, qui sans retard saccageait et pillait les cafés italiens, les plus beaux de la ville. Après quoi, cette foule cherchait partout de malheureux ouvriers qui ne demandaient qu’à être espagnols » raconte encore Henri Béraud dans ses souvenirs d'enfance.

    Après une instruction rondement menée en vingt-deux jours, le 3 août 1894, Caserio est condamné à mort. Il accueille sa condamnation en criant : « Vive la Révolution Sociale ». Casimir Perrier, le nouveau président ayant refusé son recours en grâce, Caserio est guillotiné à l’aube du 16 août 1894, à l’angle de la rue Smith et du cours Suchet, devant l’ancienne prison Saint-Paul.

    Pour perpétuer le souvenir de cet événement, Lyon possède donc une rue du Président Carnot, qui traverse le quartier Grolée dans le deuxième arrondissement, à ne pas confondre avec la place Carnot, dédiée elle à son grand père Lazare (1753-1823), dit « le Grand Carnot ».

    Tous deux reposent, par ailleurs, au Panthéon.

    Photo : Médaille populaire représentant l'attentat

  • Henri IV

    Comme le remarque l'écrivain catholique Emile Baumann dans un de ces livres de promenades qui ont beaucoup été à la mode dans la première partie du vingtième siècle[1], beaucoup de rues dont les noms rappelaient par trop l'Ancien Régime en raison de connotations religieuses ou aristocratiques furent rebaptisées au fil du XIXème siècle : La rue de la Reine est ainsi devenue la rue Franklin, la rue Saint-Joseph rue Auguste Comte, la quai de la Charité le quai Gailleton ... C’est donc assez légitimement qu’il s'étonne de trouver toujours bien présente, peu après son arrivée à Perrache, une rue Henri IV , rue, dit-il « bien nommée ». Aujourd'hui encore, la rue Henri IV prend à l’angle de la place Ampère et de la rue Bourgelat, en prolongement de la rue d’Auvergne, dans le quartier d'Ainay. Elle se poursuit vers le sud jusqu’à la place Carnot à l’angle de la rue de Condé.

    L'ingénieur Perrache, qui ouvrit le quartier, avait songé à la nommer, on ne sait trop au nom de quelle lubie, rue de Sophocle.

    Ce royal nom date de la Restauration. La bienveillance de Henri IV, bien que la ville ait pris le parti de la Ligue, est sans doute à l'origine de ce choix : Le Béarnais ne vint-il pas en la primatiale de Lyon pour épouser Marie de Médicis un jour de décembre 1600 ? Une plaque de marbre avec une inscription en l'honneur de Henri IV a siégé jusqu'à la Révolution dans le vestibule de l'Hôtel de Ville, face aux Tables Claudiennes. Et c'est bien un bas-relief le représentant à cheval qui encore aujourd'hui trône sur sa façade. Le roi Henri IV avait donc aussi sa place dans ce quartier d’Ainay, entre Rhône et Saône, qui fut par ailleurs longtemps le refuge de l’aristocratie lyonnaise.

     

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    Statue d'Henri IV - Façade de l'Hôtel de Ville, fête des Lumières à Lyon


    [1] Emile Baumann - Lyon et le Lyonnais, Ed. de Gigord