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Xavier Privas

Xavier Privas (de son vrai nom Antoine Taravel),  est né à Lyon, le 27 septembre 1863. Son acte de naissance indique qu’il a vu le jour rue de l’Impératrice (aujourd’hui de l’Hôtel de ville), au 27, à l’angle de la rue Ferrandière.  Il est mort à Paris le 6 février 1927, en un petit appartement de la rue La Fontaine. Il perdit sa mère peu après sa naissance. Son père, régisseur d’immeubles, le plaça en pension à la Mulatière, à l’Institution Notre-Dame-des- Anges, que dirigeait le père Lafay. « Je dois à ces braves gens, écrivit Privas, tout ce qu’au milieu des luttes féroces et des désillusions fréquentes j’ai conservé de bon en moi : l’amour de mes semblables, le mépris de la haine, et la foi dans le pardon ».  Au lycée de Lyon (Ampère) où il poursuivit ses études, il se fit remarquer par plusieurs fugues et dut terminer son second cycle au lycée de Bourg. C’est durant ces années qu’il commença à gribouiller des vers et des articles pour les Annales Lyonnaises et la Vie lyonnaise, deux revues mondaines et littéraires.  C’est alors qu’il  choisit son pseudonyme : « C’était le jour de la Saint Xavier (3 décembre), dira-t-il, et le journal venait de recevoir une lettre de Privas. »

 

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Le 11 mai 1888, Camille Roy fondait à la suite d’un banquet offert à Gustave Nadaud le Caveau Lyonnais dont le siège demeura longtemps à la Brasserie Corrompt. Privas, alors âgé de vingt-cinq ans, y accourt et commence à y chanter ses chansons.  A l’époque, on dit de lui «il fait l’effet d’un vigoureux carme ayant laissé la froc pour se faire officier de cavalerie, puis quitté l’habit militaire pour l’habit noir, cet uniforme civil. Il a la gravité indulgemment souriante et l’air bon vivant du premier, et la prompte riposte du second à l’occasion. Il n’a qu’une passion : l’amour des la chanson et de la femme ; qu’une haine, celle de la médiocrité et de la bêtise ». Grâce à Gustave Nadaud qui vient régulièrement à Lyon et au caveau, Privat est repéré et, au début de décembre 1892, avec trois cents francs en poches, il monte à Paris. Epaulé par ses amis, il passe au Caveau du Soleil d’Or, place Saint-Michel, au dîner de la revue d’avant-garde La Plume et rencontre Verlaine, Coppée, Moréas et Tailhade.  Grâce à la bienveillance de Verlaine, pour qui Privas aura une reconnaissance sans borne, il prend confiance en son destin. Le voici au Chat Noir de Salis, aux Quat’Arts, aux Noctambules

Lorsque mourut le pauvre Lélian, le prince des Poètes, les prosateurs jugèrent bonne l’idée d’avoir aussi leur prince (ce fut Anatole France) et les chansonniers furent du même avis : ce fut Xavier Privat qui emporta la couronne. Parmi l’œuvre de Privat bon nombre de chansons lyonnaises  (La chanson de Lyon, album paru en 1928, en regroupe plusieurs, dont la célèbre A la plate). Bon nombre aussi de textes, à présent injustement oubliés, tel celui-ci :

 

Aux rimeurs errants,
Je lègue et confie
Mon arme : ironie
Pour cingler les grands

Au frère qui traîne
Et misère et peine
Par villes, par champs,
Je lègue mes chants
Dont les airs touchants
Calment, des
méchants,

La haine...

 

Une simple rue du huitième arrondissement rappelle à Lyon l’existence de ce chansonnier dont la vie, haute en couleur, est le symbole riant et partageux de toute une époque. C'est bien peu, quand on y songe.

Le chansonnier lyonnais est inhumé dans le ciemtière de Saint-Ouen,  dans  le même tombeau que sa compagne et sa muse, Francine LOREE (1876-1963), dans la 8ème divisions. Ils reposent dans un caveau dit « des chansonniers » avec plusieurs autres dont le nom (et la mémoire) sont presque totalement effacés : Léon de BERCY (Léon Drouin : 1857-1915), hydropathe qui se produisait au Chat noir, spécialiste de l’argot montmartrois, Georges JOUSSAIN (1900-1931), Jean MAADER (1853-1930), Henri COLHUMEAU (1866-1924), Antoine LAUFF (1884-1923), Yon LUG (1864-1921) et le belge Henri ENTHOVEN (1886-1920), qui avait fondé le cabaret du Diable au corps, puis celui du Moulin de la chanson.

 

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Il semble que depuis 1963 (mort de Francine Lorée-Privas), plus grand monde ne s'occupe, hélas, de cette tombe.

Commentaires

  • Marcel, heureuse d'avoir vu votre signature aujourd'hui chez Solko pour les deux ans de son blog. Bonne journée à vous, pensées.

  • Mais oui ! c'est bien peu ... Il faut y songer.
    Il a bel allure, ma foi, ce monsieur, et le billet est savoureux. Merci

    (J'ignorais que la rue de l'hôtel de ville s'appelait rue de L'impératrice... Rue de l'Impératrice c'est beaucoup plus joli). Il faudrait y songer aussi...

    Excellent samedi à vous !

  • Mais oui, Frasby, c'est bien peu ! Les Parisiens ont donné à Xavier Privas une rue plus à sa mesure, centrale, vivante, dans le quartier de la Huchette, en souvenir de leur prince de Montmartre !!!
    La rue Edouard Herriot, ex rue de l'Impératrice, porterait bien mieux un nom de chansonnier qu'un nom de maire !

  • Bel hommage.
    Bravo, et merci.
    Cette tombe, on a envie d'aller la fleurir.

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