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Les Rues de Lyon - Page 20

  • Carnot (place)

    D’après l’ingénieur Perrache qui aménagea le quartier qui à présent porte son nom, la place Carnot aurait dû initialement s’appeler la place du Lycée, en hommage à Aristote. Au lieu de ça, on l’appela tout d’abord place des Victoires durant tout le Premier Empire. C’était alors une espèce de terrain vague à pleine remblayé, promis aux marchés aux chevaux alors surnommés «charabarat ». Ce mot signifiait à l'origine caquetage bruyant, verbiage. Il provient du provençal charra, caqueter. L’idée de charabarat est donc celle de réunion bruyante. Dans ses Oisivetés du sieur Puitspelu, Clair Tisseur consacre un chapitre entier à ces anciens marchés. Un des vices rédhibitoires, y apprend-on, c’est le cornage : « Un cheval est dit cornard lorsqu’il souffle bruyamment en respirant et qu’il a l’haleine courte. ». Autrement dit, un cornard ne vaut que dix pistoles là où un cheval sain vaut quarante écus.

    Lorsqu’il n’y avait pas marché, l’autre événement qui s’y tenait était les exécutions capitales. Aménagée véritablement durant la Restauration, elle prit le nom de Louis XVIII. Écoutons Puitspelu : « Au temps que l’on exécutait sur la place Louis XVIII, on n’avait pas les précautions de décences que l’on a maintenant, et les exécutions se faisaient au grand soleil. J’étais tout enfant que l’on guillotina deux individus en même temps. C’était l’été. Comme, sur la place, il n’y avait que les maisons basses du côté Saône, et point sur le cours du Midi, on voyait très bien de Saint-Foy et la place et la guillotine que, dans la matinée, l’on était occupé dresser. Peu à peu, une grande foule s’assembla et, vers une heure, vint le cortège fatal. On avait la maison une grande lunette montée sur un pied à laquelle, dans ma curiosité d’enfant, je tenais l’œil collé. Malgré la distance, je vis assez distinctement et le bourreau saisir le condamné, et tomber la tête. Mes genoux défaillirent, mes yeux se troublèrent, je me mis à trembler de tous mes membres et n’eus nulle envie de chercher à voir la seconde exécution. On appelait au même instant pour se mettre à table. Ce contraste me fit je ne sais quelle impression terrible. Je ne pus manger. Ce souvenir est resté profondément gravé dans ma mémoire d’enfant. »


    L’hiver, la place était inondée et souvent gelée : elle servait donc de patinoire aux gens du petit peuple. Des baraquements de forains s'y tenaient au printemps. Lors de la Révolution de 1848, la place Louis XVIII abrita brièvement une effigie du peuple souverain ; sous le Second Empire, elle devint « place Napoléon », et le monument du peuple souverain fut remplacé par une statue équestre de Napoléon 1er, de 1854 à 1872. Après Sedan et la chute delazare_carnot-1753-1823.jpg Napoléon III, elle devint plus simplement la « place Perrache ». C'est à l’occasion du centenaire de la Révolution, qu'elle reçut en 1889 le nom de place Carnot qu'elle porte encore aujourd'hui: il s’agissait de Lazare Carnot, le grand-père du président Sadi, élu alors depuis tout juste deux ans; ce dernier vint inaugurer, l’année du centenaire, une allégorie de la Révolution, dite aussi de la République, lors de son premier voyage à Lyon. On sait que son second, quelques années plus tard, lui fut fatal. Cette place demeura en état les deux premiers tiers du vingtième siècle en formant avec la place Bellecour et la place des Terreaux un bel ensemble. De l'esplanade de la gare, elle offrait au nouvel arrivant une perspective digne de la troisième ville de France. Survint alors le maire Pradel : Une gare routière, ingénieusement installée entre la gare de Perrache et la place Carnot défigura dès lors de façon abominable cet endroit, qu’une autoroute, pour parachever le sabotage, traverse par ailleurs. Sur cette place depuis peu se tient chaque année un marché de Noël, version touristique et moderne des très populaires marchés aux chevaux, charabarat des temps jadis.

  • Mercière

    Etymologiquement, cette dénomination a le sens de « la rue des Marchands ». Dès le début du XIIIème siècle, la rue Mercière devint la rue principale de Lyon, sur la rive gauche de la Saône. Et jusqu'au XVIIIème siècle, elle fut regardée comme telle. Il faut imaginer les façades des vieilles maisons de cette rue, couvertes d'enseignes aux noms les plus évocateurs, aux couleurs les plus vives, aux formes les plus pittoresques : celles du Grand-Paris, du Grand-Soleil, de N-D de Pitié, la Cave d'Ainay (qui appartenait à l'abbaye d'Ainay), le Maillet d'Argent...

    A l'angle de cette rue et de la rue Bouquetiers se trouvait l'Hôtel de la Rose dans lequel, jusqu'au milieu du XVème siècle, le célèbre argentier Jacques Cœur installa ses comptoirs. Jacques Cœur qui faisait à lui tout seul, disait-on, les plus vastes opérations commerciales que tous les autres négociants français ou italiens. Rue Mercière, les plus merveilleuses étoffes de soie, d'or et d'argent; rue Mercière, les monceaux de livres et de gravures à peine échappées de presses de Gryphe (à l'angle de la rue Thomassin, la maison a disparu, hélas), Rouville, Jean de Tournes, Pillehotte et beaucoup d'autres qui y tinrent ateliers. Rue Mercière, des artisans peintres, graveurs, verriers, imagiers. Rue Mercière, les Serge de Florence, des estamets de Milan, des draps d'Espagne et d'Angleterre; et tous ces produits ô combien raffinés… tous ces objets de luxe côtoyaient, rue Mercière, des bazars où s'empilaient les marchandises courantes. En 1694 une petite comédie d'un certain Legrand eut pour titre rue Mercière. Un personnage de cette piécette prétend avoir ouï dire :


    « Que marchande de drap, gantière, rubanière,
    Marchande de dentelle et guimpière et lingère,
    Souvent il s'en trouvait, de ces marchandes-là
    Qui quand on les pressait ... Enfin, et cætera ...
     »


    Rue Mercière se jouaient aussi les fameuses chevauchées à l'âne, qui raillaient les maris cocus, les facéties et les soties par temps de foire. Les libraires de la rue Mercière ont survécu jusqu'au début du vingtième siècle. Les plus importantes maisons étaient alors celles de Delaroche, et de de Périsse. C'est aussi rue Mercière que, le 2 mars 1862, furent effectués les premiers essais d'éclairage au gaz. Peu des pierres demeurent cependant debout, dont le silence et l'humidité pourraient porter jusqu'à nous tout ce qui s'est vécu là. Le dix-neuvième siècle, puis le vingtième, sont passés par là.

    La rue Mercière, à présent voie piétonne, et tout comme la rue des Marronniers voie de restauration, a perdu du temps de Louis Pradel quelques unes de ses fort belles maisons sur son côté ouest. Parmi les restaurants pour touristes se trouve une institution vénérable, le Bistrot de Lyon. La plupart des autres restaurants, comme d'ailleurs dans le quartier Saint-Jean, sont de récentes boutiques. Encore de nos jours, la rue porte bien son nom, pour le meilleur comme pour le pire !

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  • Général Sève

    La rue Général de Sève, au coeur du quartier des tisseurs, à la limite entre le premier arrondissement et le quatrième rappelle le souvenir d'un être d'exception qui fut peut-être le plus courageux et le plus indiscipliné de tous soldats de la Grande Armée. Fils d'un tondeur de drap marié à une brodeuse, petit fils d'un paysan du Bugey, il naquit à Lyon un 11 (ou 19 ?) mai 1788. Sa vie laissa à ses biographes le souvenir d'un roman. Il s'engagea très tôt dans la Marine, combattit à Trafalgar, s'engagea ensuite dans un régiment de hussard et participa aux campagnes napoléoniennes : Italie, Allemagne et Russie (1812-1813). Il eut plusieurs fois son cheval tué sous lui, notamment à la Bérézina. Lorsque Napoléon l'appela afin de lui remettre la Légion d'Honneur, Sève lui dit : "Si Votre Majesté n'avait pas autre chose à le mire, ce n'était pas la peine de me déranger." Et, lui tournant le dos, il laissa l'Empereur et son entourage suffoqués.
    Après le départ de Napoléon à Sainte Hélène, la Restauration -Louis XVIII- ne lui apporta rien de bon. Il démissionna de l'armée, reprit sa démission, demanda "la jouissance de la demi-solde...", sollicita de ses supérieurs l'autorisation de se marier. Il prit à bail une ferme, se lança dans le commerce de location de chevaux et voitures. Il eut des ennuis avec son propriétaire qui l'expulsa. Il fit des dettes ... Enfin un jour après avoir liquidé ses quelques biens, il partit pour Lyon accompagné d'une jeune modiste, Eulalie Virginie Champy.

    635910047.jpgMais la famille ne réserva pas à cette fiancée l'accueil que Joseph espérait. Il trouva alors dans la fuite le remède à sa situation et partit s'installer à Milan comme représentant d'une maison de commerce lyonnaise. On le retrouve un peu plus tard en train de se présenter, sur la recommandation du Comte de Ségur, comme Colonel Sève, à Méhémet Ali, alors vice-roi en Egypte. Celui-ci voulait créer une armée et une flotte. Il plaça l'ancien membre de la Grande Armée, pour cette mission, aux côtés de son fils Ibrahim.
    Au début de son séjour en Egypte, les mamelucks projetèrent de l'assassiner. Lors d'un tir, ils tournent leurs armes contre lui, et le manquent. Le Général alors se précipite sur eux, les frappent de sa cravache, leur reprochant de manquer un homme de si près ! Et leur ordonne de recommencer : une telle témérité enthousiasma ses hommes et il les conquit à jamais.

    Grâce à une flotte bien équipée, cette armée nouvelle va se retrouver en Grèce (1824-31), pour affronter les Turcs qui se retireront vers les Dardanelles. Elle conquerra le Péloponèse. Puis, après avoir été décimée par le choléra et s'être retirée à son tour, elle s'élancera, en 1832, dans une campagne contre le Pacha d'Acre en Palestine. Elle investira Alep et remportera la victoire de Konia. Enfin en 1839 ce sera la victoire de Nezib sur les troupes turques, victoire capitale qui fut un tournant dans l'histoire de l'Égypte. Au fur et à mesure des années, Joseph Sève se convertit à l'Islam, prit le nom de Soliman. Il épousa Sidi Maria Myriam Hanem appelée "la Grecque" qu'il avait enlevée à un commerçant du Péloponèse. Elle lui donna trois enfants : deux filles, Nazli, l'aînée, grand mère de la reine Nazli mère du roi Farouk, Aasma et un garçon Mahadi. C'est ainsi que le général Sève fut, sous le nom de Soliman Pacha l'arrière grand-père maternel du roi Farouk. Il s'éteignit au Caire le 12 mars 1860, terrassé par une crise de rhumatisme aigu. Il fut inhumé dans un mausolée, qu'on peut voir dans le quartier dit "Vieux Caire", érigé sur ordre de son gendre Mohamed Pacha Cherif, à la demande de son épouse Myriam qui, elle, devait décéder bien plus tard, en 1896. La photo est de Nadar (vers 1850)

    Pour suivre : un site consacré à  Soliman Pacha.

  • Gerland

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    Cette photo résume bien ce qu'est encore, à l'heure actuelle, la rue de Gerland : un mélange hybride entre vieilles bâtisses en pierres ou en pisé du siècle dernier (pardon, du siècle avant-dernier) et de résidences nouvelles tout juste sorties de terre.
    Le château de Gerland, dans le quartier initialement nommé  « la Mouche » (1), siégeait au centre d'un vaste domaine de cent trente hectares. 
    La rue du même nom était un vieux chemin, desservant le château (en réalité une sorte de manoir bourgeois, sans plus) qui de la fin du seizième siècle à la Révolution, appartint aux familles de Mornieu et de Quinson. Ci dessous la photo de ce qu'abusivement on appelle depuis des siècles « le château de Gerland. »

     

    Et certes, comment ces braves2146144976.jpg gens qui vécurent là en propriétaires terriens de génération en génération, et qui chaque jour empruntaient leur chemin de terre qu'on peut imaginer bordé de quelques fossés et d'arbres qu'il fallait élaguer de temps en temps, se seraient-ils douté de la fortune que ce nom de Gerland connaîtrait, en baptisant tout d'abord le quartier entier, puis le stade qui y prit place et, finalement, par métonymie, l'Olympique Lyonnais d'Aulas et ses succès récurrents, en ce début de vingtième et unième siècle ?

     Car il existe, et c'est totalement déconcertant, des petits enfants au fin fond de l'Afrique ou de l'Asie qui portent des maillots au nom de Juninho et connaissent ce nom de Gerland, quand les noms de Quinson ou celui de Mornieu, sauf mon respect, a été depuis longtemps jeté aux oubliettes de la mémoire collective.

    On rappellera simplement que l'architecte du stade de Gerland fut Tony Garnier, l'urbanisateur patenté de tout l'arrondissement.

     

    La rue de Gerland fut longtemps une voie extrêmement populaire. Son café était connu pour offrir à ses clients la commodité d'un bureau de poste auxiliaire, pratique pour recommander un pli ou émettre un mandat, voire retirer de l'argent de son livret de caisse d'épargne afin de régler une consommation.

    Quant à l'origine du nom « Gerland », elle n'est pas précisément connue. Un radical « gerle » signifiant « ruisseau » par contraction avec le mot germanique land, aurait formé gerland. Cela paraît fort plausible, puisque toutes ces terres ne furent jusqu'au dix-neuvième siècle, avant leur assainissement, qu'un gigantesque marécage traversé par les « mouches » (bras de fleuves).

    (1) En 1678, Charles de Chaponay, seigneur de Beauregard, fit don à l'Hôtel-Dieu de son domaine de la Moche, d'une superficie de quatorze hectares. Ce domaine a donné son nom à un chemin et tout le quartier de Lyon. La Moche, puis la Mouche, désignait divers bras du Rhône dont certains étaient navigables. Il y avait, par exemple, la Grosse Mouche. Du latin musteus, ou de l'italien moscio, le mot pouvait avoir une rapport le sol fangeux, mou, gluant.
    C'est de là que vient l'expression "bateaux-mouches"

  • Montgolfier

    montgolfier_etienne.jpgDepuis 1855, la rue Pichegru, ouverte sur le terrain des Hospices aux Brotteaux honore les inventeurs des "montgolfières", Joseph (1740-1810) et Etienne (1745-1799) de Montgolfier, nés tous deux à Vidalon les Annonay, douzième et quinzième enfants du fratrie de seize. La première expérimentation eut lieu le 4 juin 1783 à Annony. L'année suivante, deux ascensions mémorables d'aérostats furent expérimentées dans la plaine des Brotteaux en 1784 : l'une, le 19 janvier (entre les rues Dugesclin, Créqui, Vauban, Bugeaud) : Le ballon, parti en face de l’Hôtel Dieu a fini aux Charpennes; l'autre, le 4 juin, (entre les rues Duguesclin, Créqui, Sèze et Bossuet) : le ballon alla cette fois-ci jusqu'à la Duchère. Comme on le remarque, les commissions, dans leur grande précision, n'ont su donner le nom de Montgolfier qu'à une rue quelque peu éloignée du périmètre où eurent lieu les essais.

    Au moment de la première ascension, on doutait fort de son succès et de nombreuses épigrammes circulèrent. Le comte de Laurencin, qui devait être du voyage, reçut celui-ci:


    montgolfier_joseph.jpgFiers assiégeants du tonnerre
    Calmez cotre colère
    Eh ! ne voyez-vous pas que Jupiter, tremblant,
    Vous demande la paix par son pavillon blanc ?"


    L'hiver fort rigoureux avait par ailleurs plusieurs fois failli provoquer l'annulation du vol qui se déroula finalement devant 100 000 lyonnais. Cette première ascension faillit tourner mal pour les voyageurs, trop nombreux du Flesselles.. A l'intérieur, rien que du beau monde : auprès de Joseph Montgolfier, Fontaine, Pilastre de Rozier, le prince Charles de Ligne, le comte d’Anglefort , le comte de Laurencin, le marquis de Dampierre.

    Après 12 minutes de vol, une déchirure latérale apparaissant, Pilastre de Rozier lâcha du lest. Un passager affolé noya par erreur le foyer. « Le Flessellles » redescendit très vite et échoua piteusement dans les marécages des Charpennes. La montgolfière à moitié incendiée est irrécupérable : Dans la presse parisienne comme locale, l'événement fut salué (et raillé) par de nombreuses chansons. Cette première expérience lyonnaise valut cependant aux deux frères des lettres de bourgeoisie. Louis XVI anoblit les deux inventeurs et fit frapper une médaille en leur honneur.

    Lors de la seconde ascension (celle d'un aérostat nommé le Gustave, en raison de la présence du roi Gustave III de Suède), il n'y eut que deux voyageurs, M.Fleurant et une lyonnaise, Mme Tible, qui fut la première femme dans les airs.

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    démonstration lyonnaise du 19 janvier 1784
  • Berthelot

    L'avenue qui fut tracée afin de permettre l'extension de la ville, sur la rive gauche, à partir des deux ponts Napoléon (aujourd'hui ponts Kitchener et Gallieni) porta tout d'abord et tout simplement le nom d'avenue des Ponts. C'est sur cette avenue-là que fut édifiée l'Ecole de santé militaire, sous la direction de l'architecte Abraham Hirsch, architecte de la Ville. Le bâtiment fut inauguré 12 mai 1895, en raison de la relocalisation obligée de cette école située à Strasbourg avant 1871, et à la suite d'une compétition âpre avec celle de Bordeaux. Lyon en a obtenu l'implantation parce qu'elle accepta d'en payer entièrement la réalisation (2 500 000 franc-or de l'époque). Lorsque mourut Marcelin Berthelot (1827-1907), chimiste célèbre, homme politique réputé, écrivain reconnu, ami de Renan, il entra en grandes pompes au Panthéon et donna son nom à l'avenue des Ponts dans le septième arrondissement de Lyon. Avec la construction du tunnel de Fourvière, l'axe est devenu un des dégagements autoroutiers le plus important de la ville, qui traverse tout l'arrondissement.

    1210796069_2.jpgL'Ecole de santé militaire reste de sinistre mémoire pour avoir été réquisitionnée en février 43 et être devenue le siège de la Gestapo de Klaus Barbie. La façade sur l'avenue Berthelot a entièrement volé en éclat lors du bombardement américain du matin du 26 mai 1944 au cours duquel 200 tonnes de bombes, lâchées par les b-24 de la 15th Air Force de manière assez aléatoire sur l'avenue Berthelot et le quartier de Vaise, provoquèrent 1000 victimes parmi les civils (voir photo).

    Après le transfert de l'école au service de santé à Bron, l'ancienne école abrite depuis 1992 le Centre historique de la Résistance et de la Déportation, inauguré par Michel Noir, alors maire de Lyon, en présence de Jacques Chaban-Delmas, compagnon de la Libération et d'Elie Wiesel, prix Nobel de la Paix.

    L'avenue Berthelot est connue pour avoir abritée, en son extrémité située sur le huitième arrondissement, le jeune Jules Joseph Bonnot qui s'était installé au n° 228 en 1909, dans le logement du gardien du cimetière de la Guillotière, lorsqu'il était devenu l'amant de son épouse, Judith Thollon, surnommée la Louise Michel de la Guillotière. Après une longue cavale et un parcours sanglant, Jules Bonnot fut abattu à Paris, le 28 avril 1912, par le directeur de la police municipale. Quatre de ses complices furent condamnés à mort en 1921 et exécutés le 21 avril 1913 (Eugène Dieudonné, Raymond Callemin, André Soudy et Monier), après un procès de vingt-trois jours. Judith, pour sa part, écopa de quatre années de prison, malgré une lettre de Bonnot, qui l'innocentait.

  • Auguste Bleton

    « Je fais simplement partie de ces promeneurs errants que parfois l’on rencontre  - surtout dans nos anciens quartiers – et qui s’en vont, laissant vaguer leurs pas et trotter leur imagination, admirant la vieille cité jusque dans ses verrues et vivant, pour une heure, dans un passé qu’ils évoquent avec plaisir.

    A  ceux qui auraient le goût de ces excursions mais qui hésitent à les accomplir seuls ; à ceux qui, les ayant faites, ne seraient pas fâchés de savoir ce que pense un autre et de relever dans ses dires quelque erreur ou quelque énormité, j’offre de cheminer ensemble à travers Lyon. Nos voyages ne seront ni longs ni dangereux, et d’ailleurs, Monsieur ou Madame, il ne tiendra qu’à vous de m’abandonner en route, pour peu que mes racontars vous soient à charge. »

     

    Ces propos, signés du pseudonyme de Monsieur Josse, auraient pu servir de préambule à ce blogue lui-même, tant son auteur s’y retrouve. C’est à Pierre-Auguste BLETON (1834-1911), lyonnais de bonne mémoire à qui a été attribuée une partie de l'ex-rue Deschazelles, sur le plateau de la Croix-Rousse,  qu’il convient pourtant de les rendre.

    Pierre-Auguste Bletonn joailler de formation, s'illustra dans la belle profession de rédacteur au Courrier de Lyon, à partir de 1884, puis  à Lyon Républicain en 1888. Il fut connu en France comme membre du conseil supérieur de la Mutualité. En 1885, il est devenu membre de l'Académie du Gourguillon, sous le pseudonyme évocateur et par lui choisi de Mami Duplateau. Il a laissé de nombreux ouvrages intéressant l'histoire lyonnaise :


    - Petite histoire populaire lyonnaise, Palud, 1885
    - Le peintre Gaspard Poncet, Storck, 1894
    -Tableau de Lyon avant 1789, Storck, 1894
    - Lyon pittoresque, illustrations de Drevet, Bernoux & Cumin, 1896
    - L'Ancienne Fabrique de soierie, Storck, 1897


    Enfin, sous  le pseudonyme de Monsieur Josse, pseudonyme que l’auteur de ce blog  ainsi que quelques-uns de ses amis, affectionne particulièrement, il a écrit deux ouvrages remarquables,  dans un genre qui faisait flores à la fin du dix-neuvième siècle : la promenade documentaire, archéologique & pittoresque à travers les rues ; monsieur Josse appelait ceci faire ses tournées hebdomadaires, en effet, ces errances digestives et de haute tenue tant morales qu'intellectuelles, étaient essentiellement dominicales. On ne dira jamais assez à quel point Lyon est une ville faite pour la marche. Voici donc le nom de ces deux ouvrages que la maison conseille vivement à tous ses visiteurs, cela va sans dire :


    - A Travers Lyon, illustrations de Drevet, Dizain & Richard, 1889
    - Aux environs de Lyon, Dizain et Richard, 1892

     

     

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    Page de titre gravée par Joannès Drevet (1854-1940) dans Auguste Bleton, Lyon pittoresque, avec une préface de M. Coste-Labaume, Lyon, Bernoux et Cumin, 1896, illustré de 5 eaux-fortes, 20 lithographies et 300 dessins à la plume par Joannès Drevet. (Collection Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 156436.)