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cave d'ainay

  • Mercière

    Etymologiquement, cette dénomination a le sens de « la rue des Marchands ». Dès le début du XIIIème siècle, la rue Mercière devint la rue principale de Lyon, sur la rive gauche de la Saône. Et jusqu'au XVIIIème siècle, elle fut regardée comme telle. Il faut imaginer les façades des vieilles maisons de cette rue, couvertes d'enseignes aux noms les plus évocateurs, aux couleurs les plus vives, aux formes les plus pittoresques : celles du Grand-Paris, du Grand-Soleil, de N-D de Pitié, la Cave d'Ainay (qui appartenait à l'abbaye d'Ainay), le Maillet d'Argent...

    A l'angle de cette rue et de la rue Bouquetiers se trouvait l'Hôtel de la Rose dans lequel, jusqu'au milieu du XVème siècle, le célèbre argentier Jacques Cœur installa ses comptoirs. Jacques Cœur qui faisait à lui tout seul, disait-on, les plus vastes opérations commerciales que tous les autres négociants français ou italiens. Rue Mercière, les plus merveilleuses étoffes de soie, d'or et d'argent; rue Mercière, les monceaux de livres et de gravures à peine échappées de presses de Gryphe (à l'angle de la rue Thomassin, la maison a disparu, hélas), Rouville, Jean de Tournes, Pillehotte et beaucoup d'autres qui y tinrent ateliers. Rue Mercière, des artisans peintres, graveurs, verriers, imagiers. Rue Mercière, les Serge de Florence, des estamets de Milan, des draps d'Espagne et d'Angleterre; et tous ces produits ô combien raffinés… tous ces objets de luxe côtoyaient, rue Mercière, des bazars où s'empilaient les marchandises courantes. En 1694 une petite comédie d'un certain Legrand eut pour titre rue Mercière. Un personnage de cette piécette prétend avoir ouï dire :


    « Que marchande de drap, gantière, rubanière,
    Marchande de dentelle et guimpière et lingère,
    Souvent il s'en trouvait, de ces marchandes-là
    Qui quand on les pressait ... Enfin, et cætera ...
     »


    Rue Mercière se jouaient aussi les fameuses chevauchées à l'âne, qui raillaient les maris cocus, les facéties et les soties par temps de foire. Les libraires de la rue Mercière ont survécu jusqu'au début du vingtième siècle. Les plus importantes maisons étaient alors celles de Delaroche, et de de Périsse. C'est aussi rue Mercière que, le 2 mars 1862, furent effectués les premiers essais d'éclairage au gaz. Peu des pierres demeurent cependant debout, dont le silence et l'humidité pourraient porter jusqu'à nous tout ce qui s'est vécu là. Le dix-neuvième siècle, puis le vingtième, sont passés par là.

    La rue Mercière, à présent voie piétonne, et tout comme la rue des Marronniers voie de restauration, a perdu du temps de Louis Pradel quelques unes de ses fort belles maisons sur son côté ouest. Parmi les restaurants pour touristes se trouve une institution vénérable, le Bistrot de Lyon. La plupart des autres restaurants, comme d'ailleurs dans le quartier Saint-Jean, sont de récentes boutiques. Encore de nos jours, la rue porte bien son nom, pour le meilleur comme pour le pire !

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