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rue saint simon

  • Saint Simon

    La plus grande partie de l'ancienne rue Saint-Simon a pris le nom de Sidoine-Apollinaire, l'évêque de Clermont, lors de sa création 4 juillet 1927. Le l'emplacement conserve le souvenir du marché aux bestiaux (les abattoirs), qui siégea à Vaise de 1855 à 1924, avant d'être transférés à la Mouche. En effet Saint-Simon est le patron des bouchers. Il semble d'ailleurs qu'à l'époque, le nom de Saint-Simon ait désigné une partie beaucoup plus vaste du quartier, puisque la rue Sidoine Apollinaire se nommait auparavant « chemin de Saint-Just à Saint-Simon ».

    Le marché aux bestiaux se tenait au n° 28 de cette ancienne rue, aux côtés des abattoirs. La Ville avaient acquis les terrains le 23 février 1855, auprès de messieurs Morand et Tissot, deux propriétaires vaisois. Durant ces quelques soixante dix-ans, le quartier respira grâce à sa présence. Un peu partout autour s'établirent des marchands de vin, qui glissaient quelques centilitres de sang dans leurs bouteilles. Le sang colle au vin et, retenant les impuretés, les clarifie. Il suffit d'en mettre fort peu, de bien agiter le tonneau et de laisser l'albumine nettoyer le tout, avant de le déposer au fond. Tous les bistrotiers de Vaise servaient de cette picrate-là.

    Le lundi, de nombreux chômeurs se rendaient à Vaise pour aller emboquer les veaux : il s'agissait de leur faire boire quinze litres de lait durant la nuit, pour qu'à le pesée du lendemain, ils valent le plus cher possible. Le truc avait été vite éventé, mais comme les prix s'étaient ensuite établis en conséquence, celui qui ne gavait pas ses veaux aurait perdu.

    Les bêtes arrivaient jusqu'au n°28 par la gare de Vaise, sauf les moutons qui débarquaient, eux, en bateaux par le port sur la Saône. On les poussait par la rue Saint-Pierre en une belle cohue matinale. Les toucheurs de bestiaux logeaient dans des cabanons de planches et jouissaient d'une mauvaise réputation : teigneux, pas fréquentables, malodorants, même leurs femmes ressemblaient à des armoires à glace. La police elle-même évitait de s'y frotter. Le marché connaissait aussi ses grands jours, avec ses concours d'animaux qui attiraient un jury plus distingué

    Les abattoirs, c'était le paradis des rats, évidemment. Lorsqu'ils furent transférés à la Mouche, les énormes rongeurs repus, souverains, qui n'avaient pas suivi, se retrouvèrent brutalement face à la faim et sortirent, affolées, par les rues : ils auraient dévoré les gens dans leurs lits et le quartier en a longtemps gardé le souvenir.

    Aujourd'hui la rue Saint-Simon abrite le dépôt ouest des transports en commun lyonnais, et l'une de ses extrémités se transforme en échangeur routier. La rue est redevenue hygiénique. Mais elle y a laissé son âme, et tous ses marchands de vin frelaté.

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