Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les Rues de Lyon - Page 8

  • Jean Larrivé

    Jean Baptiste Larrivé (1875-1928) naquit et mourut à Lyon. Successivement élève de l’Ecole des Beaux-arts de Lyon (1896-1897) puis de Paris (1897), il obtint en 1904 le Premier Grand Prix de Rome pour Saint-Jean Baptiste prêchant dans le désert et séjourna à la villa Médicis de 1905 à 1910. Il devint à partir de 1919 le directeur des Beaux-arts de Lyon. Grâce à Louis Sainte-Marie Perrin, qui assurait les travaux  de Fourvière tandis que Bossan séjournait à La Ciotat en raison de son asthme,  Jean Larrivé mena à terme plusieurs sculptures pour la basilique en cours d'achêvement, dont la lutte de Jacob avec l’Ange et celle de Samson et le lion en 1920, qui furent acceptées par la Commission de Fourvière bien que certains  membres eussent été choqués par la nudité des personnages, et l'Ange du Silence et l'Ange à l'épée. Son œuvre la plus connue reste sans doute le Monument aux Morts de Lyon placé depuis 1930 sur l’île-aux-cygnes du parc de la Tête d’or, qu’il était en train de la réaliser lorsqu’il mourut, le 20 mars 1928, et qu’acheva son frère Auguste.

    Depuis le 11 février 1929, l’ancienne rue du Bas-Port, à présent parallèle au quai Victor Augagneur, entretient sa mémoire dans le troisième arrondissement de Lyon.

     

    52g.jpg
    Deux sculptures de Larrivé :  Samson et le Lion & l'Ange au silence (achevé par L.Bertola)
    Basilique de Fourvière, Lyon
  • Richard-Vitton

    On méconnait trop l’importance du tiret. Etudier le nom des rues est une science qui n’intéresse pas seulement l’histoire (locale ou autre), n’attire pas seulement notre attention sur les nombreuses matières qui, au hasard des appellations, se rappellent hasardeusement à notre infinie ignorance ( musique, peinture, sociologie, littérature, sciences politiques, religion, géographie, médecine…) mais également nous remet en mémoire les bienfaits de la ponctuation. J’en veux pour preuve celui-ci, Richard-Vitton, que porte une rue calme du quartier de Montchat dans le troisième arrondissement lyonnais.

    J’ai longtemps cru que Richard Vitton était un gars sans histoire, député ou maire, comme tant d’autres. Guère d’originalité là-dedans, je vous l’accorde. Et je ne m’étais jamais interrogé plus que ça sur l’existence simultanée à Lyon d’un cours Vitton et d’un cours Richard-Vitton. Quand j’ai découvert, stupéfait, l’existence de ce petit tiret, signe (arbitraire et pourtant nécessaire, comme aurait dit toute la clique des Saussure, Benveniste et autres) du nom composé.

    Jean Louis François RICHARD (1803-1874) est le fils de Charles François RICHARD (1772-1851), soldat sous la Révolution qui s’établit à Saint-Chamond où il fit fortune honnête en montant une entreprise de lacets. En épousant la fille d’Henri VITTON (1793-1834), l’ancien maire de la Guillotière, une dénommée Louis Françoise, le fils de l’entrepreneur en lacets  devint donc ce fameux Jean Louis François RICHARD-VITTON, a qui le cours de Montchat fut dédié ; En lotissant son domaine, la famille-dynastie des Vitton, laquelle possédait une bonne partie du quartier autour des dix-sept hectares de son château, dota en effet douze kilomètres de voies publiques à la ville. La contrepartie, c’était que chaque rue devait porter le prénom d’un de ses enfants (Julie, Julien, Louise, Antoinette…) au fur et à mesure quelle cédait ses terrains pour faire du logement social. Devenu maire du troisième arrondissement après l’annexion de la Guillotière à la ville, Jean Louis François RICHARD-VITTON céda ainsi – c’est ce que raconte la petite histoire – la voirie de Montchat au préfet Vaisse, à condition que la municipalité s’engageât à conserver la mémoire de ses chères têtes blondes (1) en ne changeant plus les noms des rues de ce quartier. En retour,  Richard-Vitton offrit le doux nom de l’impératrice ’Eugénie à l’une des voies du lotissement.

     

    (1)  Ou brunes : le story board ne le précise pas.

  • Vitton

    Autrefois, tout le quartier de la rive gauche appartenait à la commune de la Guillotière. Celle-ci avait été réunie une première fois à Lyon en 1793. Occupée par les armées de la Convention, elle recouvra son indépendance le 12 août 1793 et fut incorporée au département de l'Isère (district de Vienne-la-Patriote). La Guillotière a été annexée entièrement à Lyon en 1852, tandis qu'étaient rattachées au département du Rhône les communes de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Bron et Saint-Fons. Cette même année 1852, Lyon fut divisée en arrondissement. La Guillotière formait le 3ème arrondissement. Par la suite, d'autres arrondissements furent créés, ce qui donna naissance au 6ème (1867), au 7ème (1912) et au 8ème (1959). La population de la rive gauche a considérablement augmentée durant le XIXème siècle, passant de 6000 habitants (1802) à 35 000 (1850) et 150 000 vers 1900. C'est à l'ingénieur Morand qu'on doit l'idée d'urbaniser cette rive gauche du Rhône. C'est pourquoi le pont qui permet le franchissement du fleuve face à la place Tolozan porte aujourd'hui encore son nom. Du temps de l'enfance de Puitspelu (cf Les Oisivetés du sieur Puistpelu, ch. "Les Montagnes"), les Lyonnais appelaient ce qui est aujourd'hui le cours Vitton "La Grande Allée". Cette grande Allée est devenue ensuite le cours Morand, puis le cours Vitton.


    Ecoutons Puitspelu lui-même, qui écrivit les lignes que voici en 1889 : "Nous allons prendre la Grande Allée, qu'on nomme aujourd'hui cours Morand. Cette grande Allée était creuse dans le milieu, où l'on avait laissé subsister le sol naturel. A droite et à gauche, des chaussées, auxquelles on accédait par des talus gazonnés. Les arbres étaient placés à l'inverse d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils étaient dans le milieu, dans la partie creuse. Beaucoup plus drus que les "ch'tis" platanes d'à présent, pour autant qu'il se trempaient les pieds dans l'humus frais, au lieu que ceux d'aujourd'hui les baignent dans les cailloux du Rhône qui ont servi de remblais. Cette grande Allée était tellement la promenade favorite des Lyonnais que, le dimanche, on disposait de chaque côté un triple rang de chaises qui, à certains jours de fêtes, étaient toutes occupées pour voir le défilé des promeneurs et des équipages. Dans la Grande Allée, bien entendu, aucune maison, mais de nombreux établissements de plaisir. D'abord, à droite, en allant à l'Orient, le petit Tivoli, où depuis un certain nombre d'années, Mourguet avait son théâtre Guignol (...). Après Mourguet, occupant l'espace entre l'avenue de Saxe et la rue Vendôme, se trouvait le café du Grand Orient, nom venu sans doute de la loge maçonnique de Cagliostro. A gauche, un cirque qui fut construit en 1818 par l'écuyer Désorme. Il fut incendié plus tard. Puis le Jardin Chinois , montagnes lilliputiennes basses (...) Après cela, il y avait dans la Grande Allée en se dirigeant vers les Charpennes nombre d'autres établissements, le jardin Montansier, des Vauxhalls, comme c'était alors la mode d'appeler les salles de danse, des tirs au pistolet. Ceux-ci dsparurent les derniers et il me souvient d'un être encore allé souvent tirer en 1850."

    Cette description de la Grande Allée, avant qu'elle ne devînt un cours urbanisé et prît les noms successifs de Morand et de Vitton, fort pittoresque (comme tout ce qu'a écrit le bon Nizier du Puitspelu) nous a occupés un bon moment. Elle évoque un espace bien différent de l'actuel cours, bordé d'immeubles bourgeois et de commerces luxueux. Je dirai simplement, pour le rapport avec le début de ce billet, que Henri Vitton, né en 1793, était maire de la Guillotière et que c'est lui qui, bien après la mort de Morand sous la guillotine (voir le billet sur la place Lyautey) et bien avant l'annexion transforma la "Grande Allée" en un cours qui prit son nom lorsqu'il mourut en duel en 1834. Les Vitton étaient une véritable dynastie, dont on a déjà parlé à propos de la rue Ferdinand Buisson, et que commémore également, dans le troisième arrondissement, le cours Richard-Vitton (Richard étant le nom du gendre et Vitton celui du beau-père)


    Sur le blog « certains jours »une photo des platanes, à l'entrée de la place Lyautey et du cours Vitton. Là se cache une forêt, connu des seuls poètes et de quelques génies. Mais chut ! Là, nous touchons à la légende.

     

  • Louis Pize

    Le 23 mai 1983 était inaugurée la rue Louis Pize à la Croix-Rousse, non loin des cimetières (ancien et nouveau). Elle honorait un poète ardéchois né le 18 mai 1892 à Bourg-Saint-Andéol, petite ville située en bordure du Rhône. Son père exerçait la profession d’inspecteur de l’enregistrement. Il mourut en 1903, alors que le jeune Louis n’avait que onze ans. Brillant élève au lycée Gabriel Faure de Tournon sur Rhône en Ardèche, il s’installe en 1909 avec sa mère et sa sœur à Lyon. Inscrit à la faculté de droit, il obtient une licence mais demeure plus attiré par les Lettes. Il publie en 1913 son premier recueil de poèmes, pour lequel il reçoit les félicitations de Francis Jammes. Blessé à Saint-Dié (dans less Vosges)  durant la guerre de Quatorze, il est décoré de la Croix-de Guerre.

    En 1922, il se marie avec G. Ricard et abandonne le droit pour se tourner vers l'enseignement. Il devient alors professeur de Lettres classiques à l'Externat St-Joseph de la rue Sainte-Hélène à Lyon en 1924. Louis Pize est auteur d’une pièce de théâtre d’ouvrages historiques et touristiques, mais surtout de recueils de poèmes Élu membre de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il en devient président en 1964. Avec Charles Forot, il participe à la création des Editions du Pigeonnier à Saint-Félicien. A sa retraite, celui que ses amis appelaient le « Virgile du Vivarais » se retire dans sa maison de Saint-André-en-Vivarais. Il s'éteint le 4 septembre 1976. Il aura collaboré à de nombreuses revues dont La Revue du Vivarais, La Revue des Deux-Mondes, Le Mercure de France.

    La poésie de Louis Pize est de facture classique. Parmi les recueils importants qu’il a écrits, on peut signaler :

    • La Couronne de Myrte. Les Essaims nouveaux et chez Emile Paul (1919).
    • Les Pins et les Cyprès. Garnier, Paris (1921). Prix Villard, du Conseil Général de l'Ardèche.
    • Les Feux de Septembre. Garnier, Paris (1931). Prix Emile Blémont de la Maison de Poésie.
    • Le Bois des Adieux (1949). Editions I.A.C. Lyon-Paris. Prix Alfred Droin, de la société des Gens de Lettres.
    pize.jpg
  • Conférence

    L’ESPRIT CANUT propose : 

    REFLETS DU TERRITOIRE DANS LA LITTERATURE LYONNAISE

     

    Conférence par Roland Thevenet

     

    Le Mercredi 3 février à 20h 30

    Cinéma Saint-Denis

    77 grande rue de la Croix-ROUSSE

    Entrée 5 euros

    !Bhi9dn!!mk~$(KGrHqIOKjYEsmL3(tC6BLJo3!)0Gw~~_12.jpg

    De Sénèque à Jules Michelet, de Maurice Scève à Jean Reverzy...  C’est surtout entre 1830 et 1930, alors que le destin de la ville et son identité sont liés presque exclusivement à la Fabrique de la Soie, que cette Comédie Lyonnaise eut pleinement droit de Cité. Nous suivrons durant cette soirée sa naissance difficile, ses heures de gloire et son déclin, tout en nous posant la question de ses enjeux et de sa légitimité.

  • Sathonay (place)

                                     

    Le 23 septembre 1805, assisté de six adjoints et de vingt-neuf conseillers municipaux, Nicolas Marie Jean Claude FAY de SATHONAY prend ses fonctions de maire de LYON. La mairie unique, supprimée par la Constitution de l’An III, vient d’être rétablie par Napoléon ; il était né le 7 novembre 1762, dans une vieille famille de l’aristocratie lyonnaise. Son grand-père avait été échevin ; son père prévôt de s marchands. Fay de Sathonay fut un bonapartiste enthousiaste qui proposa d’élever une statue de Napoléon place Bellecour et de construire un palais impérial à l’emplacement de l’actuel marché-gare de Perrache ; mais ses pouvoirs effectifs au sein de la mairie étaient réduits. Il proposa un projet d’annexion des communes suburbaines qui fut rejeté par le Conseil d’Etat. Fay de Sathonay mourut comte d’Empire, le 27 août 1812, dans son hôtel de la rue du Plat.

    Le relief et la physionomie de la place épousent, au cœur de l’antique Condate, celui d’une ancienne villa gallo romaine pour résident foruné ; durant très longtemps,  la place Sathonay a porté le nom de place de la Déserte, appellation qui  remontait à une très lointaine origine : probablement le nom d’une très ancienne famille Déserta, qui possédait le tènement.

    C’est là qu’en l’année 1296 Blanche de Chalon, fille de Jean de Chalon (duc de Bourgogne) acheta de Jean Mallen (citoyen de Lyon) une maison et un terrain de vignes sur lequel  elle établit un monastère destinée aux religieuses de Sainte-Claire, lequel prit le nom de Notre-Dame de la Déserte. A partir de 1503, ces religieuses quittèrent l’habit de Sainte-Claire pour passer sous la règle de Saint-Benoît.  En 1562, le monastère fut pillé par les protestants. L’abbaye vécut plus ou moins bien jusqu’à la Révolution ; on y dénombrait alors une quarantaine de religieuses. L’Arquebuse triple de la déserte, eau vulnéraire de grande réputation qu'elles fabriquaient, survécut longtemps au couvent, dont les bâtiments furent entièrement démolis en 1817. De l’intérieur du cloître, on fit l’actuelle place, tandis que l’ancien clos devenait le Jardin des Plantes.

    En 1840, on éleva sur cette place une statue de Jacquard. En 1900, cette dernière regagna la place de la Croix-Rousse et fut remplacée par celle du sergent Blandan (œuvre de Lamotte), qui s’y trouve actuellement.

     

     statue du sergent Blandan, place Sathonay

     

    0295_1.jpg
  • Jean XXIII (boulevard)

    Je me souviens comme si c'était hier de la mort du pape Jean XXIII, le 3 juin 1963, jour de la Pentecôte. Mes parents avaient depuis peu la télévision et la retransmission de cet événement, de la place Saint-Pierre, m'émut jusqu'aux larmes : on voyait les traits apaisés du vieillard dans son catafalque, mains jointes sur la poitrine, et le commentateur disait d'un ton pathétique que ce pape était vraiment un saint homme, parce que de sa vie il n'avait jamais possédé en bien propre qu'un malheureux stylo. La mémoire de cette mort fut un peu estompé par une mort plus médiatique, le 22 novembre 1963, lorsqu'on vit à Dallas un célèbre tailleur Chanel rose ramper à quatre pattes sur le capot d'une limousine pour rattraper, dira Jackie par la suite, "un morceau de la tête de son mari".

    Angelo Guiseppe Roncali était né un 25 novembre 1881 dans le diocèse de Bergame en Lombaride et avait été élu pape en octobre 1958. Fils de cultivateurs, il était le 4ème d'une famille de 14 enfants, dont dix survécurent. il avait choisi le nom de Jean XXIII, renouant ainsi le fil des Jean interrompu depuis un certain Jean XXII qui, après avoir été évêque d'Avignon, était devenu pape pape en 1316... à Lyon. Jean XXIII est honoré comme pape du 21ème Concile, le populaire Vatican II. Le 11 avril 1963, peu avant d'être emporté par un cancer qui se généralisait peu à peu, Jean XXIII publia l'encyclique Pacem in terris, dont voici deux articles et qu'on peut lire en entier en suivant ce lien. On est un peu étonné, au vu de l'évolution des choses, d'entendre un pape parler de droits sociaux ou des droits à une formation tecnnico-professionnelle, non ?

    11 - Tout être humain a droit à la vie, à l'intégrité physique et aux moyens nécessaires et suffisants pour une existence décente, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement, l'habitation, le repos, les soins médicaux, les services sociaux. Par conséquent, l'homme a droit à la sécurité en cas de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, de chômage et chaque fois qu'il est privé de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté

    13 - La nature revendique aussi pour l'homme le droit d'accéder aux biens de la culture, et, par conséquent, d'acquérir une instruction de base ainsi qu'une formation technico-professionnelle correspondant au degré de développement de la communauté politique à laquelle il appartient. Il faut faire en sorte que le mérite de chacun lui permette d'accéder aux degrés supérieurs de l'instruction et d'arriver, dans la société, à des postes et à des responsabilités aussi adaptés que possible à ses talents et à sa compétence.

    Le boulevard qui porte son nom venait d'être ouvert peu de temps avant sa mort, dans le cadre des grands programmes d'équipements de la Région et de la Ville. C'est un boulevard, comme beaucoup dans ce huitième arrondissement excentré, qui ne sert qu'à désengorger la circulation et à fluidifier l'accès au centre ville. Mais c'est à ma connaissance le seul boulevard lyonnais portant le nom d'un pape.

    Pour construire ce boulevard, il avait  fallu acheter du terrain à l'école La Mache qu'on appelait à l'époque le Bachut. Or la propriété de l'école se trouvait, de fait, coupée en deux, ce qui n'était pas sans inconvénient car les ateliers d'application étaient désormais séparés du lycée par le boulevard. Le Père La Mache demanda donc comme condition à la vente que le boulevard portât le nom de Jean XXII, qu'il admirait beaucoup. C'est sans doute resté confidentiel, seuls les gens proches de l'école le savait. Je dois cette information à une fidèle lectrice du blogue.

    jean 23.jpg