Boucle (montée de la)
C'est là que passait la grande route de Bresse, devant une hôtellerie très renommée sous le Premier Empire, qui portait le nom d'Auberge de la Boucle, en raison de la grande courbe que décrit le Rhône contre les balmes de Caluire. Le 10 avril 1805, en arrivant à Lyon, Joséphine et Napoléon furent accueillis place de la Boucle par l'un des maires (Parent) qui leur présenta les clés de la ville : un arc de triomphe avait été édifié, selon les plans de Chinard, Blanchard et Perlet.
Au pied de la montée, qui est limitrophe entre Lyon et Caluire, il y avait un port sur le Rhône, le port du Noyer. A cet endroit, il y eut de nombreux ouvrages éphémères, ponts de bateaux, passerelles, en bois ou en acier, bacs métalliques, jusqu'à ce qu'on décidât, en 1898, de construire un pont véritable. De type métallique, il eut une silhouette inhabituelle, constituée de trois grandes arches aériennes reposant sur deux piles intermédiaires, il était bien dans le goût de la Belle Epoque et aurait mérité d'être classé, afin d'échapper à la pioche des démolisseurs municipaux qui, à Lyon, fut particulièrement destructrice au cours du vingtième siècle. Véritable dentelle de croisillons d'acier (voir ci-dessous), il était hélas aussi étroit (10m80, pour une chaussée de 5,40) qu'élégant et cette étroitesse causa sa perte.
On le démolit en 1981 pour le remplacer par un ouvrage en béton aussi adéquat à la circulation automobile que grossier et laid, qu'on baptisa Winston Churchill , et nul ne sait si le célèbre anglais au cigare en fut honoré. Ce pont de la Boucle, qui avait traversé presque un siècle de vie lyonnaise, vécut donc moins longtemps que certains hommes : En 1878, un certain Gaspard Danguin, par exemple, qui exerçait le noble métier de dessinateur pour la fabrique et qui habitait la montée de la Boucle, y mourut centenaire. Sa montée de la Boucle, aujourd'hui, le pauvre ne la reconnaitrait sans doute en aucune manière; elle aussi a souffert du privilège accordé pendant des années à la circulation routière : Vers 1980, la charmante vieille rue est devenue une quatre voies de type autoroutier qui récupère par le cours d'Herbouville tous les véhicules en direction de Caluire, et a même changé de tracé.