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le croissant

  • Jean Jaurès

    On ne présente plus le fondateur de l'Humanité. Le soir du 31 juillet 1914 reste gravé dans toutes les mémoires. Au café du Croissant rue Montmartre, à deux pas de l'Humanité, Raoul Villain tire deux balles sur Jean Jaurès qui s'effondre. Le 4 août au matin, tandis qu'on célèbre les obsèques du chef socialiste à Paris, l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne. La veille, l'Allemagne l'avait déclarée à la France. Le 29 mars 1919, son assassin est acquitté et sa veuve condamnée à payer les frais du procès aux dépens.

    Sa dépouille entre au Panthéon le dimanche 23 novembre 1924.

    Voici les dernières lignes de Qu'as-tu fait de ta jeunesse, deuxième tome de l'autobiographie d'Henri Béraud (1941), et le raccourci saisissant qu'il opère entre les deux événements :

    1246755646.jpg« Il était à peu près dix heures quand un homme traversa la rue au pas de course en criant : On a tué Jaurès ! Cette nouvelle, en cette nuit fiévreuse, eut un effet électrique. Il y avait dans l'air une sorte d'horreur sourde, où le cri de ce passant retentit comme un tocsin. Ce que nous vîmes alors, on dut le voir partout. Les gens se levèrent en renversant les chaises. Ils parlaient tous à la fois. Certains fondaient en larmes. Ce que l'on attendait était soudain écrit dans es ténèbres, avec le sang de ce premier mort.
    La rumeur d'un cortège grondait au loin. Les hommes obscurs pleuraient leur tribun. Des lambeaux d'Internationale arrivaient, traversés de coups de sifflets et mêlés aux cris de "Vive la France !!" On vendait des éditions spéciales avec le portrait du chef socialiste entouré d'un filet noir. Il avait expiré sur une table de café; Je l'imaginais étendu, le front troué, des gouttes rouges tombant sur le marbre. Et je le revoyais tel que je l'avais vu naguère à la tribune du meeting, sa tête de vieux lion, son bras tendu vers la foule, une main blanche et courte qui faisait trembler l'exaltation de son verbe puissant...
    Un coup de canon secoua l'air, un seul. Il venait des batteries de Fourvière qui devaient annoncer ainsi la mobilisation. Tout se tut. Les gens se regardèrent. A ce moment, un des nôtres, Francisque Laurent, parti aux nouvelles, apparut dans l'encadrement de la porte. Il était pâle à tomber. On entendit : C'est la guerre !

    Il y eut un long silence, que rompit enfin la voix, sépulcrale, de Godien : -Ah! dit-il, nous étions si heureux ! »

    ( le dessin de Jaurès tribun est d'Eloy Vincent)



    La partie de l'avenue de Saxe qui traversait tout le septième arrondissement lui a été dédiée. Du cours Gambetta jusqu'au stade de Gerland, elle s'étire à présent sur trois kilomètres et passe pour l'une des plus longues de Lyon. Jean Jaurès n'est venu qu'une fois à Lyon. C'était au Pax, rue Villeroy, une rue du troisième dont on parlera également un jour.