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  • Mail

    Rue du Mail, rue du Jeu de Mail, il en existe un certain nombre en Provence ou dans la vallée du Rhône, notamment à Nîmes. Le mail était un jeu fort répandu sous l’Ancien Régime. Sorte de cricket, il envahit toute la France au XVIIème siècle et l’on vit même la création d’un corps de « maitres mails » à Montpellier. Louis XIV s’y adonna depuis l’enfance, sur le mail des Tuileries qu’il fit agrandir et sur celui de Saint-Germain-en-Laye. Voici ce qu’en dit l’Académie universelle des jeux, publiée à Amsterdam en 1786 :

    «Le jeu est propre à tous les âges, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse. On peut en même temps jouer, causer et se promener en agréable compagne. On y a plus de mouvements qu’à une promenade ordinaire. L’agitation qu’on se donne pour transporter la boule d’espace en espace fait un merveilleux effort pour la transpiration des humeurs & il n’y a point de rhumatismes ou d’autres mots semblables qu’on puisse prévenir ou guérir par ce jeu, la prendre avec modération, quand le beau temps & la commodité le permettent. Sa beauté ne consiste pas faire de grands coups, mais à jouer juste, avec propreté, sans trop de façons. Le corps ne doit être ni trop droit, ni trop courbé, mais médiocrement penché, afin qu’en frappant, il se soutienne par la force des reins, en le tournant doucement en arrière de la ceinture, en haut avec la tête sans toutefois perdre la boule de vue. C’est ce demi-tour du corps qu’on appelle jouer des reins, qui faisant faire un grand cercle au mail, fait l’effet de la force mouvante qui vient de loin. Si le mail est trop long ou trop pesant, on prend la terre ; s’il est trop court ou trop léger, il ne donne pas assez de force & l’on prend la boule par en dessus. Il importe donc chaque joueur de se choisir un mail qui lui convienne, dont il se rende le maître, & qu’il proportionne la boule à sa masse. Car il est bon de prendre garde à tout ».

    La balle est le plus souvent en buis, les meilleures balles étant celles en bois de néflier. Sur la promenade du grand rempart de la Croix-Rousse avait été organisé un parcours, sablé et bordé d’arbres, long d’environ cent cinquante mètres, dont la rue qui nous occupe conserve le souvenir. C’est dans cette rue que siégea, en 1848, le club de la Croix-Rousse.

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  • Sébastien Gryphe

    Le nom du comte de Chabrol, préfet du Rhône en 1815, avait d'abord été attribué à cette rue du septième arrondissement de Lyon. En juillet 1879, elle reçut celui de l'imprimeur wurtembergois Sébastien Gryphe. Né en Souabe, à Reutlingen, vers 1492 (date approximative), le maître-imprimeur est attiré vers Lyon par les membres de la grande Compagnie des Libraires et s'y établit en 1524 en épousant la fille d'un imprimeur, Françoise Miraillet, pour y mourir en 1556. A présent, ses éditions, tant françaises que latines, sont des pièces de musées. Ayant d'abord travaillé à Venise, où il latinisa son nom de Sébastian Greiff en Griphius, il avait amassé un pécule suffisant pour acquérir des caractères italiques et romains de qualité. Il publia Erasme, Politien, More, les éditions complètes de Marot...

     En tout, 1500 éditions en 32 ans. C'est lui qui révéla les Aphorismes selon Hipocrate d'un certain François Rabelais. Il fut par ailleurs l'éditeur attitré des juristes et des avocats. Son officine devient du même coup un lieu de rencontre et parfois le foyer d'un monde lettré.

    Il est curieux qu'on ait relégué Sébastien Gryphe dans le septième arrondissement, loin de sa rue Mercière, où le maître imprimeur forma des éditeurs célèbres comme Etienne Dolet ou Jean de Tournes. Sa marque consistait en un griffon sur un demi-cube, lié par une chaîne à un globe ailé, avec cette devise : Virtute duce comite fortuna (empruntée à une lettre de Cicéron à Munatius Plancus). Son fils Antoine lui succéda mais se ruina assez rapidement. Son épitaphe fut composée par Charles Fontaine, un poète parisien :


    La grand'Griffe qui tout griffe
    Ha griffé le corps de Gryphe
    Le corps de Gryphe, mais
    Non le loz, non, non, jamais !


    Je place en lien ici un remarquable mémoire de recherche réalisé par quatre étudiantes sur la production de Gryphe, en 1538 et 155. CI dessous, la "griffe" de Gryphe (son enseigne se nommait L'écu du Griffon) :

     

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  • Tramassac

    Sans langue de bois, Guignol  le zézayant l'appelle plaisamment la  « rue des Trois massacres ». Elle est située dans le quartier Saint-Jean, sous l'espèce de tunnel qui permet au funiculaire de s'élancer tout droit à la conquête de la colline de Saint-Just.

    Le nom de cette rue a connu des fortunes diverses. Trans marsaut(au delà du Marsaut, un bras d'eau qui se jetait dans la Saône) disent certains ; Tres-Marsas (du chiffre trois)... Dans des documents anciens, on trouve : Très Marsac et Trans-Marsas. Tout cela est bien incertain. Au Moyen Age, la rue Tramassac formait le cœur de la cité, au pied de la colline et non loin de la primatiale.

    Il faut imaginer son pavé foulé par le pied Philippe le Bel, venu assister au couronnement du pape Clément V au mois de novembre 1305, ou bien ceux de Louis XI, en octobre 1461, venu promettre la richesse aux Lyonnais et séduire quelque belle dame du terroir.

     

    L'éboulement du 13 novembre 1930 a balayé subitement de nombreuses richesses architecturales, en projetant sous les gravas les immeubles des numéros 2 à 12, dont l'Hôtel du Petit Versailles. On dut par la suite évacuer toutes les maisons jusqu'au numéro 26. Emportée par l'amas de terre, toute une partie du mur du vieux rempart du cloitre Saint-Jean, vestige qui datait du XIIème siècle (seul survivant des anciens remparts détruits par le baron des Adret en 1562), ainsi que plusieurs maisons gothiques ou Renaissance avec voûtes à nervure et escaliers avec galeries. Quarante personnes ont perdu la vie durant cette nuit tragique.

     

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  • Juliette Récamier

    En novembre 1812, la partie de la rue Moncey s'étendant du cours Lafayette jusqu’au boulevard des Brotteaux, dans le sixième arrondissement de Lyon, reçut le nom de Madame Récamier, née Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard. Elle était née à Lyon, le 3 décembre 1777. Son père était un notaire fort considéré, qui l’a plaça en pension au monastère de la Déserte, où elle avait une tante religieuse : Voici comment elle-même rappela sa sortie de cette maison

    « Je quitte à regret une époque si calme et si pure, pour rentrer dans celle des agitations. Elle me revient parfois comme un vague et doux rêve, avec ses nuages d'encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs. ».

    En 1793, Juliette épousa le banquier Récamier, lui aussi né à Lyon. Elle était alors âgée de seize ans, lui de quarante-deux. On a dit de ce banquier qu'il était peut-être l'amant de sa mère, et qu'elle était peut-être sa fille. De fait ce mariage resta de pure convenance, ce qui permit à Juliette, à partir de 1796, de recevoir en son salon du fastueux hôtel de la rue du Mont-Blanc tout ce que le monde parisien d'alors comptait de plus distingué. Elle contribua à lancer la fameuse mode à l'antique, le mobilier étrusque et les tenues à la grecque, si caractéristiques de l'Empire.


    En 1819, la ruine du banquier Récamier précipita sa rupture d'avec le grand monde. Elle se retira alors à l'Abbaye-aux-bois, ne gardant auprès d'elle que le strict nécessaire, et recevant ses plus fidèles amis parmi lesquels Ballanche, qui disait qu'elle était la poésie même, Chateaubriand qui lui écrivit ceci : « Vous êtes mon étoile et je vous attends pour aller dans l'Ile enchantée. » L'Abbaye-au-Bois, une sorte de couvent fondé en 1640, devint grâce à elle un salon intellectuel des plus réputés. Elle vivait, nous apprend la duchesse d’Abrantes, citée par Chateaubriand dans ses propres Mémoires « dans un petit appartement au troisième étage, carrelé, incommode, dont l’escalier était des plus rudes à monter, ce qui ne l’empêchait pas d’être gravi chaque jour par les plus grandes dames du faubourg Saint-germain et par tout ce que Paris comptait d’illustrations. » N’est-il pas extraordinaire de songer que les Mémoires d'Outre-tombe y furent lus par leur auteur dans leur intégralité ? Là se croisèrent, outre Ballanche et Chateaubriand, Benjamin Constant, Jean-Jacques Ampère, Alexis de Jussieu, Victor Cousin, Talma, Balzac, et le peintre Gérard qui l'a immortalisée dans la pose célèbre qu'on connaît d'elle. Un autre tableau de Juliette, peint par David en 1800 et exposé au Louvre, lui valu par toute l'Europe le surnom de dame au sofa. Juliette Récamier ne fut-elle pas l'une des femmes les plus portraiturées de son temps, davantage encore que ne le fut l'impératrice Joséphine elle-même ? Plus rare est l'occasion d'admirer le splendide buste d'elle en marbre blanc ci-dessous, de J.Chinard, exposé au Musée de Lyon. Le maire de Lyon Edouard Herriot fut l'un des ses plus fervents admirateurs post-mortem puisqu'il lui consacra une biographie en deux volumes, "Madame Récamier est ses amis".

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    Juliette Récamier mourut du choléra, le 11 mars 1849, à soixante-deux ans. « Au milieu des préoccupations si vives qui pèsent en ce moment sur tous les esprits, l'élite de la société parisienne vient d'être douloureusement frappée d'une perte qui laisse après elle un irréparable vide. Madame Récamier a été enlevée en quelques heures à l'affection de ses amis. Le nom que nous venons de tracer dit tout. Il ne rappelle pas seulement l'idéal de la beauté, de la grâce accomplie, de l'amabilité la plus parfaite : il rappelle encore toutes les délicatesses du cœur, de l'intelligence et de la vertu, et, par-dessus tout, la plus active, la plus ingénieuse, la plus angélique beauté. Objet de l'admiration respectueuse et passionnée des plus hautes et des plus poétiques célébrités de ce moment ... »

  • Servient

    Le 11 octobre 1711, on fêtait comme chaque année la fête Saint-Denis de Bron. Cette fête baladoire, qui s'étalait sur quinze jours, était une parfaite imitation des Bacchanales de l'Antiquité. Le nom du saint, qui fut le premier évêque de Paris après avoir contribué à l'évangélisation de la Gaule, provient d'ailleurs de Dionysos (Denys / Dionysos). Durant radisson_sas_hotel_lyon_exterior1_lyon_france.jpgsa fête, on échangeait des injures, des propos obscènes et orduriers. La tradition voulait même qu'on eût le droit, ce jour-là, de dire leur vérité aux gens en place rencontrés dans la foule, quelque fût leur rang. Or ce jour-là de 1711, les chroniques nous apprennent qu'il y eut « un grand tumulte » sur le pont du Rhône : revenant de la fête, la foule s'engageait sur le pont pour rentrer en ville. Au même moment débouchait en sens inverse le carrosse de Madame Servient qui se rendait en sa maison de la Part-Dieu.

    Arrivé au tiers de la longueur du pont, le carrosse ayant été accroché par une voiture venant en sens inverse, la foule le heurta. Pressés par ceux qui les suivaient, ceux qui étaient en tête furent écrasés. On dénombra deux-cent trente huit victimes. Madame Servient, née Catherine Mazenod, fut si frappée de l'événement qu'elle laissa - non sans charges - ses immenses domaines de la Part-Dieu à la direction de l'Hôtel-Dieu de Lyon. Là est l'origine de la fortune immobilière des hospices civils lyonnais. Le nom de madame Servient fut donné à la rue qui parcourt son ancien domaine dans toute sa profondeur, pour perpétuer le souvenir de cette donation.

    Napoléon supprima cette fête en 1811, à la suite d'une plainte de son oncle, le cardinal Fesch, archevêque de Lyon, qui avait été copieusement insulté au moment où il passait dans son carrosse, non loin du pont de la Guillotière.

    Quant à la rue Servient actuelle, elle abrite, depuis l’initiative du maire Pradel, la tour de la Part-Dieu dite le crayon en raison de sa forme. Au milieu du quartier affairiste de la Part-Dieu, son seul intérêt, outre le fait qu'elle est un dégagement commode pour les automobiles, demeure bel et bien dans ce lointain souvenir des fêtes de l'ancien temps.

  • Belges

    1718634504.jpgAvec le boulevard des Belges, nous entrons dans les Beaux Quartiers du sixième arrondissement. Je le place dans la catégorie « militaires » puisque les Belges furent en 14-18 nos alliés à la fois militaires et politiques et que c'est à ce titre qu'ils ont chipé au Nord le nom de ce grand boulevard non loin du parc de la Tête d'Or. En réalité, avant que s'y construisent sous le Second Empire les hôtels particuliers qu'on y voit à présent, le boulevard du Nord fut bien misérablement peuplé car il se trouvait ni plus ni moins sur l'emplacement des fossés qui constituaient l'enceinte de Lyon.
    Au numéro 28 de ce boulevard qui, après s'être complu dans l'ancienne zone, devint au vingtième siècle l'un des plus cossu de la ville, se trouva un temps le musée Guimet. Le bâtiment avait été dessiné par l'architecte Chatron, dans le style assez mastoque du néoclassicisme du XIXème siècle.

    La faible fréquentation du musée, délaissé des institutions et des savants, décida Emile Guimet (1836 - 1918) à mettre en vente l'édifice. En 1886, il fit donc transférer toutes ses collections orientales à Paris, dans un nouveau musée qui prit son nom. Pendant quelques années, on installa dans le bâtiment le palais de Glace, où la jeunesse snobe et raffinée de la ville allait découvrir les joies de se fréquenter en faisant du patin à glace. Et puis, un matin 1913, le bâtiment du 28 bd des Belges accueillit un nouveau musée des religions ainsi que le Muséum d'Histoire Naturelle qui cohabitait. C'est là que des générations de petits lyonnais se sont initiés devant des momies et des squelettes de dinosaures aux joies de la paléontologie et de l'égyptologie. Dans le grand hall se tenait le mammouth de Choulans, entièrement reconstitué. Ce musée est à nouveau fermé depuis le 2 juillet 2007, et on parle de transférer ses collections dans le nouveau musée des Confluences qui, aux dernières nouvelles, n'est pas près d'être achevé. Fantaisies lyonnaises obligent .

     

    Sur la photo, Emile Guimet dans son musée - peinture de F. Luigini (1898). Ci-dessous, le Palais de Glace

     

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  • Abbé Pierre

    La place de l'abbé Pierre (Lyon 9ème) n'est pour l'instant qu'un vaste terrain vague, à l'occasion un joli champ de boue. Elle existe pourtant depuis le 24 mai 20007, par une décision du Conseil Municipal de Lyon qui prit la décision d'attribuer à la future place centrale du quartier en construction sur le Plateau de la Duchère, face au lycée La Martinière, le nom d'Henri Groues, (1912-2007), qui venait de mourir. Devraient se trouver sur cette place quelques logements sociaux, un centre commercial, une médiathèque. A son emplacement auparavant se trouvait l'une des barres de la Duchère dont la démolition a été largement médiatisée.

    On connait les étapes les plus marquantes de l'existence de ce fils de négociant en soie de la bonne bourgeoisie lyonnaise : Ordonné prêtre en 38, il a pris le nom d'abbé Pierre durant la Résistance, à laquelle il prend part dans les maquis du Vercors et de la Chartreuse. « Mes amis ! Au secours ! Une femme vient de geler cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard de Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel on l’avait expulsée, avant-hier. Chaque nuit, ils sont plus de deux mille, recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu... »

    L'hiver 54, la croisade pour les sans-logis, les compagnons d'Emmaus, l'appel radiophonique à Radio-Luxembourg, tout cela constitue la première légende que le Roland Barthes, des Mythologies (1957) immortalise en une célèbre abbe_pierre2.jpgphrase : « Le mythe de l'abbé Pierre dispose d'un atout précieux : la tête de l'abbé. C'est une belle tête, qui présente clairement tous les signes de l'apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »

    Grâce à Roland Barthes, l'abbé devient, et bien avant Coluche ou Zidane, entre la DS et Brigitte Bardot, un symbole vivant des temps présents.

    La popularité de l'abbé renait dans les années quatre-vingts, lorsque son combat contre la misère se trouve réactualisé par ceux qu'on appelle dorénavant les sans-domicile-fixe. Le désengagement de l'Etat, aussi bien sous un gouvernement de gauche que de droite, face à l'installation conjointe de la crise, des formes de la nouvelles pauvreté, et du neo libéralisme mondialisant confère à cette figure moderne et solitaire une sorte d'aura, seule capable de terrasser dans des medias fortement idéologisés celle du tennisman ou du footballeur à l'heure de la coupe de monde de 1998. Cette starification irrationnelle, reconnaissons à Henri Groues le mérite d'avoir su l'utiliser pour la bonne cause sans en jouer à des fins personnelles. L'histoire dira si c'est suffisant pour en faire un saint.

    Cela dit, on peut penser, comme Barthes d'ailleurs le disait dès 1957, qu'une telle légende est le symptôme d'une maladie épouvantable de notre monde :

    « Je m'inquiète d'une société qui consomme si avidement l'affiche de la charité, qu'elle en oublie de s'interroger sur ses conséquences, ses emplois et ses limites. J'en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l'abbé Pierre n'est pas l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

    L'Abbé Pierre figure sur la fresque des Lyonnais située non loin du quai Sant-Vincent, en compagnie de Paul Bocuse et de Frédéric Dard.