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littérature - Page 2

  • Claude Farrère

    Fils d’un colonel d’infanterie coloniale, Frédéric Charles Bargone nacquit à Lyon, le 27 avril 1876. En 1894, il entra à l’École navale. Enseigne de vaisseau en 1899, il obtint en 1906 le grade de lieutenant. Affecté à l’artillerie d’assaut pendant la Première Guerre mondiale, il était capitaine quand fut signée la paix ; il démissionna en 1919 pour se consacrer à sa seconde passion : les lettres. N’étant pas démuni de bravoure, il s’illustra le 6 mai 1932 en s’interposant entre le président Doumer et son assassin, ce qui lui valut deux balles dans le bras. Après deux échecs — au fauteuil Richepin enlevé par Émile Mâle en 1927, et au fauteuil Jonnart qui échut à Maurice Paléologue en 1928 — Claude Farrère fut finalement élu à l’Académie française le 28 mars 1935, par 15 voix au second tour, au fauteuil de Louis Barthou. Il arrachait son fauteuil à un concurrent de choix, puisqu’il s’agissait de Paul Claudel, qui n’obtint que 10 voix. C’est le même Pierre Benoit qui recevait Claude Farrère sous la Coupole, le 23 avril 1936. Claude Farrere mourut le 21 juin 1957 et Troyat récupéra son fauteuil d'immortel

    417824697.jpgLors de son discours de réception à l'Académie, ce dernier raconte la façon dont Bargone devint un beau jour Farrere : Bargone avait envoyé son roman, Les Enervés, à Pierre Louys. Ce dernier, après l'avoir lu, l'invita à revoir quelques passages, à changer le titre (Les Enervés devinrent les Civilisés), et finalement à se choisir une nom d'auteur : "Le nom qu'on trouve sur un acte de l'état-civil est une calamité pour cent personnes contre une, dit-il. En tout cas, il ne convient jamais à l'oeuvre. Spinoza est un nom de danseur, et Ingres un nom horrible à prononcer". Bargone avança timidement, poursuit Troyat, "qu'il eût aimé signer Claude Ferrare. D'autorité, Pierre Louys inversa deux lettres. Ce fut ainsi que, pour la première fois, notre jeune écrivain entendit résonner à ses oreilles un nom qui allait le rendre illustre : Claude Farrère" En 1905 en effet, le roman sauvé des eaux par Pierre Louys obtenait le prix Goncourt. D'autres suivraient, Fumée d’opium, L’Homme qui assassina, Mlle Dax, jeune fille, La Bataille, Les Petites Alliées, Thomas l’Agnelet).

    Durant l’entre-deux-guerres, Claude Farrère devait poursuivre cette œuvre plus qu’abondante, puisant à la double source du réalisme et de ses souvenirs d’officier de marine en Extrême-Orient. On pourra citer encore : La Maison des hommes vivants, Dix-sept histoires de marins, Quinze histoires de soldats, Bêtes et gens qui s’aimèrent, Les Condamnés à mort, La Dernière déesse, Les Hommes nouveaux, Mes voyages, La Marche funèbre, Le Chef Loti, Les Quatre dames d’Angora, L’Inde perdue, Forces spirituelles de l’Orient, L’Europe en Asie, etc,etc. De quoi remplir une étagère dans une bibliothèque de notable, n'est-ce pas ? Je ne sais pas qui, à présent, lit une ligne de Farrère.

    La rue du troisième arrondissement qui porte son nom pourrait tout autant s'appeler la rue des Oubliés, car elle s'appelait auparavant Gensoul.  Gensoul, du nom d'un chirurgien de l'Hôtel-Dieu(1797-1858), sorte de Homais local dont quelques brillantes opérations assurèrent la renommée : l'extirpation de la glande parotide, l'extirpation de l'os de la machoire supérieure - opérations considérées comme impossible avant lui, et pour lequel il reçut le prix Montyon.

     


    Photo : Couverture d'une réédition de Mademoiselle Dax, jeune fille, dont l'action se passe dans une famille de soyeux lyonnais, depot légal 1908

  • Juliette Récamier

    En novembre 1812, la partie de la rue Moncey s'étendant du cours Lafayette jusqu’au boulevard des Brotteaux, dans le sixième arrondissement de Lyon, reçut le nom de Madame Récamier, née Jeanne Françoise Julie Adélaïde Bernard. Elle était née à Lyon, le 3 décembre 1777. Son père était un notaire fort considéré, qui l’a plaça en pension au monastère de la Déserte, où elle avait une tante religieuse : Voici comment elle-même rappela sa sortie de cette maison

    « Je quitte à regret une époque si calme et si pure, pour rentrer dans celle des agitations. Elle me revient parfois comme un vague et doux rêve, avec ses nuages d'encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs. ».

    En 1793, Juliette épousa le banquier Récamier, lui aussi né à Lyon. Elle était alors âgée de seize ans, lui de quarante-deux. On a dit de ce banquier qu'il était peut-être l'amant de sa mère, et qu'elle était peut-être sa fille. De fait ce mariage resta de pure convenance, ce qui permit à Juliette, à partir de 1796, de recevoir en son salon du fastueux hôtel de la rue du Mont-Blanc tout ce que le monde parisien d'alors comptait de plus distingué. Elle contribua à lancer la fameuse mode à l'antique, le mobilier étrusque et les tenues à la grecque, si caractéristiques de l'Empire.


    En 1819, la ruine du banquier Récamier précipita sa rupture d'avec le grand monde. Elle se retira alors à l'Abbaye-aux-bois, ne gardant auprès d'elle que le strict nécessaire, et recevant ses plus fidèles amis parmi lesquels Ballanche, qui disait qu'elle était la poésie même, Chateaubriand qui lui écrivit ceci : « Vous êtes mon étoile et je vous attends pour aller dans l'Ile enchantée. » L'Abbaye-au-Bois, une sorte de couvent fondé en 1640, devint grâce à elle un salon intellectuel des plus réputés. Elle vivait, nous apprend la duchesse d’Abrantes, citée par Chateaubriand dans ses propres Mémoires « dans un petit appartement au troisième étage, carrelé, incommode, dont l’escalier était des plus rudes à monter, ce qui ne l’empêchait pas d’être gravi chaque jour par les plus grandes dames du faubourg Saint-germain et par tout ce que Paris comptait d’illustrations. » N’est-il pas extraordinaire de songer que les Mémoires d'Outre-tombe y furent lus par leur auteur dans leur intégralité ? Là se croisèrent, outre Ballanche et Chateaubriand, Benjamin Constant, Jean-Jacques Ampère, Alexis de Jussieu, Victor Cousin, Talma, Balzac, et le peintre Gérard qui l'a immortalisée dans la pose célèbre qu'on connaît d'elle. Un autre tableau de Juliette, peint par David en 1800 et exposé au Louvre, lui valu par toute l'Europe le surnom de dame au sofa. Juliette Récamier ne fut-elle pas l'une des femmes les plus portraiturées de son temps, davantage encore que ne le fut l'impératrice Joséphine elle-même ? Plus rare est l'occasion d'admirer le splendide buste d'elle en marbre blanc ci-dessous, de J.Chinard, exposé au Musée de Lyon. Le maire de Lyon Edouard Herriot fut l'un des ses plus fervents admirateurs post-mortem puisqu'il lui consacra une biographie en deux volumes, "Madame Récamier est ses amis".

    Chinard-J-Recamier-marbr.jpg


    Juliette Récamier mourut du choléra, le 11 mars 1849, à soixante-deux ans. « Au milieu des préoccupations si vives qui pèsent en ce moment sur tous les esprits, l'élite de la société parisienne vient d'être douloureusement frappée d'une perte qui laisse après elle un irréparable vide. Madame Récamier a été enlevée en quelques heures à l'affection de ses amis. Le nom que nous venons de tracer dit tout. Il ne rappelle pas seulement l'idéal de la beauté, de la grâce accomplie, de l'amabilité la plus parfaite : il rappelle encore toutes les délicatesses du cœur, de l'intelligence et de la vertu, et, par-dessus tout, la plus active, la plus ingénieuse, la plus angélique beauté. Objet de l'admiration respectueuse et passionnée des plus hautes et des plus poétiques célébrités de ce moment ... »

  • Vaise (grande rue)

    La majeure partie du neuvième arrondissement de Lyon est constitué par l'ancienne ville de Vaise, qui ne fut réunie à Lyon qu'en 1852, en même temps que deux autres communes, la Croix-Rousse (quatrième arrondissement) et la Guillotière (septième).

    On suppose que l'emplacement occupé par la commune fut longtemps un vaste étang qu'entouraient des terres incultes et couvertes de broussailles. De récentes découvertes archéologiques semblent attester une présence humaine sur ce territoire bien antérieure aux gallo-romains et aux gaulois. Lorsque les archevêques tenaient la ville, ils devaient s'y rendre de leur château proche (le château Pierre Scize) pour chasser le gibier et pêcher le menu poisson de Saône.

    Vaise : cet étrange nom viendrait de vacua (d'où l'ancien nom de Vaques). On l'a aussi fait dériver de vézia ou vezola, sorte de tuyau ou de canal d'irrigation.


    La grande rue de Vaise fut ouverte en 1776, lorsque se développèrent les rudiments d'une petite commune sur ce terrain à peine stabilisé. Elle demeura longtemps l'artère principale de ce faubourg peuple de mariniers et d’artisans. Plusieurs auberges, depuis plus longtemps installées, illustraient déjà la vocation de Vaise, à n'être qu'une commune de transit : quelques rois de France y déjeunèrent, (Charles VI, Henri IV, Louis XIV) notamment, avant de descendre la Saône en cortège jusqu'à Ainay). Napoléon, jeune officier, y logea.

    Difficile d’évoquer Vaise sans s’arrêter quelques lignes en compagnie de la haute et belle figure de Marius Mermillon (1890-1958), critique d’art lettré et gastronome et négociant en vins. Dans ses souvenirs (Carrefour des Hasards, 1956), Gabriel Chevallier rappelle à quel point il demeura, malgré la réussite,  « un pur Vaisois fidèle à Vaise ». « Flaubertiste raffiné », Marius Mermillon fut un défenseur de la peinture lyonnaise ; on lui doit d’avoir créé le groupe des Ziniars (1925), d’avoir collaboré à la revue Résonances, et publié plusieurs monographies d’artistes.

    Autre célébrité vaisoise, l'écrivain Georges Champeaux qui, dans son roman publié en 1919, (Le roman d'un vieux Groléen), décrit comme pas un le charme singulier de Vaise. Je recopie la description triviale qu'il a offert de cette grande rue de Vaise et de ses habitants, à la Belle Epoque. Une soirée, qui ressemble à une autre; une belle soirée quelconque après une journée de travail, qui ressemblerait à des milliers de soirées quelconques après une journée de travail comme il dut s'en vivre dans Vaise la quelconque, des milliers et des milliers, des centaines de milliers et des centaines de milliers de fois, jusqu'à ce que le quelconque de ces décors d’auberges, d’entrepôts et de gare d’eau l'emporte, et tragiquement, tout submerge :

     

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    « Vaise s'anime seulement au soir tombant, comme monte et se perd dans le ciel impassible la plainte déchirante des sirènes. Usines et entrepôts vomissent à pleins portails de sombres multitudes. Les tramways déversent incessamment le trop-plein d'employés dont s'engorge le jour le centre ville. Les ménagères s'activent aux dernières emplettes. Heure moelleuse où la rue se fleurit de lumière. La flamme des réverbères se teinte et s'amollit dans l'humidité vespérale. Des tâches d'or bavent aux glaces des vitrines. Et devant les cafés, une poussière de clarté qui s'éparpille semble un tapis de sable ensoleillé. Toutes ces boutiques qui s'allument, ce sont autant d'yeux qui s'ouvrent pour offrir au passant la douceur d'un regard. Mais le passant n'y prend pas garde. La ménagère ne songe qu'au souper à préparer. Le compagnon ne sait que sa lassitude. Et les mêmes midinettes qui partaient le matin alertes et pimpantes ont dépouillé leur allégresse. Le renfrognement de leur mine trahit avec le dégoût du logis misérable où il va falloir s'enfermer, la nostalgie des rues du centre ville où l'éblouissement des grands magasins, les toilettes hardies des femmes, les affiches violentes des cinémas clament insolemment la joie de jouir.

    La vie se charge de les attacher à ce quartier. Dans la désillusion brutale du mariage crouleront leurs rêves ingénus. Le souci du ménage les accaparera tout entières. A laver la vaisselle, éplucher les légumes, et tordre la serpillière, leurs mains auront tôt désappris les caresses des fanfreluches. Qui sait même si la négligence de la toilette n'ira pas jusqu'au goût pour le débraillé ? Alors le temps sera venu des tasses de café chez les voisines. Tout au long de l'après-midi, le chœur irrité des épouses retentira d'imprécations contre les mâles. Les langues poliront sans se lasser la masse informe où s'agglutineront les ragots des concierges, les confidences des coiffeuses et les révélations des femmes de ménage. Le charme de Vaise aura opéré. En vain la Saône nonchalante déploiera son grand geste de voluptueux abandon. Et toujours la douceur des crépuscules sera perdue. »

  • Auguste Bleton

    « Je fais simplement partie de ces promeneurs errants que parfois l’on rencontre  - surtout dans nos anciens quartiers – et qui s’en vont, laissant vaguer leurs pas et trotter leur imagination, admirant la vieille cité jusque dans ses verrues et vivant, pour une heure, dans un passé qu’ils évoquent avec plaisir.

    A  ceux qui auraient le goût de ces excursions mais qui hésitent à les accomplir seuls ; à ceux qui, les ayant faites, ne seraient pas fâchés de savoir ce que pense un autre et de relever dans ses dires quelque erreur ou quelque énormité, j’offre de cheminer ensemble à travers Lyon. Nos voyages ne seront ni longs ni dangereux, et d’ailleurs, Monsieur ou Madame, il ne tiendra qu’à vous de m’abandonner en route, pour peu que mes racontars vous soient à charge. »

     

    Ces propos, signés du pseudonyme de Monsieur Josse, auraient pu servir de préambule à ce blogue lui-même, tant son auteur s’y retrouve. C’est à Pierre-Auguste BLETON (1834-1911), lyonnais de bonne mémoire à qui a été attribuée une partie de l'ex-rue Deschazelles, sur le plateau de la Croix-Rousse,  qu’il convient pourtant de les rendre.

    Pierre-Auguste Bletonn joailler de formation, s'illustra dans la belle profession de rédacteur au Courrier de Lyon, à partir de 1884, puis  à Lyon Républicain en 1888. Il fut connu en France comme membre du conseil supérieur de la Mutualité. En 1885, il est devenu membre de l'Académie du Gourguillon, sous le pseudonyme évocateur et par lui choisi de Mami Duplateau. Il a laissé de nombreux ouvrages intéressant l'histoire lyonnaise :


    - Petite histoire populaire lyonnaise, Palud, 1885
    - Le peintre Gaspard Poncet, Storck, 1894
    -Tableau de Lyon avant 1789, Storck, 1894
    - Lyon pittoresque, illustrations de Drevet, Bernoux & Cumin, 1896
    - L'Ancienne Fabrique de soierie, Storck, 1897


    Enfin, sous  le pseudonyme de Monsieur Josse, pseudonyme que l’auteur de ce blog  ainsi que quelques-uns de ses amis, affectionne particulièrement, il a écrit deux ouvrages remarquables,  dans un genre qui faisait flores à la fin du dix-neuvième siècle : la promenade documentaire, archéologique & pittoresque à travers les rues ; monsieur Josse appelait ceci faire ses tournées hebdomadaires, en effet, ces errances digestives et de haute tenue tant morales qu'intellectuelles, étaient essentiellement dominicales. On ne dira jamais assez à quel point Lyon est une ville faite pour la marche. Voici donc le nom de ces deux ouvrages que la maison conseille vivement à tous ses visiteurs, cela va sans dire :


    - A Travers Lyon, illustrations de Drevet, Dizain & Richard, 1889
    - Aux environs de Lyon, Dizain et Richard, 1892

     

     

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    Page de titre gravée par Joannès Drevet (1854-1940) dans Auguste Bleton, Lyon pittoresque, avec une préface de M. Coste-Labaume, Lyon, Bernoux et Cumin, 1896, illustré de 5 eaux-fortes, 20 lithographies et 300 dessins à la plume par Joannès Drevet. (Collection Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 156436.)

  • Morellet

    On a donné à cette rue du sixième arrondissement le nom du philologue et littérateur abbé Morellet, né à Lyon le 7 mars 1727, dans une famille de marchand papetier, au sein de laquelle il fut l'ainé de quatorze enfants. Élevé chez les jésuites, il se passionna très tôt pour l'écriture et la rhétorique, auprès de son régent, l'abbé Fabri. A l'âge de quatorze ans, son père l'envoya au séminaire des Trente Trois à Paris pour achever ses études. Au début de sa carrière, dans les années 1750, l'abbé Morellet est séduit par les idées audacieuses des Lumières. Il collabore à l'Encyclopédie (articles Fils de Dieu, Foi, onomatopée, gomariste ...) et fréquente Turgot, M de Malesherbes, Diderot, d'Alembert.

    1654967105.jpgA la mort du pape Benoit XIV, il part à Rome pour assister au conclave qui s'y tient. C'est là qu'il découvre et traduit Le Manuel des Inquisiteurs de Nicolas Eymerich, qui parut en 1762. De retour à Paris, il réintègre la vie mondaine et le cercle des philosophes, où Voltaire le surnomme "l'abbé Mords-les" Après avoir assisté à la première de la fameuse comédie des Philosophes de Palissot (dont Diderot parle dans Le neveu de Rameau), il écrit une violente diatribe contre l'auteur, ce qui lui vaudra deux mois de Bastille en été 1761. Mois qu'il mit à profit en fréquentant assidument la bibliothèque de la Bastille. Outre quatre-vingt dix romans survolés, il lut alors Les Essais philosophiques de Hume, Tacite en entier et deux fois Agricola. Au livre X des Confessions, Jean Jacques Rousseau donne quelques détails de cette aventure. Effrayé par les événements révolutionnaires, Morellet gagne ensuite le parti de la réaction.

    Sa nièce, Madame Chéron, a pu animer grâce à lui et à ses réseaux un véritable cercle littéraire à Lyon. Il a eu de véritables querelles avec certains de ses contemporains, notamment Geoffroy et Grimm. Il fut reçu à l'Académie Française le 28 avril 1783. Lorsque l'Académie ferma, en 1792, c'est lui qui sauva les registres de délibérations, le manuscrit du Dictionnaire et les titres de la Compagnie, qu'il remit, en 1803, à l'Institut : cela vaut bien une plaque de rue !

    « Arrivé à l'âge de soixante-dix ans, et une époque où je ne suis plus très éloigné du terme de ma carrière, que les troubles au milieu desquels nous vivons peuvent d'un moment à l'autre abréger encore, je veux profiter du temps qui me reste pour jeter un coup d'œil en arrière sur le chemin que 'ai fait dans la vie, me rappeler les obstacles que j'y ai rencontrés, les moyens qui m'ont aidés quelquefois à les vaincre, les liaisons que j'ai formées, le caractère des hommes de quelques valeur que j'ai connus, les affaires de quelque importance publique auxquelles j'ai pris une faible part, enfin les événements de ma vie privée, et l'ordre de mes travaux littéraires. »  C'est ainsi que débutent les Mémoires de l'abbé Morellet, littérateur et religieux insolite, qui ne parurent qu'en 1821.

    L'abbé Morellet s’est éteint à Paris, le 12 janvier 1829