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Religieux - Page 2

  • Ainay

    Le mot semble rimer de soi avec lyonnais. Ou mieux, encore, avec aîné. Dans l’imaginaire collectif, Ainay est en tout premier lieu le pré carré des négociants anoblis, celui des hôtels particuliers, des cours intérieures, des fortunes discrètes et des mariages de convenance. A l’ombre de sa voûte, de sa basilique romane, de ses rues tranquilles, l’enclos d’Ainay conserve la discrétion légendaire des fortunes qui s’y perpétuèrent.
    L’étymologie du mot Ainay demeure très discutée. La plus probable demeure une lente altération du mot latin Canabae, car sur cette vaste plaine, jadis jonchée de flaques d’eau, les marchands gallo romains avaient installé leurs précaires entrepôts.

    On a pu aussi parler d’une expression grecque signifiant « vers le temple » (es naos), car les premiers historiens, dont Guillaume Paradin, ont longtemps localisé à Ainay le temple d’Auguste, situé en vérité, à Condate (pentes de la Croix-Rousse).

    Certains auteurs ont imaginé que des Grecs, exilés de leur patrie, étaient venus s’établir dans des temps fort reculés au confluent des deux rivières pour y fonder une Académie d’éloquence (athenaion en grec). Dans Tristan le voyageur de France de Marchangy (1826), on lit ceci :

    « La rue d’Ainay eut un charme secret pour ses premières colonies qui venaient s’établir de loin sur ce beau rivage d’où il sortit bien des fous. Cette école de sophistes s’appelait l’Athénée. Et le doux souvenir de la patrie, qui dura jusqu’au temps des Romains attirés sur les mêmes lieux par les mêmes penchants, bâtirent sur les ruines de l’école de la sagesse ce cirque d’éloquence forcée, où les orateurs qui ne pouvaient obtenir le prix, étaient jetés dans les flots de la rivière. Et comme je m’étonnais qu’il eut existé une pareille institution, on me répondit qu’elle avait été fondée par Caligula. Alors je n’eus plus rien à dire. »

    Il a été aussi question d’un autre terme grec évoquant les martyrs et signifiant «éternels» (athanacum), du nom du premier patron de l’église Saint-Martin, (Saint-Athanase), du nom d’un notable gallo-romain propriétaire d’une partie du terrain, d’une racine signifiant cours d’eau, d’où vient le mot Ain. Quelle étrange passion humaine, que l'étymologie, n'est-ce pas ?

    La place d’Ainay, telle qu’on la rencontre aujourd’hui, forme le parvis de la basilique Saint-Martin (voir ci-dessous), et se prolonge par la rue de l’abbaye d’Ainay. Si l'église est toujours là, l'abbaye a disparu depuis longtemps. Ainay, c’est aussi le terme générique qui désigne le quartier, « maussade et habité par une élite », écrivait Jean Dufourt en 1926 : Son roman, Calixte ou Introduction à la vie lyonnaise eut un succès considérable dans les années vingt, en contant les mésaventures d’un jeune parisien tombé amoureux d’une fille de riche famille lyonnaise, habitant naturellement ce quartier synonyme de la plus pure tradition catholique, où tout le monde se connait.
    « Nous nous engageâmes ensuite dans un dédale de ruelles et de places de bien pauvre mine. Et Calixte commença à saluer les passants avec une déférence qui me surprit. Et plus nous allions, plus les maisons s’élevaient, plus les rues s’effilaient, plus Calixte saluait »

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  • Abbé Pierre

    La place de l'abbé Pierre (Lyon 9ème) n'est pour l'instant qu'un vaste terrain vague, à l'occasion un joli champ de boue. Elle existe pourtant depuis le 24 mai 20007, par une décision du Conseil Municipal de Lyon qui prit la décision d'attribuer à la future place centrale du quartier en construction sur le Plateau de la Duchère, face au lycée La Martinière, le nom d'Henri Groues, (1912-2007), qui venait de mourir. Devraient se trouver sur cette place quelques logements sociaux, un centre commercial, une médiathèque. A son emplacement auparavant se trouvait l'une des barres de la Duchère dont la démolition a été largement médiatisée.

    On connait les étapes les plus marquantes de l'existence de ce fils de négociant en soie de la bonne bourgeoisie lyonnaise : Ordonné prêtre en 38, il a pris le nom d'abbé Pierre durant la Résistance, à laquelle il prend part dans les maquis du Vercors et de la Chartreuse. « Mes amis ! Au secours ! Une femme vient de geler cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard de Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel on l’avait expulsée, avant-hier. Chaque nuit, ils sont plus de deux mille, recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu... »

    L'hiver 54, la croisade pour les sans-logis, les compagnons d'Emmaus, l'appel radiophonique à Radio-Luxembourg, tout cela constitue la première légende que le Roland Barthes, des Mythologies (1957) immortalise en une célèbre abbe_pierre2.jpgphrase : « Le mythe de l'abbé Pierre dispose d'un atout précieux : la tête de l'abbé. C'est une belle tête, qui présente clairement tous les signes de l'apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »

    Grâce à Roland Barthes, l'abbé devient, et bien avant Coluche ou Zidane, entre la DS et Brigitte Bardot, un symbole vivant des temps présents.

    La popularité de l'abbé renait dans les années quatre-vingts, lorsque son combat contre la misère se trouve réactualisé par ceux qu'on appelle dorénavant les sans-domicile-fixe. Le désengagement de l'Etat, aussi bien sous un gouvernement de gauche que de droite, face à l'installation conjointe de la crise, des formes de la nouvelles pauvreté, et du neo libéralisme mondialisant confère à cette figure moderne et solitaire une sorte d'aura, seule capable de terrasser dans des medias fortement idéologisés celle du tennisman ou du footballeur à l'heure de la coupe de monde de 1998. Cette starification irrationnelle, reconnaissons à Henri Groues le mérite d'avoir su l'utiliser pour la bonne cause sans en jouer à des fins personnelles. L'histoire dira si c'est suffisant pour en faire un saint.

    Cela dit, on peut penser, comme Barthes d'ailleurs le disait dès 1957, qu'une telle légende est le symptôme d'une maladie épouvantable de notre monde :

    « Je m'inquiète d'une société qui consomme si avidement l'affiche de la charité, qu'elle en oublie de s'interroger sur ses conséquences, ses emplois et ses limites. J'en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l'abbé Pierre n'est pas l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

    L'Abbé Pierre figure sur la fresque des Lyonnais située non loin du quai Sant-Vincent, en compagnie de Paul Bocuse et de Frédéric Dard.

     

     

  • Saint Simon

    La plus grande partie de l'ancienne rue Saint-Simon a pris le nom de Sidoine-Apollinaire, l'évêque de Clermont, lors de sa création 4 juillet 1927. Le l'emplacement conserve le souvenir du marché aux bestiaux (les abattoirs), qui siégea à Vaise de 1855 à 1924, avant d'être transférés à la Mouche. En effet Saint-Simon est le patron des bouchers. Il semble d'ailleurs qu'à l'époque, le nom de Saint-Simon ait désigné une partie beaucoup plus vaste du quartier, puisque la rue Sidoine Apollinaire se nommait auparavant « chemin de Saint-Just à Saint-Simon ».

    Le marché aux bestiaux se tenait au n° 28 de cette ancienne rue, aux côtés des abattoirs. La Ville avaient acquis les terrains le 23 février 1855, auprès de messieurs Morand et Tissot, deux propriétaires vaisois. Durant ces quelques soixante dix-ans, le quartier respira grâce à sa présence. Un peu partout autour s'établirent des marchands de vin, qui glissaient quelques centilitres de sang dans leurs bouteilles. Le sang colle au vin et, retenant les impuretés, les clarifie. Il suffit d'en mettre fort peu, de bien agiter le tonneau et de laisser l'albumine nettoyer le tout, avant de le déposer au fond. Tous les bistrotiers de Vaise servaient de cette picrate-là.

    Le lundi, de nombreux chômeurs se rendaient à Vaise pour aller emboquer les veaux : il s'agissait de leur faire boire quinze litres de lait durant la nuit, pour qu'à le pesée du lendemain, ils valent le plus cher possible. Le truc avait été vite éventé, mais comme les prix s'étaient ensuite établis en conséquence, celui qui ne gavait pas ses veaux aurait perdu.

    Les bêtes arrivaient jusqu'au n°28 par la gare de Vaise, sauf les moutons qui débarquaient, eux, en bateaux par le port sur la Saône. On les poussait par la rue Saint-Pierre en une belle cohue matinale. Les toucheurs de bestiaux logeaient dans des cabanons de planches et jouissaient d'une mauvaise réputation : teigneux, pas fréquentables, malodorants, même leurs femmes ressemblaient à des armoires à glace. La police elle-même évitait de s'y frotter. Le marché connaissait aussi ses grands jours, avec ses concours d'animaux qui attiraient un jury plus distingué

    Les abattoirs, c'était le paradis des rats, évidemment. Lorsqu'ils furent transférés à la Mouche, les énormes rongeurs repus, souverains, qui n'avaient pas suivi, se retrouvèrent brutalement face à la faim et sortirent, affolées, par les rues : ils auraient dévoré les gens dans leurs lits et le quartier en a longtemps gardé le souvenir.

    Aujourd'hui la rue Saint-Simon abrite le dépôt ouest des transports en commun lyonnais, et l'une de ses extrémités se transforme en échangeur routier. La rue est redevenue hygiénique. Mais elle y a laissé son âme, et tous ses marchands de vin frelaté.

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  • Pierre Valdo

    On dit de Pierre Valdo qu'il était un homme riche et de bonnes mœurs quand la mort subite d'un de ses amis négociants, en 1160, lui fit soudainement prendre conscience de l'immense fragilité du bonheur terrestre. Aussi, après avoir nanti sa femme et ses filles, se dépouilla-t-il de toute son immense fortune en faveur des pauvres et des démunis. A cette époque (vers 1150), les richesses de l'Eglise de Lyon étaient considérables. Les frères de Saint-Etienne, devenus chanoines, se recrutaient parmi les plus riches et nobles familles de la place, et menaient le train de vie fastueux des plus grands seigneurs. Aussi Valdo se mit-il à prêcher contre l'ostentation des Princes de l'Eglise, touchant un nombre de disciples de plus en plus important : on les appela "Les Pauvres de Lyon". Ils laissaient croître barbes et cheveux, portaient capes ou capuchons, se chaussaient de sandales ou de sabots de bois, d'où ce surnom « d'ensabottés »   qu'on leur accola parfois. S'il s'attira de nombreux disciples, il ne se fit évidemment pas que des amis : La rue de la Poulaillerie en laquelle il habitait tout d'abord fut surnommée  « la rue Maudite »

    Valdo prêcha contre l'Institution du mariage, la hiérarchie trop stricte de l'Eglise, malgré les interdictions que lui fit l'archevêque de Lyon. Il soutenait que tout laïque pouvait prêcher, confesser, et célébrer la messe, point de vue ce que le Concile général de Latran condamna en 1179. L'archevêque Jean de Bellême anathémisa Pierre Valdo, lui et certains de ses disciples (les Vaudois) furent excommuniés par le pape Lucius III.

    Voici les six points que défendaient les Vaudois et qui leur valurent tel traitement :


    1 Les Pauvres refusent l'obéissance au pape et aux prélats
    2 Tout le monde a le droit de prêcher
    3 Dieu doit être obéi, plutôt que l'homme
    4. Les femmes peuvent prêcher
    5 Messes, prières et aumônes pour les morts ne leur servent à rien.
    6 La prière dite de cœur au lit, dans une chambre ou dans une écurie et tout aussi efficace que la prière dite à l'église.


    Pierre Valdo dut s'exiler d'abord dans les Pays Bas, puis en Allemagne où il trouva une mort qu'on imagine consolante. En 1194, Alphonse II d'Aragon déclara les Vaudois indésirables en son domaine, et son fils les condamna au bûcher. Malgré les nombreuses persécutions, il en resta en Bohême, en Suisse, en Savoie et en Piémont. Et cependant, à la fin du XIXème siècle, on en comptait encore 20.000 en Piémont.

    La rue qui porte le nom Pierre Valdo, dans le cinquième arrondissement, était auparavant un chemin vicinal.

  • Macchabées

    En voilà un nom de rue extraordinaire : J'habite rue des Macchabées ! On va boire un pot, rue des Macchabées ? Il y faut de l'humour, et si possible teinté de noir... Le nom rappelle, en réalité, une église dédiée aux sept frères Macchabées et décrite par Sidoine Apollinaire comme l'une des plus belle du temps que le Lyon gallo-romain jetait ses pleins feux. Elle a été remplacée par l'actuelle église de Saint-Just, sur le portique de laquelle on peut lire : Macchabeis primo, deinde sancto Justo, ce que les potaches du lycée de Saint-Just mitoyen traduisirent longtemps Macchabée, première dinde de Saint-Just ...

    D'après les martyrologues lyonnais, les sept frères Macchabées furent martyrisés en 167 avant Jesus Christ et une légende voulut que leurs restes parvinrent jusqu'à Lyon où ils furent déposés, avec ceux de Saint-Just, dans cette ancienne basilique, à laquelle on donna alors leur nom.

    Macchabées, cependant, ne pourrait-il pas tout aussi bien être un nom commun (synonyme, je le rappelle de cadavres)? Aux moindres travaux, cette étroite artère ne se transforme-t-elle pas, en effet en site archéologique ? La pose d'un égout au milieu de la rue a récemment révélé la présence d'une nécropole mérovingienne au sud-ouest de l'emplacement de l'ancienne basilique : Quatre sarcophages trapézoïdaux, deux épitaphes chrétiennes y ont été mis à jour. Pendant l'hiver 1952-1953, sept sarcophages chrétiens du début du VIème siècle avaient été découverts. Un peu avant, devant le n° 82, des sarcophages d'enfants et plusieurs inscriptions chrétiennes du IVème siècle. En 1903/1904, lors de la construction de l'immeuble au numéro 18, d'autres sarcophages. Construite sur une superposition de cimetières dans lesquels se sont empilés tout ce que la ville a connu de notoriétés gallo-romaines puis burgondes, elle porte décidément bien son nom, destiné à intriguer les profanes, effrayer les enfants, amuser les potaches, inquiéter ses habitants et passionner les archéologues...

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    Eglise Saint-Just, à l'emplacement de l'ancienne église des Macchabées
  • cardinal Gerlier

    Pierre Marie Gerlier est né le 14 janvier 1880 à Versailles. Il fut nommé archevêque de Lyon en 1937, après avoir été ordonné prêtre en 1921. Il fut évêque de Tarbes et de Lourdes (1929) avant d'être primat des Gaules durant 27 ans jusqu’à sa mort le 17 janvier 1965. Le cardinal Gerlier fut très aimé à Lyon, en raison de ses positions courageuses lors de l'Occupation. Après avoir fait allégeance au régime de Pétain en novembre 1940 (la formule en chiasme est demeurée célèbre : « Aujourd'hui, Pétain, c'est la France et la France, c'est Pétain »), il se distancia de plus en plus de la politique du maréchal lorsqu'il prit conscience des effets de sa politique. Dès lors, on vit le cardinal Gerlier voyager à travers tout le diocèse en protestant contre les fusillades d'otages et les déportations. Il intervient personnellement pour protester contre la loi du Service du travail obligatoire qui, dira-t-il « n'oblige aucunement en conscience car elle est injuste ». Il pèse de tout son poids pour obtenir la libération du chef communiste Jean Chaintron, sur le point d'être exécuté. Il multiplie les interventions auprès de la Gestapo pour obtenir la libération des prisonniers de Montluc. Il secourra de nombreux israélites persécutés.

    Le 30 aout 1942, le cardinal Gerlier fait lire dans toutes les églises du diocèse, une semaine après l'évêque de Toulouse, une protestation publique contre la déportation des Juifs : « Nous savons les sentiments personnels du Chef de l'Etat. Mais nous ne pouvons, comme Evêque et comme Français, songer sans un serrement de cœur à tout ce qui, dans la nature des traitements subis ou de ceux à prévoir, comme dans l'organisation matérielle des convois, méconnait les droits essentiels de tout être humain et les règles fondamentales de la charité... » Dans un bras de fer qui l'oppose au préfet du Rhône, Gerlier sauve de la déportation cent huit enfants de Vénissieux, dont il organise le départ en Suisse.
    Après la Libération, Gerlier eut ce genre de formule heureuse qui achève de fonder une légende : A un journaliste qui lui demandait s'il ne songeait pas, vu la popularité qui était le sienne, à viser le siège Paris, le cardinal répondit malicieusement, faisant allusion au fait que le premier évêque de France, de par son statut de primat des Gaules, est celui de Lyon : « Mon cher, vous n'y pensez pas. On ne descend pas de Lyon à Paris. »

    Le 15 juillet 1980, le cardinal Gerlier a reçu le titre de Juste des Nations.

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    Le 15 juillet 1980, le cardinal Gerlier a reçu le titre de Juste des Nations.

     
  • Sidoine Apollinaire

    La rue Sidoine Apollinaire traverse, derrière le quartier de Trion, la vaste plaine de Gorge de Loup et conduit le badaud de Saint-Just jusqu'à Vaise, dans le neuvième arrondissement. L'évocation de Sidoine nous ramène au cinquième siècle puisqu'il naquit, croit-on, vers 438, d'une famille gallo-romaine chrétienne et aristocrate. Fils et petit fils de préfets du prétoire des Gaules, gendre de l'éphémère empereur romain Avitus qui ne régna qu'un an (456), et pour lequel il accomplit son premier exploit poétique : c'est à lui que revint, le 1er janvier 456, l'honneur de prononcer à Rome le panégyrique du nouvel empereur. Sidoine Apollinaire fut le témoin de cette époque où entrèrent en contact deux civilisations : celle de l'Empire romain d'Occident et celle des Wisigoths, à Lyon, les Burgondes.

    Ressentant ces invasions massives comme une fin programmée de la culture, il se consacra à une carrière ecclésiastique qui fit de lui l'évêque d'Arverni (de Clermont) en 471, Averni que menaçaient les Wisigoths.

    Sa solide culture classique transparaît au travers de l’œuvre littéraire importante qu'il laisse : notamment ses Carmina (24 poèmes) ses Panégyriques (Anthemius, Majorien et Avitus) et ses Epistulae (146 lettres répertoriées), divisées en neuf livres par Sidoine lui-même, sur le modèle des collections analogues de Pline le jeune et de Symmaque. Le livre I semble avoir été publié seul en 469, avant l’épiscopat, les livres II­I à V en 477, le livre VIII en 479 et le livre IX vers 482. Ce sont des « lettres d’art » et il n’est pas sûr que toutes aient envoyées à leur destinataire. La collection ne suit pas un ordre chronologique mais elle cherche à présenter une certaine variété dans les sujets traités.

    L'un des extraits les plus célèbres, extrait d'une lettre de 469 relate la dédicace de la primatiale de Lyon, érigée entre la rivière et le bas de la colline :

    « Ici la colline résonne, là la Saône renvoie l’écho ; d’un côté se réfléchit le bruit du piéton, du cavalier et du conducteur de chars grinçants, de l’autre le chœur des rameurs courbés élève vers le Christ le chant rythmé de la rivière, tandis que les rives répondent en écho alléluia. Chante, chante ainsi, matelot ou voyageur, car c’est ici le lieu où tous doivent se rendre, le lieu où se trouve la route qui mène au salut ».

    A la mort de Sidoine, un ancien monde s'en est allé, pour jamais. Un siècle après l'évêque poète et épistolier, une autre évêque, Grégoire de Tours (538-594) introduit son Histoire des Francs en affirmant que le culte des Belles Lettres et celui de l’Eloquence, tel que les Gallo-romains l’avaient, à l’imitation des Latins, longtemps pratiqué est en décadence dans les villes de Gaule. Sidoine est mort : « la barbarie des peuples se déchaîne. La violence des rois redouble. »

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    Le vitrail ci-dessous se trouve à la cathédrale de Clermont.