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  • Vitton

    Autrefois, tout le quartier de la rive gauche appartenait à la commune de la Guillotière. Celle-ci avait été réunie une première fois à Lyon en 1793. Occupée par les armées de la Convention, elle recouvra son indépendance le 12 août 1793 et fut incorporée au département de l'Isère (district de Vienne-la-Patriote). La Guillotière a été annexée entièrement à Lyon en 1852, tandis qu'étaient rattachées au département du Rhône les communes de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Bron et Saint-Fons. Cette même année 1852, Lyon fut divisée en arrondissement. La Guillotière formait le 3ème arrondissement. Par la suite, d'autres arrondissements furent créés, ce qui donna naissance au 6ème (1867), au 7ème (1912) et au 8ème (1959). La population de la rive gauche a considérablement augmentée durant le XIXème siècle, passant de 6000 habitants (1802) à 35 000 (1850) et 150 000 vers 1900. C'est à l'ingénieur Morand qu'on doit l'idée d'urbaniser cette rive gauche du Rhône. C'est pourquoi le pont qui permet le franchissement du fleuve face à la place Tolozan porte aujourd'hui encore son nom. Du temps de l'enfance de Puitspelu (cf Les Oisivetés du sieur Puistpelu, ch. "Les Montagnes"), les Lyonnais appelaient ce qui est aujourd'hui le cours Vitton "La Grande Allée". Cette grande Allée est devenue ensuite le cours Morand, puis le cours Vitton.


    Ecoutons Puitspelu lui-même, qui écrivit les lignes que voici en 1889 : "Nous allons prendre la Grande Allée, qu'on nomme aujourd'hui cours Morand. Cette grande Allée était creuse dans le milieu, où l'on avait laissé subsister le sol naturel. A droite et à gauche, des chaussées, auxquelles on accédait par des talus gazonnés. Les arbres étaient placés à l'inverse d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils étaient dans le milieu, dans la partie creuse. Beaucoup plus drus que les "ch'tis" platanes d'à présent, pour autant qu'il se trempaient les pieds dans l'humus frais, au lieu que ceux d'aujourd'hui les baignent dans les cailloux du Rhône qui ont servi de remblais. Cette grande Allée était tellement la promenade favorite des Lyonnais que, le dimanche, on disposait de chaque côté un triple rang de chaises qui, à certains jours de fêtes, étaient toutes occupées pour voir le défilé des promeneurs et des équipages. Dans la Grande Allée, bien entendu, aucune maison, mais de nombreux établissements de plaisir. D'abord, à droite, en allant à l'Orient, le petit Tivoli, où depuis un certain nombre d'années, Mourguet avait son théâtre Guignol (...). Après Mourguet, occupant l'espace entre l'avenue de Saxe et la rue Vendôme, se trouvait le café du Grand Orient, nom venu sans doute de la loge maçonnique de Cagliostro. A gauche, un cirque qui fut construit en 1818 par l'écuyer Désorme. Il fut incendié plus tard. Puis le Jardin Chinois , montagnes lilliputiennes basses (...) Après cela, il y avait dans la Grande Allée en se dirigeant vers les Charpennes nombre d'autres établissements, le jardin Montansier, des Vauxhalls, comme c'était alors la mode d'appeler les salles de danse, des tirs au pistolet. Ceux-ci dsparurent les derniers et il me souvient d'un être encore allé souvent tirer en 1850."

    Cette description de la Grande Allée, avant qu'elle ne devînt un cours urbanisé et prît les noms successifs de Morand et de Vitton, fort pittoresque (comme tout ce qu'a écrit le bon Nizier du Puitspelu) nous a occupés un bon moment. Elle évoque un espace bien différent de l'actuel cours, bordé d'immeubles bourgeois et de commerces luxueux. Je dirai simplement, pour le rapport avec le début de ce billet, que Henri Vitton, né en 1793, était maire de la Guillotière et que c'est lui qui, bien après la mort de Morand sous la guillotine (voir le billet sur la place Lyautey) et bien avant l'annexion transforma la "Grande Allée" en un cours qui prit son nom lorsqu'il mourut en duel en 1834. Les Vitton étaient une véritable dynastie, dont on a déjà parlé à propos de la rue Ferdinand Buisson, et que commémore également, dans le troisième arrondissement, le cours Richard-Vitton (Richard étant le nom du gendre et Vitton celui du beau-père)


    Sur le blog « certains jours »une photo des platanes, à l'entrée de la place Lyautey et du cours Vitton. Là se cache une forêt, connu des seuls poètes et de quelques génies. Mais chut ! Là, nous touchons à la légende.

     

  • Louis Pize

    Le 23 mai 1983 était inaugurée la rue Louis Pize à la Croix-Rousse, non loin des cimetières (ancien et nouveau). Elle honorait un poète ardéchois né le 18 mai 1892 à Bourg-Saint-Andéol, petite ville située en bordure du Rhône. Son père exerçait la profession d’inspecteur de l’enregistrement. Il mourut en 1903, alors que le jeune Louis n’avait que onze ans. Brillant élève au lycée Gabriel Faure de Tournon sur Rhône en Ardèche, il s’installe en 1909 avec sa mère et sa sœur à Lyon. Inscrit à la faculté de droit, il obtient une licence mais demeure plus attiré par les Lettes. Il publie en 1913 son premier recueil de poèmes, pour lequel il reçoit les félicitations de Francis Jammes. Blessé à Saint-Dié (dans less Vosges)  durant la guerre de Quatorze, il est décoré de la Croix-de Guerre.

    En 1922, il se marie avec G. Ricard et abandonne le droit pour se tourner vers l'enseignement. Il devient alors professeur de Lettres classiques à l'Externat St-Joseph de la rue Sainte-Hélène à Lyon en 1924. Louis Pize est auteur d’une pièce de théâtre d’ouvrages historiques et touristiques, mais surtout de recueils de poèmes Élu membre de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il en devient président en 1964. Avec Charles Forot, il participe à la création des Editions du Pigeonnier à Saint-Félicien. A sa retraite, celui que ses amis appelaient le « Virgile du Vivarais » se retire dans sa maison de Saint-André-en-Vivarais. Il s'éteint le 4 septembre 1976. Il aura collaboré à de nombreuses revues dont La Revue du Vivarais, La Revue des Deux-Mondes, Le Mercure de France.

    La poésie de Louis Pize est de facture classique. Parmi les recueils importants qu’il a écrits, on peut signaler :

    • La Couronne de Myrte. Les Essaims nouveaux et chez Emile Paul (1919).
    • Les Pins et les Cyprès. Garnier, Paris (1921). Prix Villard, du Conseil Général de l'Ardèche.
    • Les Feux de Septembre. Garnier, Paris (1931). Prix Emile Blémont de la Maison de Poésie.
    • Le Bois des Adieux (1949). Editions I.A.C. Lyon-Paris. Prix Alfred Droin, de la société des Gens de Lettres.
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