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  • Mouloudji

    La rue Mouloudji  vient de voir  le jour en même temps que la rue Edith Piaf, dans le quartier de la Duchère à Lyon. Curieusement, dans la concertation sur les nouvelles dénominations des rues à la Duchère (mars 2006), on trouve cette phrase pour justifier le choix : « Son père est kabyle et sa père bretonne catholique fondamentaliste. » Espère-t-on faire un chanteur de la Rue de Lappe un modèle d’intégration réussie, à l’heure du tout métissage ?  

    Le père de Mouloudji, algérien né à Sidi Aïch (l'orthographe Kabyle de son nom est Marsel Muluği) fut jeune pâtre, puis agriculteur avant de venir en France où il s’inscrivit, au Parti communiste. Il épousa en effet une jeune Bretonne, catholique traditionnaliste qui lui donne deux fils : André et Marcel (septembre 1922). Mais cette dernière est bientôt internée pour désordre mental et le père analphabète ne sait comment élever ses deux fils dont le premier est très 18818190_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20070907_074214.jpgmalade. La chance de Mouloudji se nommera Jean-Louis Barrault. C'est lui qui lui ouvre les portes du Paris artisitique des années quarante.  En 1938, il figure dans le film Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque. Dans les cabarets en vogue, il chante Boris Vian (Le Déserteur) ou Jacques Prévert, interprète son rôle dans le film Eaux troubles de Henri Calef en 1949 et participe à Boule de Suif (Christian-Jaque, 1947) et Nous sommes tous des assassins (André Cayatte, 1952- cf. photo ci contre et affiche ci-dssous). Il obtient un premier grand succès dans la chanson grâce à son interprétation de La Complainte des infidèles, extraite du film La Maison Bonnadieu de Carlo Rim (1951). En 1958, il fait sa dernière apparition au cinéma dans Rafles sur la ville de Pierre Chenal et dans un film hispano-suédois, Deux hommes sont arrivés (Llegaron dos hombres).

    Avec Jacques Canetti aux « Trois Baudets » Mouloudji  se dirige vers le succès. Comme un p'tit coquelicot obtient le Grand Prix du disque 1953 et le Prix Charles-Cros en 1952 et 1953. Même succès, en 1954, avec Un jour tu verras, chanson extraite du film à sketches Secrets d'alcôve).

    En 1970, il est sur la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin dans la comédie musicale La Neige en été, aux côtés de Nicole Croisille et Régine. En 1976, il enregistre avec l'accordéoniste Marcel Azzola une anthologie du musette, Et ça tournait. En 1980 il sort un album Inconnus Inconnues et donne d'innombrables concerts dans tout le pays, dont les médias s'en font rarement l'écho. Fatigué, il consacre plus de temps à l'écriture et à la peinture, ses anciennes amours. On le retrouve sur scène en 1987 à l'Élysée Montmartre.

    Il publie ses souvenirs de jeunesse : Le Petit Invité chez Balland en 1989, La Fleur de l'âge chez Grasset en 1991, puis Le Coquelicot aux éditions de l'Archipel, en 1997.

    En 1992, une pleurésie lui enlève en partie sa voix. Cela ne l'empêche pas d'enregistrer un album qui ne verra cependant pas le jour. On l'entend, le 17 novembre 1993, chanter dans la carrière de la Sablière à Chateaubriant (Loire-Atlantique), où avaient été fusillés 27 communistes, dont le jeune Guy Môquet, le 22 octobre 1941.

    En mars 1994, il est invité au festival Chorus des Hauts-de-Seine en région parisienne. Puis, il donne un ultime récital près de Nancy en avril.

    Il s'éteint le 14 juin 1994. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

     

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  • Edith Piaf

    Une rue Edith Piaf à la Duchère ?

    On cherche en vain dans la biographie de la fameuse chanteuse un quelconque rapport entre elle et le neuvième arrondissement de Lyon. Mais c’est ainsi.

    Dans sa séance du 18 septembre 2006, deux années avant le triomphe de Marion Cotillard aux Oscars, le délibéré signé par Alain Touraine justifie la décision de cette création (en même temps que celle d’une allée) ainsi : "Edith Piaf (1915-1963) fut une chanteuse très populaire et reste aujourd’hui la chanteuse française la plus connue internationalement." En même temps que cette rue Edith Piaf sont créées la rue Victor MUHLSTEIN (1922-2003), un militant associatif du quartier, la rue MOULOUDJI (1922-1994) et la rue Arthur RIMBAUD.

    Non loin de là se trouvait déjà une rue Marcel Cerdan, là où la barre des 200 récemment dynamitée. La rue Edith Piaf relie désormais la plus ancienne rue Marcel Cerdan à la rue Mouloudji. Histoire de placer le nouveau quartier sous le signe de la chansonnette ? Ou le signe de l'amour é-ter-nel ?

    La rue Edith Piaf demeure en cours de construction. Ci-dessous, une photo prise il y a deux ans, de son emplacement (on voit au fond la tour panoramique). Fin des travaux prévus pour l'automne.

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  • Professeur Grignard

    Victor Grignard, né le 6 mai 1871 à Cherbourg où son père était chez d’atelier à l’Arsenal, a sa rue dans le septième arrondissement de Lyon, non loin des universités, du quai Claude Bernard jusqu’à la place Jean Macé. Bachelier en 1887, il avait obtenu du lycée de Cherbourg qui porte à présent son nom l’assurance de recevoir une bourse pour préparer le concours de l’Ecole Normale Supérieure. Malheureusement l'Exposition Universelle de 1889 coûta si cher que la ville de Paris supprima les bourses et, ses parents n'ayant pas de quoi lui payer la préparation au concours espéré, il fut amené à présenter en 1889 celui d'entrée à l'École Normale Secondaire Spéciale de Cluny. Cette dernière fermant ses portes en 1891, lors d'une réforme des études secondaires, il fut, avec ses compagnons, affecté à la faculté des sciences de Lyon, dans laquelle il devint dès la rentrée 1895 préparateur, pour un salaire de mille deux cents francs par an. A la rentrée de 1895,  il travailla directement avec Philippe Barbier (1848-1922) dont il devait plus tard dresser le portrait suivant : «Elève de Berthelot, c’était un esprit très indépendant, qui n'avait pas craint, malgré l'autorité du Maître, d'adopter d'enthousiasme la théorie atomique.  De caractère un peu rude, il intimidait les débutants […]. Sa science chimique était très vaste, il remuait constamment des idées nouvelles […]... et s'il les abandonnait parfois un peu vite, sans les avoir retournées en tous sens, je serais mal venu à lui en adresser le reproche puisque s'il ne m'avait pas, après quelques essais peu encourageants, complètement abandonné l'emploi du magnésium en chimie organique, je n'aurais pas eu l'occasion de faire la découverte que vous savez.  C'est avec une profonde émotion que j'évoque le souvenir des 14 années vécues près de lui et de la sincère amitié qui nous a liés ».

    Grignard eut en ce temps là ses habitudes à la Brasserie Georges. L'examen des cahiers de laboratoire de Grignard a permis de suivre la mise au point du réactif qui porte son nom : formation préalable dans l'éther d'une solution du réactif auquel il  attribua tout de suite la formule RMgX, et ensuite seulement addition du réactif carbonylé.  Le 18 juillet  1901, il soutint sa thèse de chimie (Sur les combinaisons organomagnésiennes mixtes et leurs applications à la synthèse d'acides, d'alcools et d'hydrocarbures »), est encouragé par Berthelot, et devient peu à peu une célébrité à tel point que des néologismes se créent pour qualifier ses expériences (« grignardiser » ou « faire un grignard »).

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    Victor Grignard enseigna la chimie à Besançon et Nancy (où naquit son fils unique) avant de partager avec Paul Sabatier un Nobel de Chimie en 1912. Il est mobilisé deux ans plus tard comme garde-côte dans la région de Cherbourg puis nommé grâce à des appuis à la direction du matériel chimique de guerre, dont le laboratoire est à la Sorbonne. C’est là qu’il analyse les produits asphyxiants utilisés par les Allemands. On le retrouve en 1917 aux Etats-Unis, où il donne des conférences sur les relations entre la science et l’industrie en temps de guerre. Après l’armistice, il s’installe à nouveau à Lyon, d’abord non loin de la magnifique Ile Barbe, puis dans une villa proche de la faculté de médecine. Il est élu en 1926 à l’Académie des Sciences, dont il devient doyen trois années plus tard.

     

    Le 14 décembre 1935, il meurt dans sa  66ème année à la clinique Saint-Charles, après avoir dirigé la publication en 23 tombes chez Masson d’un gigantesque Traité de chimie organique.

    Ci-dessous et de sa main, sa devise, empruntée sur le site du lycée qui porte son nom :

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    Chacun de nous a son étoile. Suivons-là en nous félicitant de la voir chaque jour un peu plus loin

  • Berjon

    Vaise possède normalement sa rue Antoine Berjon puisque c’est dans cette commune, où son père était boucher, que naquit le peintre, le 17 mai 1754. La rue Berjon, qui traverse dans le neuvième arrondissement ce quartier en cours de réhabilitation, est celle où se trouve à présent le bric-à-brac  du foyer Notre-Dame des sans abris.

    Berjon apprit à dessiner auprès d’Antoine Michel Perrache, professeur à l’Ecole de dessin de Lyon, avant d’entrer dans une maison de soieries. La Révolution l’obligea à quitter Lyon pour Paris, où à partir de 1794, il  put compléter sa formation auprès du portraitiste et miniaturiste Jean Baptiste Augustin (1759-1832). Berjon exposa régulièrement au salon de Paris avant de regagner Lyon en 1810 pour devenir professeur de « la classe de la fleur » à l’école des Beaux-arts où il forma quantité d’élèves au métier de dessinateur de la soierie. « Ses remarquables compositions le placent au premier plan dans le genre, tant il restitue la texture même des végétaux, jusqu’à se soucier de la transparence des gouttes de rosée. », écrit Bernard Gouttenoire, dans son Dictionnaire des peintres & sculpteurs à Lyon.

    En 1823, Pierre Revoil, un de ses élèves, le fit destituer en raison de ses sympathies persistantes pour l’Empire. Il continua durant une vingtaine d’années à dessiner et à peindre, avant de mourir en solitaire, en 1843.

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    A l'orée du XIXème siècle, Berjon fut le tout premier des dessinateurs à délaisser l’anonymat de la Fabrique, le « bagne de la peinture », comme le nommera plus tard Baudelaire, pour faire une carrière en solo. Peintre minutieux du détail, du moindre grain de matière,  il entreprit également une œuvre de portraitiste qui demeura longtemps confidentielle : quelques autoportraits conservent le souvenir de son visage, taillé à coups de serpe et de son regard d’aigle. Ses portraits célèbrent des figures de la société lyonnaise sous l’Empire (Monsieur et Madame Dutillieu, Madame Augias, Mademoiselle Bailly.)

    Berjon est enterré au cimetière de Loyasse. A l’intérieur du palais Saint-Pierre on peut voir un médaillon de bronze à son effigie..

  • Maryse Bastié

    Marie Louise Dombec est née à Limoges, le 27 février 1898, dans une modeste famille. A onze ans, elle devient orpheline de père. Elle débute sa vie professionnelle dans une manufacture de chaussures, comme piqueuse sur cuir. On la retrouve, avec la guerre de 14, employée dans une fabrique de blouses pour les armées.

    D’un premier mariage, elle a un fils qui meurt très jeune de la typhoïde. Après la guerre, elle devient dactylo à la Compagnie d’électricité de Limoges, puis épouse son filleul de guerre, Louis Bastié, membre de la phalange des pilotes aviateurs. Le couple s’installe alors à Cognac, puis Mérignac où Louis est instructeur à l’Ecole d’aviation. C’est là qu’elle apprend à piloter et qu’elle obtient son brevet le 29 septembre 1925 ; Une semaine plus tard, elle passe avec son avion sous les câbles du pont transbordeur de Bordeaux. Mais une triste fatalité parait s’être nichée au cœur du destin de cette femme puisque le 15 octobre de l’année suivante, Louis se tue dans un accident d’avion.

    Loin de se décourager, elle s’installe à Paris, fréquente Orly où elle donne des baptêmes de l'air et fait de la publicité aérienne. Quand elle est enfin engagée comme monitrice de pilotage, c'est le bonheur pendant six mois. L'école disparaît, mais Maryse, mieux entraînée, a pris foi en son étoile : elle décide alors d'acheter son propre avion, un Gaudron C109 à moteur de 40 C.V. mais n'a pas le moindre sou pour le faire voler.

    Le pilote Drouhin va l'aider. Le 13 juillet 1928, il lui offre le poste de premier pilote : elle s'adjugera avec lui  le record du monde de distance de ligne droite, pour avions biplaces légers entre Paris et Trepton (Poméranie) avec 1 058 km, puis en 1929 le record de France féminin de durée pour avions légers avec 10h30' de vol, et enfin le record international féminin avec 26h44' de vol. Elle s'attaque ensuite au record de distance en ligne droite pour avion léger. Mais l'aviatrice Léna Bernstein lui ravit le record de durée en volant 35h44'.

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     Bien décidée à récupérer ce record, elle se bat avec acharnement contre les conditions atmosphériques ou la mécanique qui, a quatre reprises, la contraignirent à l'atterrissage. Enfin, décollant au soir du 2/9/1930, elle se pose le 4 après 37h55' de vol, record battu. La résistance physique de Maryse Bastié, luttant contre le froid, le sommeil, l'ankylose, les émanations du moteur, avait été mise à rude épreuve : « la durée, c'est trop dur, pour rien au monde je ne recommencerai ! » devait-elle déclarer plus tard.

    Le 28 juin 1931, elle décolle du Bourget et se pose à Yurino (Russie) après 30h30' de vol et 2 976 km parcourus. Le record international de distance en ligne droite pour avions légers monoplace est battu. A son retour, elle reçoit la croix de chevalier de la légion d'honneur et le Harmontrophy américain décerné, pour la première fois, à une française. En 1935, une australienne Jean Batten traverse l'atlantique sud en 13h30. Elle décide alors de battre ce record, après une préparation minutieuse, qui lui fera notamment faire un aller-retour avec Mermoz. Seule à bord, elle décolle de Dakar le 30 décembre 1936 et se pose à Natal au Brésil, après une traversée de 12h5'. Il fallait du courage et de l'audace pour tenter une telle traversée, alors qu'à peine un mois avant, l'hydravion piloté par Mermoz avait disparu lors d'une traversée. A son retour, elle est promue officier de la légion d'honneur.

    Durant la seconde guerre mondiale, Maryse Bastié est ambulancière, résistante, arrêtée, puis relâchée.  Elle s’engage à la Libération dans les formations féminines de l’Armée de l’Air et devient la première femme à obtenir le grade de commandeur de la Légion d’honneur.  En 1951, elle entre au service des relations publiques du Centre d'Essais en vol. C'est dans le cadre de ces fonctions qu'elle prend place à bord d’un Nord 2501  présenté lors du meeting du 6 juillet 1952. Après le décollage, le pilote cale le moteur droit afin d’augmenter les performances de l’avion. L’avion monte en chandelle sur 200 mètres, fait un virage à droite, commence à vriller et s’effondre à un kilomètre des tribunes.  

    Sa disparition eut un retentissement national. Ses obsèques se déroulèrent aux Invalides. Elle fut citée à l'ordre de la Nation et le texte de cette citation est lu chaque année le 6 juillet, devant les auxiliaires féminines de l'armée de l'air.  Maryse Bastié est enterrée au cimetière du Montparnasse. Elle totalisait 3 000 heures de vol.

    Une rue garde sa mémoire dans le huitième arrondissement de Lyon.

  • Marcel Dargent

    L’accident de voiture qui, au matin du 13 juillet 1972 coûta la vie au professeur Marcel Dargent priva le centre anticancéreux Léon Bérard de Lyon, en même temps que son directeur, d’un cardiologue de compétence internationale. Après être allé jusqu’à Grenoble la nuit précédente pour rendre visite à une patiente mourante, il fut surpris par la fatigue au volant en se rendant à une consultation à Moulins.

    Le professeur Marcel Dargent était né le 19 octobre 1908 à Lyon. Interne des hôpitaux à Lyon en 1938, agrégé de chirurgie en 1946, il est nommé chirurgien des hôpitaux en 1950 puis professeur de clinique cancérologique à l’université Claude-Bernard en 1958.

    Après avoir dirigé le pavillon B de l’hôpital Edouard-Herriot spécialisé dans les maladies cancéreuses, il prend en 1956 la succession de son maître, le professeur Paul Santy, à la tête du centre Léon-Bérard. C’est dans le cadre de ce centre, à l’édification duquel il avait largement contribué, que s’épanouit l’essentiel de son œuvre scientifique et de ses idées sur la cancérologie. Son approche fut de privilégier la chirurgie face à une chimiothérapie encore balbutiante

    En 1947, il participe, avec le Pr Léon Bérard, à la première opération en France d’exérèse du poumon. Il est également un des premiers à mettre au point des techniques pour améliorer les suites opératoires et le confort des patients dans la chirurgie des cancers de la sphère ORL, notamment du cancer de la gorge et de la langue. Il fait partie aussi des pionniers des thérapeutiques non mutilantes et des gestes conservateurs, concernant en particulier les cancers féminins (utérus et sein). Autre idée novatrice qu’il met en application pour freiner le développement des cancers mammaires métastatiques : l’ablation des glandes surrénales.

    Par ailleurs, il se passionne pour la recherche expérimentale et passe de longues heures au laboratoire. Ses derniers travaux étaient axés sur l’immunologie du cancer. Marcel Dargent fut aussi un conférencier brillant, auteur de multiples publications.

    C’est en grande partie grâce à lui que s’est installé à Lyon un autre grand bastion de la lutte contre le cancer : le Centre international de Recherche contre le Cancer, inauguré le 16 mars 1969 et qui se trouve à proximité du collège qui porte à présent son nom..

    Le 17 mars 1980, une rue du huitième arrondissement lui fut attribuée.

    Ci-dessous, un portrait de Marcel Dargent, fumeur, par Blanc et Demilly :

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  • Professeur Beauvisage

    Il naquit le 29 janvier 1852, dans la capitale. Son père, Ernest Beauvisage, était chef de Cabinet du Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, et auteur d'importants travaux de statistiques. Mais la mort de ce dernier l’obligea à quitter le lycée Louis-le-Grand bien avant le baccalauréat. Georges, Eugène Beauvisage fut d'abord employé à la Caisse des dépôts et consignations de 1869 à 1875. Il publia un grand nombre d'articles de géographie dans certains périodiques et surtout dans le Bien public. En même temps, il suivait des cours du soir pour mener à terme des études de médecine et de sciences naturelles. C'est ainsi que le 25 février 1881 il soutint, à Paris, sa thèse de doctorat en médecine et, qu'en 1882, il obtint le diplôme de licencié ès-sciences. Il fut nommé à ce moment préparateur de travaux pratiques à la Faculté de médecine de Paris. En 1883, il était reçu à l'agrégation d'histoire naturelle à la Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon, et fut chargé du cours de Botanique à cette même Faculté, où il devait être nommé professeur titulaire en 1903. Cet infatigable travailleur avait obtenu entre temps, en 1891, le diplôme de pharmacien.

     

    Collaborant au Bulletin et aux Annales de la Société botanique de Lyon, il fut également l'auteur d'une Méthode d'observation fondée sur l'arithmétique et la géométrie concrètes, parue en 1901, qui avait pour objet de mettre les élèves en communication directe avec les leçons de la nature. Cette même année, Georges Beauvisage créa l'œuvre municipale des « Enfants à la montagne et à la mer» et de 1906 à 1910, il fit, au cours de différents congrès, une série de communications sur l'éducation des enfants anormaux, qui aboutit à la fondation de l'Œuvre de l'enfance anormale et à l'institution de classes spéciales dans les écoles municipales de Lyon.

    beauvisage_georges1129r3.jpgIl était, depuis 1896, conseiller municipal du maire Gailleton, devint  adjoint du maire Augagneur, et le demeura sous Herriot. Il fut élu sénateur du Rhône au renouvellement du 3 janvier 1909. Inscrit au groupe de la gauche démocratique, il fut membre de plusieurs Commissions et prit part à diverses discussions, notamment sur : la création d'écoles autonomes de perfectionnement pour les enfants arriérés (1909) ; le budget de l'Instruction publique (1911) ; l'amnistie (1913) ; les mesures tendant à combattre la dépopulation en relevant la natalité; la loi de finances (1914); le budget de l'exercice 1919, les traitements des professeurs de renseignement technique, les traitements des fonctionnaires, ouvriers et employés de l'Etat (1919) ; il déposa de nombreux rapports, ainsi qu'une proposition de loi sur l'éligibilité des femmes.

    Il ne se représenta pas au renouvellement de 1920 et se tint, dès lors, à l'écart de la vie politique. « Beauvisage fut non seulement un savant, écrit Louis Maynard dans son Dictionnaire de Lyonnaiseries, mais un brave et honnête homme. Il a rempli de nombreuses fonctions publiques et est mort sans laisser aucune fortune, malgré la modeste simplicité de sa vie. La mort l’a surpris (le 8 avril 1925) dans son étroit logis du cours Gambetta, alors qu’il mettait la dernière main à une étude très documentée sur le naturaliste lyonnais Poivre. »

    Il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, à Paris. Le 31 août 1925, l’ancien chemin de Grange Rouge, dans le huitième arrondissement, reçoit son nom.

    On lui doit divers travaux de morphologie et de classification végétales, parmi lesquels on peut citer : Les matières grasses naturelles (1890); Les matières grasses, caractères, falsifications et essai (1891); Recherches sur quelques lois pharaoniques (1896-1897).