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Maires & Préfets - Page 2

  • Villeroy

    Cette rue du troisième arrondissement rappelle une famille dont l'histoire s'est forgée durant plus de deux siècles dans les rues de Lyon et de sa province. Louis Maynard fournit un certain nombre d'indications dans son Dictionnaire des Lyonnaiseries, ainsi qu'Auguste Bleton, dans sa Petite histoire populaire de Lyon, mines toujours très précieuses pour qui s'intéresse à l'histoire des rues de Lyon : ce nom de Villeroy, en effet, devait avoir quelque chose de prédestiné, puisque durant ces deux siècles, ceux qui le portèrent successivement furent quasiment tous, de pères en fils, Gouverneur de la Province du Lyonnais.

    - Charles de Neufville de Villeroy occupa le premier cette fonction prestigieuse. Sa nomination à ce poste en 1608 fut le dernier acte d'Henri IV concernant le Lyonnais.
    - Nicolas de Neufville, premier duc de Villeroy prit sa succession en 1642. Son frère Camille, à peu près au même moment, succéda au cardinal Alphonse de Richelieu (frère du ministre) sur le siège épiscopal de Lyon en 1653. Si bien que jusqu'en 1693, date de la mort de l'archevêque Camille de Villeroy, l'Evêché et ce qui faisait office de mairie à l'époque étaient tous deux tenu par des membres de cette famille. C'est ce prélat qui fit l'acquisition d'un domaine en bordure de Saône, village qui prit par la suite le nom de « Neuville sur Saône »

    - François de Villeroy, né en 1644, fut un général assez infatué de lui-même qui perdit presque toutes ses batailles et fut souvent raillé en chanson. Vers les premiers jours de septembre 1717, alors septuagénaire, il vint à Lyon. Ce fut l'occasion de plusieurs fêtes; une dame de Paris apprit que les Lyonnaises s'empressaient fort de plaire au vieux maréchal. Elle en écrivit à l'une d'elles : « Apprenez-moi à qui le maréchal a jeté le mouchoir ».

    La vieille Madame de Bérault, qui avait été très intime de Villeroy, ayant vu cette lettre, donna à notre compatriote le conseil suivant :

    « Répondez à votre amie que le maréchal ne se mouche plus." »

    Ce Villeroy ll fut également gouverneur du Lyonnais et mourut en 1730.
    - Le dernier gouverneur du lyonnais à porter le nom de Villeroy fut Gabriel-Louis, gouverneur en 1765. Il périt sur l'échafaud en 1794. Avec lui s'éteignit d'ailleurs la branche directe des Villeroy

     

    Les Gouverneurs étaient logés de 1512 à 1734 place du Gouvernement à Saint-Jean. Puis ils s'installèrent rue de la Charité. Ce nom de Villeroy fut d'abord affecté au quai de la rive gauche de la Saône (quai Saint Antoine), achevé en 1719 et que, pendant fort longtemps, on avait désigné par ces mots : quai de la Mort-qui-trompe, à cause de l'écueil qui, près de l'ancien pont de Saône, provoquait des remous d'eau tourbillonnante extrêmement dangereux pour les barques et les bêches.

    Pour en finir avec cette rue Villeroy, ajoutons c'est au Pax, dans cette rue du troisième arrondissement, que Jean Jaurès vint parler aux ouvriers lyonnais. Un leader socialiste dans leur rue : les mânes des anciens gouverneurs ont probablement dû trembler !

     La rue Villeroy, enfin, abrite l'épicerie de Djebraïl Bahadourian (10 octobre 1907 - 31 janvier 1991) qui a même sa place juste en face. Célèbre pour ses épices, ses céréales, ses olives et ses produits exotiques du monde entier, cette épicerie est devenue une vénérable institution dans l'arrondissement. Et au-delà.

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  • Challemel-Lacour

    Paul Armand Challemel-Lacour est né à Avranches, en Normandie, le 19 mai 1827. Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, il fut reçu premier à l'agrégation de philosophie, et se fit connaître comme un ardent républicain durant tout le Second Empire.

    Exilé en Suisse jusqu'à l'amnistie de 1859, il y a exercé la fonction de professeur de littérature française au Polytechnicum de Zurich. Revenu en France, il fut auprès de  Gambetta le co-fondateur de la Revue politique en 1868. Nommé préfet du Rhône après le 4 septembre 1870, il a vu son autorité combattue à la fois par la municipalité lyonnaise (qui revendiquaient l'autonomie confisquée par son prédécesseur Vaisse) et par les conservateurs qui l'accusaient de manquer d'énergie face au comité de salut public.

    Contesté par la Commune de Lyon qu'il réprima violemment, il est démissionnaire le 5 février 1871. L'année suivante, on le retrouve élu représentant des Bouches du Rhône à l'Assemblée Nationale, avant de siéger de 1876 jusqu'à sa mort comme sénateur de ce département, parmi les républicains de gauche. Il réalise ensuite une brève carrière d'ambassadeur (Berne en 1879, Londres en 1880), puis devient un éphémère ministre des Affaires-Etrangères dans le cabinet de Jules Ferry.

    Challemel -Lecour a été président du Sénat et académicien (il prit la place d'Ernest Renan le 23 mars 1893) durant les trois dernières années de sa vie. Considérant que l'esprit radical avait engendré en France une forme d'anticléricalisme détestable, il prôna à la fin de sa vie des pratiques plus modérées, des opinions plus consensuelles. Il mourut le 26 octobre 1896.

    Challemel Lecour est l'auteur d'une Histoire de la philosophie en cinq volumes, publiée chez Ritter en 1861 et d'un travail sur Schopenhauer (Etudes et réflexions d'un pessimiste, Paris ; 1901).

    De la rue Marcel Mérieux à la route de Vienne, la rue Challemel-Lecour traverse le septième arrondissement de Lyon. Ci-dessous, une caricature d'époque.

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  • Herbouville (cours)

    Après la création du quartier Saint-Clair au XVIIIème siècle, la route qui longeait le Rhône au pied de la colline de la Croix-Rousse prit le nom de chemin Rater, du nom d'un des architectes qui construisait ce nouveau quartier (né à Lyon en 1729, mort à Miribel en 1794). Puis le nom de chemin deSaint-Clair a prévalu. Cette voie suivait grosso modo l'antique voie romaine allant à Miribel et ouverte par l'ordre de l'empereur Claude.

    Le marquis d'Herbouville, préfet du Rhône de 1806 à 1810, pair de France, naquit en 1736 à Paris, où il mourut le 1er avril 1829. Il succéda, en tant que préfet du Rhône, à Bureau de Puzy, et fut lui-même remplacé par le comte de Bondy. C'est parce qu'en 1807, il fit construire le glacis le long du Rhône et planter la double rangée d'arbres qui fit de cette avenue l'une des plus belles promenades du Lyon d'alors qu'on lui attribua son propre nom. Force est de reconnaître que voilà un lieu dont la circulation automobile aura littéralement pulvérisé la beauté ! Pollué et bruyant, le cours d'Herbouville, à présent transformé en voie rapide, n'a hélas plus aucun intérêt pour le promeneur solitaire ou non.

    C'est sur ce cours que s'ouvrit, sous la Restauration, la brasserie Gayet, qui fut fameuse pour avoir servi en 1829 un banquet à La Fayette et ses cinq cents invités. Quinze fenêtres cintrées donnant sur le quai, une terrasse de soixante mètres de long, ornée d'orangers et faisant suite à la salle qui contenait cinq rangs de tables de marbres blancs où pouvaient s'asseoir sept cents personnes et où logeait un orchestre entier : La brasserie Gayet soutint cette réputation jusqu'à l'implantation de la gare de Perrache, qui déplaça autour d'elle l'entrée dans la ville des voyageurs. Non loin de la, une compagnie de bateaux à vapeur avait son embarcadère : 5 francs la croisière jusqu'aux grottes de la Balme, à 45 kilomètres de là.

    Au vingtième siècle, le cours d'Herbouville fut célèbre pour deux raisons : au n° 1 se trouvait le logement du maire de Lyon, Edouard Herriot, celui que Béraud avait baptisé « le Péricles du cours d'Herbouville » en raison de sa volonté de transformer totalement le tissu urbain de Lyon, pour le meilleur comme pour le pire. C'était , « au deuxième et dernier étage d'une maison du dix-neuvième siècle, adossée à la colline avec vue sur le Rhône et le parc de la Tête d'or, les îles du haut fleuve verdoyantes de vorgines, la plaine dauphinoise, une demeure simple », nous confie Pétrus Sambardier (« Le président Herriot intime », dans La vie à Lyon, 19 ). Un médaillon gravé sur la porte en bois du 1 cours d'Herbouville rappelle au touriste égaré là le passage de cet illustre habitant.

    L'autre raison fut plus dramatique : le 8 mai 1932, deux ans après la catastrophe de Fourvière, une partie de l'autre colline de Lyon, celle de la Croix-Rousse, s'abima dans un éboulement soudain qui causa la mort de 27 personnes. Moindre fut sa réplique en 1977. Sur ces deux cartes postales, on peut voir l'immeuble du 51-52 cours d'Herbouville tel qu'il était avant le glissement de terrain, avec en son rez-de-chaussée une manufacture de vêtements, et ce qu'il en resta après. Au loin, une vue sur le Pont de la BOUCLE, lui aussi disparu du paysage depuis 1981, en raison de l'étroitesse de sa chaussée et de l'acharnement de nos maires contre les ponts lyonnais.

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  • Imbert-Colomes

    « 1789 : Les Etats-Généraux siègent à Paris. Quinze jours avant la prise de la Bastille, des troubles avaient déjà éclaté entre Rhône et Saône. La crise économique, le chômage, la vie chère, avaient provoqué des bagarres. La réunion des Trois Ordres fut célébrée les 2 et 3 juillet et le soir, & pour la première fois, on entendit des groupes d'ouvriers, des femmes, des enfants, hurler : "A bas les calotins, A bas les aristocrates." Il y eut des jets de pierre sur les maisons qui n'étaient pas illuminées, et on cria beaucoup devant l'hôtel du Premier échevin, Imbert-Colomes. »
    J'emprunte ce paragraphe d'introduction à André Mure, dont "Le roman de Lyon" (Ed du Cuvier, 1958), narre en la romançant l'histoire de notre ville. Jacques Imbert Colomes y joua, durant la Révolution, un rôle trouble et fort ambigu.

    Il était alors Premier échevin, il fut aussi Commandeur de la Ville. Tout en se déclarant en faveur des idées nouvelles, il parut au peuple plus soucieux de conserver ce qui était sauvable au sein de l’ordre ancien. Il regroupa autour de lui tous les fils de familles (banquiers, fabricants, commis, au nombre de huit cents) pour constituer ce qu'il appelait sa garde d'honneur - dans la ville on les appelait les muscadins -afin, déclara-t-il, de protéger la cité et ses richesses des bandes de pilleurs venus des campagnes qui, profitant des événements, rodaient la nuit. Il réprima ainsi ce qu'on appela "la Grande Peur". On lui reprocha beaucoup d'avoir créé ce corps autonome et soumis à son propre commandement, plutôt que de l'avoir incorporé à la milice bourgeoise qui, par ailleurs, avait également mission de protéger les habitants. Des rivalités se firent jour entre les bourgeois de la milice et les muscadins du Premier échevin. Des escarmouches violentes opposèrent également les gens du petit peuple avec les muscadins. Le 13 octobre 1789, il y eut des blessés & de nombreux cris de morts furent poussés contre lui. Très affecté, Imbert-Colomes proposa sa démission, mais l'assemblée des échevins le supplia de rester. Ce qu'il fit.

    Mal lui en prit. Au cours d'une altercation plus violente autour de l'Arsenal le 7 février suivant, il dut s'enfuit de façon romanesque de sa maison rue Saint-Catherine, en filant par les toits pour échapper à la vindicte populaire. Et comme il était parvenu à sauver sa peau, les Suisses laissèrent faire la populace qui pilla, dévasta la demeure du dernier des premiers échevins de Lyon. D'Annonay puis de Loriol où il se cachait, il participa à plusieurs complots royalistes, avant d'émigrer en Russie avec un prêtre réfractaire de Mions. Ce qui restait de ses biens fut confisqué, et il ne put obtenir la levée du sequestre avant 1797. De retour à Lyon cette année-là, il se fit élire au Conseil des Cinq-Cents le 23 germinal an V (1797) par 131 voix sur 175 votants. Toutefois, agent secret au service des Bourbons, lié au club de Clichy, il s'opposa au Directoire et se retrouva condamné à la déportation lors du coup d'État du 18 fructidor an V. Il dut à nouveau s'exiler : tous ses biens, notamment son cabinet d’histoire naturelle et ses tableaux, furent alors dispersés.

    Impliqué par Fouché dans une conspiration d'émigrés à Bayreuth, il fut arrêté par les autorités prussiennes, à la demande du gouvernement français, puis enfermé dans la haute citadelle de Bayreuth. Libéré, il put en 1807 traverser la Manche jusqu'en Angleterre et s'installer à Bathwick-upon-Avon, dans la ville de Bath, dans le Somerset. C'est ici-même qu'il mourut, en attendant de se présenter devant Louis XVIII.

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    Lorsque l'architecte Dardel, en 1843, ouvrit cette voie située au centre des pentes de la Croix-Rousse (1er arrondissement), la Monarchie de Juillet décida de réhabiliter la mémoire du dernier échevin de Lyon (1729-1809) en la baptisant de son patronyme, seule trace encore visible entre Rhône et Saône du passage ici-bas de cette existence, ô combien romanesque !

  • Terme

    La rue Terme se trouve dans le premier arrondissement de Lyon. Formée de deux tronçons distincts, elle portait auparavant dans sa partie basse le nom de petite rue Sainte Catherine, dans sa partie haute celle de place Neuve des Carmes. Sur cette place se tenait jadis le marché au fil.

    Né en 1791 dans une famille de négociants lyonnais, Jean François Terme fut l'élève des Pères de la Foi à Belley, où il fut le condisciple de Lamartine. Il avait devint en 1830 l'adjoint du maire Prunelle, et fut l'un des fondateurs du journal Le Précurseur. Il fut nommé maire de Lyon le 30 octobre 1840 et le demeura jusqu'à sa mort. Il fut également député de l'arrondissement de Villefranche. C'est sous son administration que fut installé l'éclairage au gaz, et que l'on commença à remplacer les légendaires cailloux ronds de Lyon par des pavés plats. Il fit ouvrir la rue Bourbon (à présent Victor Hugo) et se distingua par son dévouement lors des inondations de 1840. A l'Hôtel-Dieu, c'est lui qui remplaça les dalles de pierre par des parquets. Docteur en médecine de la faculté de Paris, il avait renoncé à exercer après avoir été impuissant à arracher son frère à la mort; mais il soigna ses amis et devint une sorte de médecin des pauvres, qu'il assistait gratuitement.
    Le docteur Terme est mort à l'Hôtel de Ville, où il logeait, le 8 décembre 1847, après une maladie de sept jours. Ses contemporains lui firent d'imposantes funérailles, et la rue porte son nom depuis 1862. C'est à ce maire qu'on doit l'idée de récompenser, en quelque sorte, les grands Lyonnais de façon posthume en leur accordant des noms de rues : il fut en contrepartie le fossoyeur de nombreuses appellations pittoresques et populaires, porteuses de mémoire populaire.

    Le premier funiculaire au monde porta son nom : dès le 3 juin 1862, en effet, une ligne allant de la rue Terme au boulevard de la Croix-Rousse y fut ouverte. Ce fut un succès autant technique que populaire, jusqu'au 31 décembre 1967, date de sa fermeture. Le tunnel percé à l'occasion est aujourd'hui ouvert à la circulation automobile.

     

    Ci-dessus, une carte postale ancienne montre l'entrée de l'ancienne gare.

     

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