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  • Moncey

    Le cirque Rancy aura bien longtemps dressé sa silhouette massive et biscornue à l’angle de l’avenue de Saxe et de la rue Moncey. L’établissement avait été fondé en 1882 par le célèbre Théodore Rancy (1818 - 1892) et il fut démoli en 1941, pour raisons d’assainissement du quartier, alors qu’il était désaffecté. Au moment de ses heures de gloire, les gradins de ce cirque d’hiver pouvaient accueillir jusqu’à six mille spectateurs.
    moncey_img2.jpgOuverte en 1855, cette rue prit le nom de Bon Adrien Jannot de Moncey, duc de Conegliano, maréchal d’Empire (1754-1842) qui défendit Paris en 1814 et finit gouverneur des Invalides. Ce nom de Moncey provient d'un hameau que sa famille avait acheté, en 1789, au marquis de Cheylard.
     Son père était avocat à Besançon. Contrariant sa famille, il s’évade du collège eès l'âge de 15 ans pour s'enrôlerdans le régiment de Conti-Infanterie où il sert en tant que grenadier jusqu’en 1773. Il rachète deux fois son congé et se livre ensuite à l’étude du droit.

    En 1774, il entre dans la gendarmerie de la garde où il restera jusqu’en 1778. En 1779, on le retrouve sous-lieutenant au corps d’infanterie de Nassau-Siegen. En 1782, il est lieutenant en second et lieutenant en premier en 1785. Le 1er avril 1791, non ce n'est pas une farce, il est capitaine. Lorsque Bonaparte, en 1801, créa l'inspection générale de la gendarmerie, il en confia la direction à Moncey, qui  conserva ce poste jusqu'à la fin de la première Restauration : on super flic, en somme. . Ci-dessus, son blason. Son fils, nous disent ses biographes, est mort stupidement à 25 ans, d'un coup de fusil de chasse.

    C’est dans cette rue que les militants de l’Internationale se réunissaient, chez l’épicier Conchon, et parmi eux  l'anarchiste Albert Richard, compagnon de Bakounine et de Bastelifica. Entre la rue Villeroy et la rue Saint-Jacques, au numéro 34 de la rue, a longtemps existé un cabaret pittoresque, A la femme sans tête. L'enseigne, encastrée sous un balcon, représentait une femme tenant une quenouille et un fuseau.

    Les rues Moncey, Juliette Récamier, des Émeraudes ont absorbé le chemin de la Fusillade où tombèrent les victimes de 1793, ainsi que l’ancien chemin qui allait vers les Charpennes. Ci-dessous, une photo du cirque Rancy.

     

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  • Royale

    Le bord du Rhône à Saint-Clair était la promenade qu'affectionnait Joseph II, lorsqu'il était de passage à Lyon. Lorsque le Consulat de Lyon commanda à Soufflot d'aménager là le nouveau quartier de la Soie, vers 1740, la rue la plus importante de ce terrain gagné sur un bras du Rhône reçut le nom de Royale. Après la mort de Louis XVI, elle fut nommée rue de la Convention et, en 1848, se retrouva affublée de façon ridicule du nom de rue de la Démocratie. Les négociants enrichis par la vente des biens nationaux étaient venus s'y établir en grand nombre et très vite, cet ilot d'immeubles devint, avec le Griffon légèrement au-dessus, le cœur du quartier de la soie, où s'ouvrirent de nombreux restaurants et où s'inventa le discret mais fort efficace argument de vente que devint la gastronomie lyonnaise.

    Incontestablement, la vedette de cette rue fut Eugénie Brazier (1895-1977). Cette paysanne illettrée née dans l'Ain, fille-mère à 19 ans, avait débarqué à Lyon en 1914. Placée en apprentissage chez la mère Fillioud, rue Duquesne. Eugénie vint y voler de ses propres ailes au numéro 12, en 1921. L’estaminet, aux vitraux donnant sur la rue, aux murs couverts de faïence, aux parquets craquants, est bientôt pris d’assaut et la mère récupère une autre salle, puis un appartement au-dessus pour ouvrir de petits salons qui abriteront de discrètes tractations politiques entre élus.

    Son restaurant était, paraît-il, le seul lieu où l'on vît le président Herriot patienter de bonne grâce, assis sur un escalier en attendant qu'une table se libérât. L'Elysée commandait des banquets à "la mère". La foire de Lyon aussi. Tout le monde sait qu'elle fut la première femme-trois étoiles au Michelin, et qu'elle les garda de 1933 jusqu'en 1939. Et lorsque la mère Brazier ouvrit au col de la Luère une succursale, les foules la suivirent.

    Paul Bocuse, parmi d'autres étudiants, lui chantait, sur l'air de La Mer de Trénet :
    "La Mère / Qu'on voit gueuler / Au col de la Luère ..."

    Gaston, le fils d'Eugénie, prit la relève de sa mère dans l'immédiat après-guerre, lorsque cette dernière s'installa définitivement au col de la Luère.

    Sur le livre d'or de la Mère Brazier, les dédicaces se sont accumulées. On retient celle de Jacques Prévert, qui devait particulièrement aimer les poulardes "Aux Brazier ardents"

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    Depuis 2007 l'établissement, fermé depuis 2004, a été repris par un jeune chef, Mathieu Viannay. On parle de « réveil de la mère Brazier » qui, placée en liquidation judiciaire, avait failli mourir, et que ce jeune chef de quarante deux ans a sauvée. Royal !

  • Vinatier

    Le vieux chemin de Villeurbanne à Vénissieux ne traversait autrefois des vignes limitrophes entre Lyon et Bron. IIl dut son nom au drtoit d epassage qui était assimilé à une taxe pour le vin. Il n'y aurait rien à en dire aujourd'hui si, en avril 1868, soit trente ans après la fameuse loi d'assistance aux aliénés de 1838 ("chaque département est tenu d'avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés"), le Conseil général du Rhône n'avait décidé la création de l'Asile d'aliénés de Bron, destiné à recevoir les malades mentaux, jusque-là placés dans l'établissement lyonnais dit  « de l'Antiquaille » situé sur la colline de Fourvière.

    Cent hectares de terrain furent progressivement acquis en bordure de ce chemin. L'établissement psychiatrique ouvrit ses portes en 1876 et devient de façon officielle l'Hôpital psychiatrique départemental du Vinatier en 1937. Conçu au départ pour six cents aliénés, il avait rapidement nécessité un certain nombre d'agrandissements.

    L'architecte départemental Antonin Louvier (par ailleurs auteur à Lyon de la Préfecture du Rhône, de la prison Saint-Paul et de plusieurs écoles primaires) avait été chargé du projet.  Pour concevoir l’agencement des bâtiments, il s'était inspiré des thèses d'Esquirol, selon lesquelles un asile a quatre fonctions : rassembler, isoler, protéger et traiter tous les aliénés. Il mit donc sur pieds une structure pavillonnaire.

    Au centre, la chapelle, qui marque la séparation des quartiers hommes (au sud) et femmes (au nord).  Les populations de l'un et l’autre sexe sont ensuite réparties en neuf « quartiers de classement », attribués aux différentes catégories de malades :

    - tranquilles et semi-tranquilles

    - épileptiques

    - agités…

    Au-delà des bâtiments habités s'étendent les terres cultivées, la ferme des hommes, la ferme des femmes, les ateliers, granges et porcherie, où peuvent travailler certains malades. L'asile est ainsi en mesure de développer une intense activité agricole et de vivre en une relative autarcie.

    Malgré les agrandissements, l’hôpital du Vinatier futt rapidement surpeuplé : pour preuves, on recense 2136 malades en 1914 et 2869 en 1939, à la veille de la seconde guerre mondiale. L’Occupation demeure la période noire de l’histoire du Vinatier, comme dans de nombreux autres hôpitaux psychiatriques français. On dénombrera près de deux mille victimes entre 1940 et 1944, morts par manque de soins et de malnutrition.
    L'ancien chemin de Villeurbanne à Vénissieux, après avoir longtemps porté le nom de chemin du Vinatier, est devenu à présent le boulevard Philippe Pinel (né le 20 avril 1745 à Jonquières, est mort à Paris le 25 octobre 1826), qui fut médecin chef à Bicêtre puis à la Salpetrière à Paris et écrivit plusieurs ouvrages sur les maladies mentales. Pinel est connu pour avoir été le premier à faire retirer les chaînes qui liaient les malades. Demeure une rue du Vinatier, qui relie ce boulevard à la place Kimmerling.

     

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    Ci-dessus, la ferme du Vinatier

  • Xavier Privas

    Xavier Privas (de son vrai nom Antoine Taravel),  est né à Lyon, le 27 septembre 1863. Son acte de naissance indique qu’il a vu le jour rue de l’Impératrice (aujourd’hui de l’Hôtel de ville), au 27, à l’angle de la rue Ferrandière.  Il est mort à Paris le 6 février 1927, en un petit appartement de la rue La Fontaine. Il perdit sa mère peu après sa naissance. Son père, régisseur d’immeubles, le plaça en pension à la Mulatière, à l’Institution Notre-Dame-des- Anges, que dirigeait le père Lafay. « Je dois à ces braves gens, écrivit Privas, tout ce qu’au milieu des luttes féroces et des désillusions fréquentes j’ai conservé de bon en moi : l’amour de mes semblables, le mépris de la haine, et la foi dans le pardon ».  Au lycée de Lyon (Ampère) où il poursuivit ses études, il se fit remarquer par plusieurs fugues et dut terminer son second cycle au lycée de Bourg. C’est durant ces années qu’il commença à gribouiller des vers et des articles pour les Annales Lyonnaises et la Vie lyonnaise, deux revues mondaines et littéraires.  C’est alors qu’il  choisit son pseudonyme : « C’était le jour de la Saint Xavier (3 décembre), dira-t-il, et le journal venait de recevoir une lettre de Privas. »

     

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    Le 11 mai 1888, Camille Roy fondait à la suite d’un banquet offert à Gustave Nadaud le Caveau Lyonnais dont le siège demeura longtemps à la Brasserie Corrompt. Privas, alors âgé de vingt-cinq ans, y accourt et commence à y chanter ses chansons.  A l’époque, on dit de lui «il fait l’effet d’un vigoureux carme ayant laissé la froc pour se faire officier de cavalerie, puis quitté l’habit militaire pour l’habit noir, cet uniforme civil. Il a la gravité indulgemment souriante et l’air bon vivant du premier, et la prompte riposte du second à l’occasion. Il n’a qu’une passion : l’amour des la chanson et de la femme ; qu’une haine, celle de la médiocrité et de la bêtise ». Grâce à Gustave Nadaud qui vient régulièrement à Lyon et au caveau, Privat est repéré et, au début de décembre 1892, avec trois cents francs en poches, il monte à Paris. Epaulé par ses amis, il passe au Caveau du Soleil d’Or, place Saint-Michel, au dîner de la revue d’avant-garde La Plume et rencontre Verlaine, Coppée, Moréas et Tailhade.  Grâce à la bienveillance de Verlaine, pour qui Privas aura une reconnaissance sans borne, il prend confiance en son destin. Le voici au Chat Noir de Salis, aux Quat’Arts, aux Noctambules

    Lorsque mourut le pauvre Lélian, le prince des Poètes, les prosateurs jugèrent bonne l’idée d’avoir aussi leur prince (ce fut Anatole France) et les chansonniers furent du même avis : ce fut Xavier Privat qui emporta la couronne. Parmi l’œuvre de Privat bon nombre de chansons lyonnaises  (La chanson de Lyon, album paru en 1928, en regroupe plusieurs, dont la célèbre A la plate). Bon nombre aussi de textes, à présent injustement oubliés, tel celui-ci :

     

    Aux rimeurs errants,
    Je lègue et confie
    Mon arme : ironie
    Pour cingler les grands

    Au frère qui traîne
    Et misère et peine
    Par villes, par champs,
    Je lègue mes chants
    Dont les airs touchants
    Calment, des
    méchants,

    La haine...

     

    Une simple rue du huitième arrondissement rappelle à Lyon l’existence de ce chansonnier dont la vie, haute en couleur, est le symbole riant et partageux de toute une époque. C'est bien peu, quand on y songe.

    Le chansonnier lyonnais est inhumé dans le ciemtière de Saint-Ouen,  dans  le même tombeau que sa compagne et sa muse, Francine LOREE (1876-1963), dans la 8ème divisions. Ils reposent dans un caveau dit « des chansonniers » avec plusieurs autres dont le nom (et la mémoire) sont presque totalement effacés : Léon de BERCY (Léon Drouin : 1857-1915), hydropathe qui se produisait au Chat noir, spécialiste de l’argot montmartrois, Georges JOUSSAIN (1900-1931), Jean MAADER (1853-1930), Henri COLHUMEAU (1866-1924), Antoine LAUFF (1884-1923), Yon LUG (1864-1921) et le belge Henri ENTHOVEN (1886-1920), qui avait fondé le cabaret du Diable au corps, puis celui du Moulin de la chanson.

     

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    Il semble que depuis 1963 (mort de Francine Lorée-Privas), plus grand monde ne s'occupe, hélas, de cette tombe.

  • Tony Garnier

    Fils d'un peintre de fleurs dessinateur pour la Fabrique, Tony Garnier (1869-1948) a vu le jour sur les pentes de la Croix-Rousse. Il fut élève de l'école professionnelle de la Martinière, puis celui de l'école des Beaux Arts, avant de connaitre la consécration en devenant grand prix de Rome. Le maire de Lyon, Victor Augagneur, lui propose alors - on est en 1904- de construire les abattoirs de la Mouche, prévus déjà depuis sept ans. L'année suivante, Edouard Herriot, successeur d'Augagneur, confirme la commande. C''est le début d'une longue collaboration : Herriot, que le polémiste Henri Béraud surnomme « le Péricles du cours d'Herbouville », et Garnier vont remodeler la ville de pied en cap : Les z_monument.jpgabattoirs de la Mouche, (1908-1924), l'hôpital Grange Blanche (1909-1927), le stade de Gerland (1913-1918), le quartier des Etats-Unis (1920), le Monument aux Morts (1924)...

    La renommée internationale de Tony Garnier repose pour l'essentiel sur l'ouvrage qu'il publia en 1917 sous le titre Une Cité Industrielle, et qui lui valut d'être considéré comme un précurseur des grandes aspirations de l'architecture moderne. Une sorte de Le Corbusier avant l'heure. Prince des utopies, Tony Garnier rêve d'une cité future, inspirée du roman de Zola, Travail; une société idéale où, « grâce à la vertu rédemptrice du labeur humain, les instances de contrôles et de répression, l'église, le poste de police, le palais de Justice et la prison perdraient toute utilité ». L'ancienne Halle au marché à bestiaux qui porte aujourd'hui son nom a été utilisée pour la première fois en mai 1914, lors de l'exposition internationale de Lyon, et fut réquisitionnée ensuite comme usine d'armement durant la grande guerre. D'une superficie de 17 000 m2, (soit l'équivalent de deux terrains de football) l'édifice - prouesse technique - est constitué d'une charpente métallique d'un seul tenant, sans pilier central. Transformée dans les années 90 pour accueillir les plus grands concerts et événements, la halle est devenue le « Bercy » de Lyon. L'Olympique Lyonnais a investi l'autre monument phare de Tony Garnier, le stade de Gerland, dont l'agrandissement se révèle impossible en raison de son classement au patrimoine : ce qui explique le déménagement programmé d'Aulas et de ses footballeurs dans une construction pharaonique à la mesure de leurs ambitions mégalomaniaques à Décines.

    Nous sommes fort loin avec ce football des conceptions socialisantes de Tony Garnier, qui avait conçu son stade comme un lieu utilisable par tous et toutes, dans une perspective de développement harmonieuse du sport de masses. La statue de l'architecte qui, pour le pire comme pour le meilleur, a remodelé le nouveau visage de Lyon est à présent visible dans la cour de l'hôpital Edouard Herriot (nom donné à Grange Blanche) et l'avenue Tony Garnier, dans le huitième arrondissement, conduit à la fameuse Halle. Pour finir, il faut également rappeler que l'architecte a son musée en plein air dans le quartier des Etats-Unis, sous la forme originale de gigantesques fresques, peintes sur les façades des immeubles qu'il a réalisés.

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    Une cité industrielle, usine métallurgique, vue des hauts fourneaux, aquarelle, Musée des Beaux-arts de Lyon

  • cardinal Gerlier

    Pierre Marie Gerlier est né le 14 janvier 1880 à Versailles. Il fut nommé archevêque de Lyon en 1937, après avoir été ordonné prêtre en 1921. Il fut évêque de Tarbes et de Lourdes (1929) avant d'être primat des Gaules durant 27 ans jusqu’à sa mort le 17 janvier 1965. Le cardinal Gerlier fut très aimé à Lyon, en raison de ses positions courageuses lors de l'Occupation. Après avoir fait allégeance au régime de Pétain en novembre 1940 (la formule en chiasme est demeurée célèbre : « Aujourd'hui, Pétain, c'est la France et la France, c'est Pétain »), il se distancia de plus en plus de la politique du maréchal lorsqu'il prit conscience des effets de sa politique. Dès lors, on vit le cardinal Gerlier voyager à travers tout le diocèse en protestant contre les fusillades d'otages et les déportations. Il intervient personnellement pour protester contre la loi du Service du travail obligatoire qui, dira-t-il « n'oblige aucunement en conscience car elle est injuste ». Il pèse de tout son poids pour obtenir la libération du chef communiste Jean Chaintron, sur le point d'être exécuté. Il multiplie les interventions auprès de la Gestapo pour obtenir la libération des prisonniers de Montluc. Il secourra de nombreux israélites persécutés.

    Le 30 aout 1942, le cardinal Gerlier fait lire dans toutes les églises du diocèse, une semaine après l'évêque de Toulouse, une protestation publique contre la déportation des Juifs : « Nous savons les sentiments personnels du Chef de l'Etat. Mais nous ne pouvons, comme Evêque et comme Français, songer sans un serrement de cœur à tout ce qui, dans la nature des traitements subis ou de ceux à prévoir, comme dans l'organisation matérielle des convois, méconnait les droits essentiels de tout être humain et les règles fondamentales de la charité... » Dans un bras de fer qui l'oppose au préfet du Rhône, Gerlier sauve de la déportation cent huit enfants de Vénissieux, dont il organise le départ en Suisse.
    Après la Libération, Gerlier eut ce genre de formule heureuse qui achève de fonder une légende : A un journaliste qui lui demandait s'il ne songeait pas, vu la popularité qui était le sienne, à viser le siège Paris, le cardinal répondit malicieusement, faisant allusion au fait que le premier évêque de France, de par son statut de primat des Gaules, est celui de Lyon : « Mon cher, vous n'y pensez pas. On ne descend pas de Lyon à Paris. »

    Le 15 juillet 1980, le cardinal Gerlier a reçu le titre de Juste des Nations.

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    Le 15 juillet 1980, le cardinal Gerlier a reçu le titre de Juste des Nations.

     
  • Tabareau (place & rue)

    Le nom de Charles-Henry Tabareau est associé à la pédagogie et aux écoles techniques La Martinière de Lyon. Il naquit à Béziers en 1790 dans une famille de postiers. Son destin se trouva lié aux écoles La Martinière qui furent créées grâce à l’héritage fabuleux du major Martin, un fils de tonnelier lyonnais parti faire fortune de manière fort romanesque dans les Indes du XVIIIème siècle, et qui avait laissé à sa ville natale de Lyon ainsi qu’à celle d'adoption de Lucknow toute son immense fortune afin de fonder ces écoles d’enseignement technique adaptées aux fils et aux filles du peuple. Bien que devenues lycées d'état, ces écoles existent toujours.

    Le 9 janvier 1826, lorsque la municipalité décida de créer dans les locaux de l’actuel musée Saint-Pierre la première école dite « Martinière provisoire », elle en confia la direction au professeur et polytechnicien Tabareau. Et lorsque le 2 décembre 1833, l’Ecole s’installa définitivement dans l’ancien cloître des Augustins, Tabareau y devint professeur de mathématiques. Il commence alors à élaborer la fameuse méthode de pédagogie active (dite méthode manuelle) qui le rendit célèbre bien au-delà des frontières du pays :
    Chaque démonstration de son cours est fractionnée en une multitude de « tranches ». La compréhension pratique de chacun est vérifiée au moyen d'un exercice que les élèves doivent réaliser sur une ardoise. Au commandement «ardoises», chaque élève écrit son résultat, jusqu’à un coup de baguette du professeur sur son bureau. Des brigadiers collectent alors les ardoises et les déposent dans des casiers (chaque élève a le sien).. Le professeur passe à l’exercice suivant, tandis que les brigadiers distribuent de nouvelles ardoises. Pendant que les élèves travaillent au nouvel exercice, le professeur corrige l’exercice précédent. La séance de cours permet ainsi une alternance d’enseignement théorique et d’exercices pratiques. Tabareau rédige dès 1828 un opuscule où il parle d’Exposition d’une nouvelle méthode expérimentale appliquée à l’enseignement populaire des sciences industrielles, désignée sous le nom de méthode nouvelle. A plus de 70 ans, il rédige, en 1863, son Exposé de la méthode Tabareau, fondée à l’école de la Martinière, pour l’enseignement préparatoire des mathématiques et utilité de son adoption pour les classes élémentaires de l’enseignement secondaire. En 1870, quatre ans après sa mort (le 15 août 1870), on donne son nom à une rue et une place triangulaire du quatrième arrondissement. Son buste se trouve devant l'ancienne Martinière, sur l'une des quatre faces du monument. sur la place du même nom.

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    Ci-dessus, la photo prise par D.Valot : sur le socle, on découvre une salle de classe, avec les rangs d'élèves et leurs ardoises...