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rue marc bloch

  • Marc Bloch

    La rue Marc Bloch prolonge la rue de l’Université, en s’enfonçant dans le septième arrondissement jusqu’à la rue Garibaldi, face au début de la route de Vienne. Professeur, historien, écrivain résistant, Marc Bloch naquit sous le signe de l’agrégation puisque son père, Gustave Bloch, y fut reçut premier en 1872. Nommé d’abord au lycée de Besançon, ce dernier occupa ensuite à la faculté de lettres de Lyon une chaire d’histoire et d’antiquités gréco-romaines. Né dans l’ancienne capitale des Gaules le 6 juillet 1886, Marc Bloch fit ses études secondaires à Louis le Grand et réussit à son tour le prestigieux concours en 1908.

    Mobilisé en 1914, il n’oubliera jamais l’expérience de la Grande Guerre, matrice générationnelle, véritable « communauté d’empreinte », notera-t-il dans Apologie pour l’histoire. Et dans le plus célèbre de ses ouvrages, L’Etrange défaite, il commente :

    « J’appartiens à une génération qui a mauvaise conscience. De la dernière guerre, c’est vrai, nous étions revenus bien fatigués. Nous avions aussi, après ces quatre ans d’oisiveté combattante, grande hâte de reprendre sur l’établi, où nous les avions laissé envahir par la rouille, les outils de nos divers métiers. »

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    C’est à l’Université de Strasbourg (qui porte aujourd’hui son nom) qu’il reste attaché de 1921 à 1936, après avoir en 1920 soutenu sa thèse d’Etat en Sorbonne, Rois et serfs, un chapitre de l’histoire capétienne. C’est là que, rencontrant Lucien Febvre, il devient le cofondateur en 1929 des Annales d’Histoire économique et sociale.

    En 1936, il est nommé maître de conférences puis professeur à la Sorbonne et, trois ans plus tôt, sera mobilisé le 24 août sur sa demande. Au dernier jour de la bataille de Flandres, il rejoint Dunkerque puis l’Angleterre et après l’armistice de juin 40 regagne la zone libre. Affecté à l’université de Clermont puis de Montpellier, il adhère au réseau Combat et entre dans le mouvement Franc-Tireur. Sous les pseudonymes de Chevreuse, puis celui d’Arpajon et de Narbonne, c’est lui qui organise les comités de libération de la région. Le 8 mars 1944 arrêté par la Gestapo, il est torturé et conduit à Montluc. Il est fusillé le 16 juin 1944 dans un champ à Saint-Didier de Formans, dans l’Ain, en compagnie de trente autres prisonniers.

    Pour clore ce billet écoutons sa voix dans l’un des plus célèbres paragraphe de L’Etrange Défaite (« présentation du témoin»), écrit en juin 40

    t-bloch_etrange_defaite_L25.gif« Je suis juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité particulièrement flagrante, lorsqu’elle prétend s’appliquer, comme ici, à ce qui fut, en réalité, un groupe de croyants, recrutés, jadis, dans tout le monde méditerranéen, turco-khazar et slave. Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite. Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de « métèque ». Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat en 93 ; que mon père, en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIe Reich ; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs ; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux. »