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pierre-scize

  • De Thou

    On a donné à cette impasse très courte du premier arrondissement le nom de François-Auguste de Thou, dont le corps, après sa décapitation place des Terreaux fut transporté (avec celui de Cinq-Mars) dans l'église des Feuillants, juste à côté. Cinq-Mars fut enterré immédiatement. Mais De Thou fut conduit aux Carmélites de Lyon, par les soins de madame de Pontac, qui envoya son cœur à Paris pour le faire placer dans le tombeau de ses aïeux, à Saint-André des Arts.

    De Thou était né à Paris, en 1607. Il fut exécuté à Lyon en septembre 1642. A son juge, le fameux Jacques Martin, sieur de Laubardemont, on prête ce mot cynique : « Qu'on me donne deux lignes de l'écriture d'un homme ; je me charge de le faire pendre. »

     Pour l'occasion, le vieux Richelieu, bien que fort malade, et pour tout dire presque mourant, s'était fait descendre à Lyon en bateau. Son frère Alphonse, alors archevêque, l'y reçut avec tous les honneurs. Cinq-Mars et De Thou, qui avaient commis le crime inouï de conspirer contre les jours du ministre devaient recevoir un châtiment exemplaire. Les deux hommes furent conduits dans la Bastille lyonnaise de l’époque, le Château Pierre-Scize. « Ce fut là raconte Vigny dans Cinq-Mars, que le cardinal de Richelieu voulut incarcérer et conduire lui-même ses jeunes ennemis. Il les enleva de Narbonne, les traînant à sa suite pour orner son dernier triomphe. Etalant aux yeux de tous le luxe de sa haine, il remonta le Rhône, avec lenteur, sur des barques à rames dorées et pavoisées  de ses armoiries et de ses couleurs, couché dans la première et remorquant ses deux victimes dans la seconde au bout d’une longue chaîne » L'exécution eut lieu sur la place des Terreaux.

    Le bourreau étant malade, ce fut son remplaçant qui en fut chargé. Les chroniqueurs s'accordent pour dire que la place, ses accès, ses fenêtres étaient noirs de monde, et que certains avaient multiplié les bassesses pour s'assurer une place au spectacle. C'est avec une hache énorme, terminée par un couperet n'ayant pas moins de vingt-cinq centimètres de tranchant que les deux têtes furent successivement tranchées. Les deux jeunes gens subirent leur sort sans un mot, en fiers gentilshommes, d'abord Cinq mars, puis de Thou. Voici la dernière strophe de la Complainte lamentable de la mort de monsieur Cinq Mars et de monsieur de Thou (1642)


    Monsieur de Thou monta bien tôt après
    Et honora d'un baiser cet infâme
    Qui lui donna dessus son pauvre chef
    Quatre ou cinq coups d'une pesante lame.

     

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