Saint-Antoine
Avant d'être consacrée à la Vierge par le vœu des échevins en 1642, la ville de Lyon était dédiée à Saint-Antoine. Les Antonins étaient d'ailleurs fort puissants à Lyon : ils avaient par exemple le privilège de laisser divaguer leurs porcs dans les rues de la cité; ces animaux en assuraient le nettoyage, mais causaient aussi de grands dommages : aussi, en 1550, le Consulat enjoignit aux religieux de "faire retirer leurs pourceaux qui vont de par la ville de nuit, autrement il donnerait commission à l'exécuteur de justice de les tuer". Des reliques de Saint-Antoine, rapportées d'Outre-mer vers 1070, furent à l'origine du monastère dauphinois, puis lyonnais, où accouraient les malades atteints du feu sacré ou dumal des ardents. En 1280, l'archevêque Adhémar de Roussillon octroya de façon définitive aux Antonins le vieil hôpital de la Contracterie, primitivement destiné aux estropiés, ainsi que l'église et son cimetière limitrophe. Le monastère ainsi créé sur cette belle portion de terrain prit le nom de Saint-Antoine, de même que le quartier environnant et le quai longeant la Saône.
Dans la première partie du XIX ème siècle, le quai Saint-Antoine abritait plusieurs relais de diligences pour la Provence ou le Languedoc. C'est également sur ce quai que Léon Boitel, le fameux imprimeur inventeur de la Revue du Lyonnais, installa ses ateliers en 1834.
Le théâtre du Gymnase, où se jouaient la comédie, le vaudeville et l'opérette, y siégea durant le Second Empire, puis devint le fameux théâtre où Pierre Rousset triompha avec ses parodies théâtrales jouées en marionnettes à gaines : Tancrède de Visan écrit à ce propos dans Le Guignol lyonnais : « Le théâtre du Gymnase demeure la Comédie-Française de Guignol. Le Guignol du passage de l'Argue n'est que l'Odéon ».
Ce lieu mythique ferma ses portes en 1966. A présent, si les Lyonnais connaissent le quai Saint-Antoine, c'est surtout en raison du marché qui s’y tient régulièrement.