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jacobins

  • Emile Zola

    C’est depuis sa mort en 1902  que le pesant auteur des Rougon Macquart a vu son nom attribué à l’ancienne rue Saint-Dominique. . Il faut dire qu’après avoir donné le nom de Victor Hugo en 1885, à l’ancienne rue Bourbon, la municipalité lyonnaise ne brillait pas par son audace littéraire en s’alignant de façon on ne peut plus conventionnelle à des gloires nationales, alors qu’on eût aimé qu’elle eût la reconnaissance locale plus leste.

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    La rue  portait depuis  1562 le nom de Saint-Dominique pour avoir été ouverte (par le baron des Adrets) sur le territoire des Jacobins, ou frère prêcheurs de l’ordre de saint-Dominique.

    En 1714, pour entreprendre la reconstruction de leur couvent, les Jacobins avaient vendu en bordure de la rue Saint-Dominique des terrains propres à bâtir : le prix était alors de 16 francs cinquante le m2 ; et les numéros 3 à 13 de la rue virent ainsi le jour.

    Pour la petite histoire, cette artère  porta le nom de Joseph Marie Chalier pendant peu de temps, juste après le siège de 1793. Le prévôt général de la maréchaussée, Bonnot de Mably, qui eut pour précepteur Jean Jacques Rousseau, y habita. Voilà pourquoi Rousseau, qui y séjourna, la cite  dans le livre 4 de ses Confessions, au cours de l’épisode communément appelé « le taffetatier indélicat » :

    « J'étais un soir assis en Bellecour après un très mince souper, rêvant aux moyens de me tirer d'affaire, quand un homme en bonnet vint s'asseoir à côté de moi. Cet homme avait l'air d'un de ces ouvriers en soie qu'on appelle, à Lyon, des taffetatiers. Il m'adresse la parole; je lui réponds. A peine avions-nous causé un quart d'heure, que, toujours avec le même sang-froid et sans changer de ton, il me propose de nous amuser de compagnie. J'attendais qu'il m'expliquât quel était cet amusement, mais sans rien ajouter, il se mit en devoir de m'en donner l'exemple. Nous nous touchions presque, et la nuit n'était pas assez obscure pour m'empêcher de voir à quel exercice il se préparait. Il n'en voulait point à ma personne; du moins rien n'annonçait cette intention, et le lieu ne l'eût pas favorisée: il ne voulait exactement, comme il me l'avait dit, que s'amuser et que je m'amusasse, chacun pour son compte; et cela lui paraissait si simple, qu'il n'avait pas même supposé qu'il ne me le parût pas comme à lui. Je fus si effrayé de cette impudence, que, sans lui répondre, je me levai précipitamment et me mis à fuir à toutes jambes, croyant avoir ce misérable à mes trousses. J'étais si troublé, qu'au lieu de gagner mon logis par la rue Saint-Dominique, je courus du côté du quai, et ne m'arrêtai qu'au delà du pont de bois, aussi tremblant que si je venais de commettre un crime. J'étais sujet au même vice: ce souvenir m'en guérit pour longtemps. »

     

    La rue Saint-Dominique  fut, avec la rue Mercière, l’une des premières où s’expérimenta en 1835 l’éclairage au gaz. Brun de la Valette rappelle qu’elle fut longtemps la rue des d’où partaient les diligences pour Grenoble : on voyait donc de nombreux hôtels. Un apothicaire du nom de Fleurant s’y trouva, dont Molière emprunta le nom pour son Malade Imaginaire. La tradition, dit-il, assure  que les boiseries de cette pharmacie venaient de Saint-Jean.

    Au 17 de la rue Emile Zola se trouve le magasin Pignol, dont la saga débuta en 1954 avec l’idée de proposer des pizzas aux clients, à une époque où les pâtisseries ne proposaient que du sucré.