Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

christophe mérieux

  • Charles Mérieux

    Le 12 décembre 1975 au soir, on apprenait que Christophe, âgé de neuf ans, fils d’Alain Mérieux (PDG de l’institut Mérieux) avait été enlevé trois jours plus tôt sur le chemin de l’école de la Rédemption dans le sixième arrondissement de Lyon. Si la nouvelle était éventée, c’est parce que le rapt venait de se  solder par un happy end, comme on disait alors dans les colonnes de la presse à sensation. L’enfant avait été échangé contre une rançon de 20 millions de francs (deux milliards d’anciens pouvait-on lire un peu partout, ce qui a plus de gueule, avouez-le). 16 millions ne furent jamais récupérés.

    On apprenait en même temps que les deux grands pères du garçonnet, le docteur Charles Mérieux et le constructeur de camions Paul Berliet – les deux plus gros contribuables de la bonne ville de Lyon -, avaient conduit les transactions secrètes et réuni le flouze. Durant ces trois jours, la presse était demeurée muette et la police paralysée. Venu de Versailles, le  commissaire Claude Bardon avait été chargé dès le premier jour de cette affaire qui giflait de plein fouet l’establishment en la personne de l’héritier Mérieux. Le vieux truand lyonnais Louis Guillaud (surnommé La Carpe), qui fut arrêté le 26 février 1976 en train d'échanger des billets provenant de la rançon contre des lingots d'or, ne fut jamais probablement qu’un simple exécutant. En 1981, ce dernier est condamné à vingt ans. Il en fera quatorze. Aujourd'hui, il vit dans le Nord de la France, sa région d'origine. L'éxécution de Jean Pierre Marin, canardé par la police dans sa DS transformée en écumoire le 9 mars 1976 permit de classer l'affaire sans qu'on sût réellement quels en avaient été, en coulisses, les commanditaires.

    m_merieux.jpgHistoire d’une dynastie composée de quatre générations :

    -Marcel (1870-1937), fils de soyeux et  collaborateur de Louis Pasteur. Héroïque et légendaire moustachu pour avoir réussi le  « prodige ambigu » de faire fortune en faisant le bien » (1), internationalement connu depuis qu’il ouvrit à Vaise son premier Institut auquel il donna en 1897 son nom, c’est à lui qu’on dédia l’ancienne rue des Culates, qui traverse de part en part le quartier de Gerland dans le septième arrondissement. Les trois chevaux en bronze dans le parc de Marcy l’Etoile rappellent aujourd’hui l’élevage de chevaux utilisés dans la fabrication des sérums.

    -Jean et Charles ( 1907-2001). Charles succéda à son père à trente ans et devint peu le leader mondial des vaccins. C’est lui qui comprit dès 1945, en découvrant aux Etats Unis  les usines de guerre qui préparaient la lyophilisation du plasma humain qu’on pouvait concilier recherche scientifique et industrie. Il créa peu après une équipe de chercheurs pour la mise au point et la commercialisation des virus-vaccins : l’Institut Mérieux scellait sa vocation. Charles fut par ailleurs un passionné de cinéma et posséda personnellement quatre salles à Lyon.

    Son frère ainé, Jean, était mort des suites d’une méningite tuberculeuse, contractée dans le laboratoire paternel.

    -Alain, né en 1938, qui épousa le 10 juillet 1965 Chantal, la petite fille de Marius Berliet. C’est lui-même qui livra la rançon dans la cour d’une ferme de Saint-André-le-Corcy dans l’Ain, à 20 km de Lyon. Son frère, Jean, décède en 1994 dans un accident de la route.

    -Christophe et Rodolphe Mérieux : Rodolphe mourut  le 17 juillet 1996 dans le crash du vol TWA 8000 survenu au large de New York.  Christophe en 2006 décéda d’un malaise cardiaque. Le malheur des grands nourrissant les fantasmes des petits, on se mit à parler de malédiction Mérieux comme on parla ailleurs, mais à une autre échelle, de malédiction Kennedy ; le troisième héritier, Alexandre, né en 1974, est l’administrateur actuel du groupe.

     

     

    (1)  Pierre Mérindol : LYON, le sang et l’argent, Alain Moreau, 1987