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place de la pyramide

  • Marietton

    La rue de la Pyramide porte, depuis 1917 le nom du lyonnais Joannes-Jules Marietton (27 août 1860- 27 mai 1914), avocat, conseiller municipal, adjoint au maire (1900-1908), vice-président (1901-1907) du Conseil Général du Rhône, élu député (socialiste) du neuvième arrondissement en 1906, 1910 et 1914. "S'il ne laissa pas d'importants travaux législatifs, il fut, du moins, toute sa vie bienveillant aux déshérités." C'est ce que dit de lui, lapidaire, Louis Maynard en son dictionnaire, et que je reproduis. La formule telle quelle vaut largement, me dis-je, son contraire : « S'il ne fut pas bienveillant aux déshérités, il laissa, du moins, d'importants travaux législatifs ». Combien de députés, ministres ou autres politiques contemporains ne seraient dignes, en réalité, que de la seconde !


    En 1783, M. de Flesselles, alors intendant du Lyonnais, avait fait élever au centre de la place de la Pyramide (que traversait la rue du même nom) un obélisque de cinquante pieds de haut, surmonté d'un globe parsemé de fleur de lys d'or, sur lequel reposait une colombe tenant en son bec un rameau d'olivier. Il s'agissait de célébrer le traité de 1783 qui mettait fin à la guerre d'Amérique, l'Angleterre reconnaissant du coup l'indépendance des 13 colonies américaines. Sur le piédestal, du côté de la ville, était gravée l'inscription suivante : Ludovico XVI utriusque orbis pacificatori. (A Louis XVI, le pacificateur de l'un et l'autre deux mondes).

    Sur la face opposée était marqué le millésime du traité et, sur les deux autres faces, l'indication des deux routes de Paris (par le Bourbonnais et par la Bourgogne) qui aboutissaient à cette place. L'obélisque était entouré de bornes réunies entre elles par des chaînes. Ce monument avait été élevé par l'ingénieur Lallié. La place était alors ornée de tilleuls ombrageant des bancs de pierre. Ce monument ne demeura pas longtemps en place puisque les révolutionnaires décidèrent qu'il était un symbole trop monarchique pour survivre au dernier Capet. On le rasa donc et une fontaine, qui se trouvait auparavant place des Jacobins, dans le deuxième arrondissement, vint combler à partir de 1881 le vide laissé.

    La place de la Pyramide (devenue place Valmy) a de nouveau bien changé : la fontaine qu'on voit encore sur la carte a disparu, et l'actuelle rue Marietton (celle d'où vient le tramway) est devenue, depuis l'ouverture du tunnel de la Croix-Rousse, un axe routier célèbre pour ses encombrements aux heures de pointe. Depuis que j'ai ouvert ce blogue et que je m'intéresse de près à l'histoire de nos rues, je me rends compte à quel point la suprématie de l'automobile à terrassé la beauté de nos villes imperceptiblement durant le vingtième siècle. Nous le savions tous, bien sûr. Mais nous refusions de le garder à l'esprit. Car enfin, le nombre de quais, places, avenues, rues, lieux de vie agréables qui sont devenus de simples lieux de passage pour automobilistes excédés, est tout simplement incroyable ! Sans compter tous ces encombrants en acier abandonnés en files indiennes partout devant leurs portes, par tous ces citadins qui, faute d'habiter nul lieu, ne font plus qu'y loger ! Regardez comme la carte postale est jolie :

     

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