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etienne benoit

  • Brotteaux (boulevard)

    Combien de t doit-on mettre au mot  Brot(t)eaux  ? Chante-t-on « Allons au Broteaux » ou bien « Allons aux Brotteaux » ?

    En écrivant brotteaux avec deux t, nous rompons avec l’orthographe ancienne de ce mot, que les historiens du Lyonnais ont utilisé jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle en ne l’orthographiant qu’avec un seul t : venant de brot, (qui signifie jeune pousse) et de la racine brout, du bas latin brustum, d’où sont sortis par ailleurs brouter, broussailles, le mot n’a pris qu’un t durant plusieurs siècles. C’est ainsi que, le 1er avril 1768, commentant les projets de l’ingénieur Morand, Etienne Benoit note Broteaux dans son carnet de raison.

    Une vieille chanson populaire de la même époque s’intitule: Allons aux Broteaux :

    Allons aux Broteaux                
    Ma mie Jeanne
    Allons aux Broteaux
    Car il y fait beau.
    Nous y mangerons
    Une salade,
    Nous y danserons
    Un rigaudon.


    Dans son Histoire des transports à Lyon, Jean Arrivetz retrace brièvement l’histoire de la ligne 7 :

    « C’est la qualification de notre tram le plus populaire, le mieux achalandé, - notre grand 7 – celui qui, prenant le départ proche notre antique presqu’île marécageuse, aboutit – avec le temps – au quartier neuf de notre cité, en longeant la place Bellecour et notre artère principale, dénommée, comme partout, rue de la République.», explique Tancrède de Visan, le rédacteur en chef de  la revue Notre carnet.

    Jean Arrivetz indique qu’à sa création, le 1er avril 1881, elle se nommait « Perrache Broteaux ». puis,  sans qu’on sache pourquoi, lorsqu’elle fut électrifiée le 25 février 1899, ses terminus devinrent « Perrache-Brotteaux », avec deux t.

    Pourtant, dans un guide de Lyon imprimé en 1856, on le trouve déjà avec son orthographe moderne, et Steyert, dans une plaquette sur le changement des noms de rues datée de 1884, double déjà le t.

    Il semble donc, pour répondre à ce problème de calligraphie, que le doublement de la consonne ait été de pair avec le peuplement du quartier, devenu sixième arrondissement, par des franges aisées de la population qui, en écrivant son nom avec deux t, ont souhaité distinguer les anciens prés de brots dont ils étaient propriétaires, de ce territoire nouveau qu’ils couvraient d’avenues à angles droits et d’immeubles à fières façades. Parmi eux, ce boulevard des Brotteaux, qui prit la succession de l'Allée des Broteaux. La vanité humaine est un puits sans fonds et la prétention un vice certes, très bourgeois. Mais dans la cas qui nous occupe surtout, à mon humble avis, très provincial. Puisqu’on n’a jamais vu personne à ma connaissance, ni hier ni aujourd’hui, essayer de faire croire à quiconque à Paris qu’il habitait au Marrais.

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    Une carte postale ancienne de la gare des Brotteaux désaffectée, devenue hôtel des ventes, dans laquelle Patrice Chéreau tourna en 1983 son film  L'homme blessé, avec Jean-Hugues Anglade, et qu'un blog lyonnais ami, celui de Frasby, présente sur un jour insolite ICI.