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assemblée nationale

  • Barodet

    Jusqu'au 16 mars 1908, date à laquelle elle prit le nom de Désiré BARODET (1823-1906), cette rue du quatrième arrondissement portait le nom de petite rue d'Enfer. Le premier fait d'armes de Désiré Barodet fut d'avoir été révoqué par M. de Falloux de ses fonctions d'instituteur dans l'Ain en 1949, du fait de ses convictions républicaines. Le 4 septembre 1870, il fut de ceux qui proclamèrent la déchéance de l'Empire et la République, à l'Hôtel de Ville de Lyon, huit heures avant Paris. Élu conseiller municipal, il devient le premier adjoint au maire Jacques Hénon. A la mort prématurée de ce dernier, le 23 avril 1872, Désiré Barodet est désigné comme maire à sa place. Dans le journal La Mascarade du 28 avril 1872, on relate en ces termes son accession :

    « Sans contredit, M.Barodet manque un peu de prestige : la mairie de Lyon n'avait jamais dû lui apparaître jadis que sous une forme de rêve lointain; et, comme il n'est pas tout fait sot, il doit rire un peu, dans sa belle barbe, de se voir si rapidement arrivé à un poste qui a un certain renom, dans une ville de 400.000 habitants »
    De la mairie de Lyon, Désiré Barodet dut démissionner rapidement, l'Assemblée nationale ayant décidé, le 4 avril 1873, la suppression de la mairie centrale de Lyon. Une carrière politique nationale s'ouvre alors à lui : Le 27 avril 1873, il est élu député de la Seine contre le ministre des Affaires Etrangères et ami de Thiers, Charles Rémusat, par 180.000 voix contre 135.000. C'est sur sa proposition que s'ouvrirent, en 1889, les portes du Panthéon pour recevoir les cendres de Lazare Carnot, de Hoche, de Marceau. Il est connu comme l'auteur d'un dictionnaire des professions de foi établies par les candidats au début de leurs législatures, qui porte désormais son nom, le Barodet. Selon Barodet, le rappel des engagements pris par les députés lors de leur campagne électorale doit permettre de répondre aux « deux questions que doit se poser toute assemblée délibérante au début de ses travaux » : Qui sommes-nous ? Et Pourquoi sommes-nous ici ?


    1481769977.jpgDès l'origine, cependant, le Barodet a été critiqué par ceux qui y voyaient l'expression d'un mandat impératif.

    "Les électeurs, a-t-on dit, ne votent pas pour les multiples détails plus ou moins cohérents d'un programme, mais pour la tendance générale qui s'en dégage. La majorité gouvernementale ne peut d'ailleurs résulter que d'un compromis conclu entre les différents programmes soumis aux électeurs." De nos jours, l'appartenance de la plupart des candidats à des partis structurés, dotés de programmes précis et contraignants à réduit la portée de ce débat. La même évolution a fait perdre beaucoup de leur variété, et de leur pittoresque, aux « professions de foi » reproduites dans le « Barodet », qui tend à n'être plus qu'un recueil de déclarations identiques, à quelques variantes locales près, pour les candidats de chaque parti.
    Barodet fut constamment réélu jusqu'en 1896, date à laquelle il devint sénateur. Retiré de la vie publique, il se vit offrir des postes fort bien rétribués qu'il refusa, disant qu'il ne croyait avoir droit à autre chose qu'à une compensation au titre d'instituteur autrefois révoqué pour des opinions républicaines. Il accepta, sous cette forme, une très modeste charge de receveur-buraliste dans un canton rurale.

    Il mourut le 22avril 1906. Conformément à ses derniers vœux, il est enterré au cimetière de la Croix- Rousse.