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histoire - Page 2

  • Imbert-Colomes

    « 1789 : Les Etats-Généraux siègent à Paris. Quinze jours avant la prise de la Bastille, des troubles avaient déjà éclaté entre Rhône et Saône. La crise économique, le chômage, la vie chère, avaient provoqué des bagarres. La réunion des Trois Ordres fut célébrée les 2 et 3 juillet et le soir, & pour la première fois, on entendit des groupes d'ouvriers, des femmes, des enfants, hurler : "A bas les calotins, A bas les aristocrates." Il y eut des jets de pierre sur les maisons qui n'étaient pas illuminées, et on cria beaucoup devant l'hôtel du Premier échevin, Imbert-Colomes. »
    J'emprunte ce paragraphe d'introduction à André Mure, dont "Le roman de Lyon" (Ed du Cuvier, 1958), narre en la romançant l'histoire de notre ville. Jacques Imbert Colomes y joua, durant la Révolution, un rôle trouble et fort ambigu.

    Il était alors Premier échevin, il fut aussi Commandeur de la Ville. Tout en se déclarant en faveur des idées nouvelles, il parut au peuple plus soucieux de conserver ce qui était sauvable au sein de l’ordre ancien. Il regroupa autour de lui tous les fils de familles (banquiers, fabricants, commis, au nombre de huit cents) pour constituer ce qu'il appelait sa garde d'honneur - dans la ville on les appelait les muscadins -afin, déclara-t-il, de protéger la cité et ses richesses des bandes de pilleurs venus des campagnes qui, profitant des événements, rodaient la nuit. Il réprima ainsi ce qu'on appela "la Grande Peur". On lui reprocha beaucoup d'avoir créé ce corps autonome et soumis à son propre commandement, plutôt que de l'avoir incorporé à la milice bourgeoise qui, par ailleurs, avait également mission de protéger les habitants. Des rivalités se firent jour entre les bourgeois de la milice et les muscadins du Premier échevin. Des escarmouches violentes opposèrent également les gens du petit peuple avec les muscadins. Le 13 octobre 1789, il y eut des blessés & de nombreux cris de morts furent poussés contre lui. Très affecté, Imbert-Colomes proposa sa démission, mais l'assemblée des échevins le supplia de rester. Ce qu'il fit.

    Mal lui en prit. Au cours d'une altercation plus violente autour de l'Arsenal le 7 février suivant, il dut s'enfuit de façon romanesque de sa maison rue Saint-Catherine, en filant par les toits pour échapper à la vindicte populaire. Et comme il était parvenu à sauver sa peau, les Suisses laissèrent faire la populace qui pilla, dévasta la demeure du dernier des premiers échevins de Lyon. D'Annonay puis de Loriol où il se cachait, il participa à plusieurs complots royalistes, avant d'émigrer en Russie avec un prêtre réfractaire de Mions. Ce qui restait de ses biens fut confisqué, et il ne put obtenir la levée du sequestre avant 1797. De retour à Lyon cette année-là, il se fit élire au Conseil des Cinq-Cents le 23 germinal an V (1797) par 131 voix sur 175 votants. Toutefois, agent secret au service des Bourbons, lié au club de Clichy, il s'opposa au Directoire et se retrouva condamné à la déportation lors du coup d'État du 18 fructidor an V. Il dut à nouveau s'exiler : tous ses biens, notamment son cabinet d’histoire naturelle et ses tableaux, furent alors dispersés.

    Impliqué par Fouché dans une conspiration d'émigrés à Bayreuth, il fut arrêté par les autorités prussiennes, à la demande du gouvernement français, puis enfermé dans la haute citadelle de Bayreuth. Libéré, il put en 1807 traverser la Manche jusqu'en Angleterre et s'installer à Bathwick-upon-Avon, dans la ville de Bath, dans le Somerset. C'est ici-même qu'il mourut, en attendant de se présenter devant Louis XVIII.

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    Lorsque l'architecte Dardel, en 1843, ouvrit cette voie située au centre des pentes de la Croix-Rousse (1er arrondissement), la Monarchie de Juillet décida de réhabiliter la mémoire du dernier échevin de Lyon (1729-1809) en la baptisant de son patronyme, seule trace encore visible entre Rhône et Saône du passage ici-bas de cette existence, ô combien romanesque !